Dans une p�tition sign�e par des dizaines d��leveurs de la wilaya de Sa�da et dont une copie nous a �t� remise, les concern�s d�noncent fermement l�immobilisme des pouvoirs publics � prendre en charge d�une mani�re efficace le probl�me du pastoralisme qui agonise. En effet, les �leveurs de cheptel s�insurgent dans leur lettre adress�e au premier magistrat du pays sur les promesses non tenues du ministre de l�Agriculture, qui devait livrer un produit vital pour la consommation de leurs brebis dans des d�lais raisonnables apr�s sa derni�re visite dans la doyenne des Eaux et � un prix abordable, �tant donn� l��tat d�sesp�rant dans lequel ils survivent. �Je vous promets que l�orge sera disponible dans les mois qui suivent sans pour autant que cela sera gratuit mais � un prix soutenu�, avait lanc� le ministre de l�Agriculture � l�adresse des repr�sentants des �leveurs, tr�s inquiets qu�ils �taient des �normes retards quant au lancement du programme du d�veloppement de la steppe que doit financer le Fonds de d�veloppement du pastoralisme et de lutte contre la d�sertification (FDPLD). Ainsi, tout portait � croire que le fameux produit tr�s pris� par le cheptel, l�orge en l�occurrence allait �tre livr� tout au plus le 1er du mois courant. �Nous arrivons � la fin juillet et il semble que cette op�ration n�est qu�un �ni�me leurre des pouvoirs publics. D�ailleurs, m�me si l�orge sera disponible, nous ne sommes pas capables de l�acheter � 1400 DA/ le quintal � cause de l��rosion de notre pouvoir d�achat et des surco�ts engendr�s par le p�turage�, mart�le l��leveur M. L. qui comptait 500 t�tes d�ovins � Sidi-Amed (40 km au sud du chef-lieu de la wilaya) et dont l�activit� pastorale devient de plus en plus une v�ritable corv�e. Suite � quoi, nous avons effectu� une vir�e au niveau de la Coop�rative c�r�ali�re et des l�gumes secs (CCLS) qui chapeaute trois wilayas, Sa�da, Na�ma, et El-Bayadh. Son directeur g�n�ral nous a bien re�us avant de nous confier : �Effectivement, l�orge est bel et bien arriv�. Il est encore dans le bateau � Oran. Cet orge import� sera distribu� � partir de samedi prochain. Des r�unions marathon avec les diff�rents intervenants ont eu lieu afin de r�ussir cette importante op�ration�, dira en substance le DG de la CCLS, M. Malek Abdelkaer avant de pr�ciser que les b�n�ficiaires de l�orge au prix de 1400 DA/q doivent �tre en possession d�une attestation de vaccination du cheptel, sign�e toutefois par l�inspection v�t�rinaire, d�une carte d��leveur et d�une fiche signal�tique d�livr�e par la chambre d�agriculture de la wilaya. A notre question de savoir si l�orge a �t� produit dans la wilaya de Sa�da, notre interlocuteur nous confiera que la wilaya de Sa�da a produit 3033 quintaux d�orge qui ont �t� livr�s � la CCLS jusqu�au 21.07.2005, parmi la quantit� globale de c�r�ales qui a �t� r�ceptionn�e par la CCLS et estim�e � 125.120 q. Rappelons que selon la m�me source qui nous a confi� fi�rement que ces travailleurs ont �t� b�n�ficiaires d�une prime de bilan gr�ce aux efforts des uns et des autres, la CCLS a r�ceptionn� l�ann�e derni�re 315.000 qx, soit une baisse de 50% de la production c�r�ali�re en cette p�riode � cause principalement de la s�cheresse, �le ciel n�a pas �t� cl�ment durant les mois d�avril et mai au moment o� la plante �tait en p�riode de montaison et d��pi�son. Il est indispensable que l�irrigation d�appoint soit largement d�velopp�e�, conclut le DG de la CCLS avant de nous rassurer que le probl�me du transport de l�orge jusqu�aux zones steppiques ne se posera point. En fait, les �leveurs qui restent sceptiques quant � l�achat de cet orge � 1400 DA/q ne se sentent aucunement � l�aise avec les multiples co�ts variables et fixes qu�ils doivent supporter sans cesse en hausse d�une ann�e � l�autre. �Nous avons bien voulu nous int�resser � la culture du bl� fourrager, mais le labour est interdit dans les zones steppiques�. Selon les calculs qu�il a effectu�s, l��leveur en butte �galement � d�autres probl�mes comme la disponibilit� de la ressource hydrique, le co�t d�un mouton est de 15.000 DA alors que ces jours-ci, selon lui, cet animal domestique en voie de disparition est c�d� au prix d�risoire de 6000 DA sachant que durant l�A�d, il ne descendait pas au-dessous de 20.000 ou 30.000 DA. Cela dit, les �leveurs sont �galement confront�s � la chert� d�autres vari�t�s comme la botte de foin � 250 DA, quant � la paille, elle est c�d�e au prix de 150 DA. Un autre probl�me peut surgir lors de la distribution de cet orge et il est relatif � la contrebande qui pourrait, selon des sources bien inform�es le reexporter vers le Maroc. En clair, le cheptel qui est �puis� par la transhumance et affam� � cause de la d�sertification est en voie d�extinction et ne rapporte plus, nonobstant les perfusions des pouvoirs publics qui semblent �tre int�ress�s par le sort des �leveurs. Les malheureux agriculteurs ont dans leurs majorit� fui la steppe pour s�installer dans les bidonvilles comme Bougtob, Hassi El-Abed o� ils grossissent les rangs d�un prol�tariat d�j� en r�volte � cause des �latifundia et leurs ploutocrates�. �Faute d�une politique steppique nationale coh�rente, l�Etat continuera � faire du surplace et viendra sans cesse au secours d�une activit� pastorale qui vit sous perfusion ces derniers jours�, nous confie un cadre agronome R. B. en ch�mage toutefois et malheureux qu�il �tait de ne pas avoir b�n�fici� d�un cr�dit pour cr�er sa petite unit� d��levage ovins. Notons que la wilaya de Sa�da compte 120.000 ha de terres steppiques et le pastoralisme occupe 60% de la population totale avec 500.000 t�tes d�ovins. L�activit� pastorale qui s�exerce autrefois, selon le mode de transhumance des �leveurs, les �achaba�, transhumance d��t� vers le Nord c�r�alier pour le pacage et la azaba, transhumance d�hiver vers les zones de parcours pr�sahariennes, lorsque l��quilibre entre les capacit�s nourrici�res de la steppe et le cheptel entretenu par les agropasteurs �tait garanti avant que l��levage sp�culatif ne le d�truise. D�ailleurs un �minent scientifique d�clarait r�cemment : �L�homme met en p�ril sa biodiversit�.