Tendance n Une baisse substantielle des prix de la viande ovine est observée dans cette wilaya, atteignant parfois le taux de 50%. Les détaillants expliquent cette brutale diminution des prix par le «manque de pâturages en raison de la faible pluviosité constatée ces deux derniers mois sur les Bibans et dans les wilayas limitrophes de M'sila, Bouira et Sétif», entraînant la «liquidation du cheptel notamment les brebis reproductrices». Selon certains bouchers, si le prix de l'agneau engraissé n'a pas connu de baisse sensible — il s'écoule actuellement entre 500 et 550 dinars le kilo — celui de la viande d'agnelle, d'antenaises et de brebis reproductrice a chuté brutalement, passant de 500 à 250 DA/kg. Des éleveurs de plusieurs communes pastorales comme Medjana, El-Hammadia, Aïn Taghrout ou encore Ras El-Oued notent que le manque de pluie et la cherté des aliments concentrés «obligent les éleveurs d'ovins à liquider une grande partie de leur cheptel car ne pouvant plus assurer la nourriture des brebis». Selon eux, «l'aliment du cheptel ovin n'a jamais atteint de telles proportions en matière de prix». En effet, le coût de l'orge avoisine les 3 500 DA le quintal et 400 DA la botte de fourrage. «Nous n'avons d'autres solutions que d'écouler une partie de nos troupeaux», affirment des éleveurs. Les régions situées au sud de la wilaya sont les plus touchées par la sécheresse, conduisant les éleveurs de M'sila et des régions du sud du pays à «envahir» les marchés à bestiaux des Bibans pour écouler leurs troupeaux à bas prix. Actuellement, ce sont principalement les maquignons et les bouchers des wilayas d'Alger, de Constantine, de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui «raflent» les agnelles, les antenaises et les brebis dans les souks de la wilaya puisqu'ils disposent, selon un éleveur de la région, «d'un grand nombre de boucheries et probablement de pâturages ou d'importants stocks d'aliments de bétail». Pour Ahmed Abdelkamel Khelifi, directeur de la ferme étatique Yahia-Bénaïchouche, cette «liquidation» de la brebis reproductrice «va se répercuter négativement sur le renouvellement du cheptel dans deux ou trois ans». Il faut surtout éviter, selon lui, la vente à la consommation de l'antenaise – un ovin de 1 à 2 ans – et de l'agnelle, sinon les répercutions seront «désastreuses», à l'avenir, pour le renouvellement du cheptel ovin «dans la wilaya, mais aussi à M'sila, Sétif et Bouira, trois wilayas connues pour leurs échanges avec les éleveurs locaux avec lesquels ils partagent généralement les mêmes parcours pastoraux». La chute des prix de la viande ovine a été, certes, profitable aux consommateurs, mais les éleveurs craignent pour le renouvellement de leur cheptel. Les bouchers, eux, trouvant leur compte «en raison de la ruée des citoyens vers les étals», conclut M. Khelifi.