Une vingtaine de chefs d'�tat et de gouvernement rassembl�s � Gdansk, port de la Baltique, ont rendu hommage � Solidarit�, le premier syndicat libre du bloc de l'Est dont le r�le est consid�r� comme crucial dans le renversement du communisme. Ce renversement s'est produit "sans un seul coup de fusil, sans effusion de sang", a soulign� le chef historique de Solidarit�, Lech Walesa, au dernier jour d'une Conf�rence intitul�e : "De Solidarit� � la libert�". Pour le pr�sident de la Commission europ�enne Jos� Manuel Durao Barroso, qui a dit un "grand merci" au mouvement, il n'y pas de doute: "Sans Solidarit�, il n'y aurait pas d'Europe �largie". "Vos efforts ont mobilis� les peuples vivant sous le joug sovi�tique", a-t-il ajout�. M. Walesa a rappel� qu'en Pologne stationnaient � l'�poque quelque 200.000 soldats sovi�tiques et qu'elle �tait encercl�e par un million d'autres. "Qui aurait imagin� de faire une r�volution dans ces conditions-l� ?", s'est-il interrog� ? "Comme dans un jeu de dominos, Solidarit� a fait tomber les r�gimes autoritaires de l'Allemagne d�mocratique, de la R�publique tch�que et de la Hongrie", a rappel� le pr�sident polonais Aleksander Kwasniewski. Les pr�sidents ukrainien Viktor Iouchtchenko, allemand Horst Kvhler, hongrois Laszlo Solyom, serbe Boris Tadic et g�orgien Mikha�l Saakachvili, les premiers ministres de plusieurs pays europ�ens et d'anciens dissidents comme Vaclav Havel �taient � Gdansk. Le pr�sident am�ricain George W. Bush a envoy� un message sp�cial pour l'occasion. Une grande messe en plein air a �t� c�l�br�e face � l'entr�e des chantiers navals de Gdansk et au monument aux victimes de la r�volte ouvri�re de 1970 par l'ancien secr�taire particulier de Jean Paul II, Mgr Stanislaw Dziwisz. Tout juste nomm� archev�que de Cracovie et charg� de repr�senter Beno�t XVI � Gdansk, il a rappel� le soutien du pape d�c�d� � Solidarit�, le qualifiant de "p�re" incontestable du mouvement. A l'arriv�e du pr�sident polonais Kwasniewski, accompagn� de M. Walesa, des sifflements ont retenti parmi les quelque 15.000 personnes pr�sentes. "Voleur, � bas les communistes", ont-ils scand�, sans doute � l'adresse du chef de l'Etat, un ex-communiste reconverti � la social-d�mocratie. Beaucoup sont venus des quatre coins de la Pologne, tel Romuald Tatus, 56 ans, ancien mineur � Wodzislaw (sud), qui a fait 12 heures de train. Il fait partie d'une multitude de d�l�gations syndicales venues avec les �tendards qu'elles avaient d� ranger quand le g�n�ral Wojciech Jaruzelski avait tent� d'�craser Solidarit� en instaurant l'�tat de si�ge le 13 d�cembre 1981. Aujourd'hui, ils les ont brandis avec fiert�. "Il faut c�l�brer cet anniversaire", juge Tatus. Le parlement polonais a d�cr�t� que dor�navant le 31 ao�t est une f�te nationale, le "jour de Solidarit� et de la libert�". D'autres sont venus � pied ou au pas de course, tels un groupe d'anciens syndicalistes qui ont parcouru 600 km depuis la fronti�re polono-tch�que. "Notre course, notre sueur, nos efforts, c'est pour Solidarit�", a d�clar� Edward Ogonowski, 56 ans, technicien dans une soci�t� de surgel�s, en rev�tement sportif aux couleurs nationales rouge et blanche sur un T-shirt frapp� de l'insigne de Solidarnosc. Les c�r�monies ont �t� boycott�es par certains syndicalistes et d'ancien proches de Walesa, tels Anna Walentynowicz et Andrzej Gwiazda. Pour protester contre la baisse des activit�s des chantiers navals de Gdansk, 200 syndicalistes ont organis� leur propre c�r�monie et pass� la nuit sur le site pour "pour montrer qu'il reste beaucoup � faire en Pologne au niveau social", selon le pr�sident de Solidarit� des chantiers Roman Galezewski. 18% de la population active est sans travail.