Le journal �ponyme du Baath syrien Al Baath appr�cie le r�le de l'Alg�rie, de la Chine et de la Russie, lors du d�bat sur la Syrie au Conseil de s�curit� de l'Onu. Les d�l�gu�s des trois pays ont tent�, en effet, d'�viter le pire � Damas : l'instauration d'un tribunal p�nal international pour juger les crimes au Liban. Etre compt� parmi les amis de Bechar et Cie n'est pas tr�s recommandable par les temps qui courent. Surtout lorsque le Hezbollah et le mouvement Amal chiites (1) se disent satisfaits de la r�solution onusienne. Comme je ne suis ni chinois ni russe, je suis plus que g�n� par ces d�monstrations d'amiti� encombrante. L'Alg�rie a, sans doute, mieux � faire que de d�fendre, y compris au nom de la l�galit� internationale, un r�gime honni. Je sais comme tout le monde que nous avons une dette envers la Syrie. Le pays de Nizar Qabani a accueilli l'�mir Abdelkader en exil et a aid� la R�volution alg�rienne. Je sais tout �a et j'aime les Syriens tout autant que nos baathistes �islamawis�s�. Quelles que soient les raisons d'aider la Syrie, elles ne sont pas suffisantes et n'expliquent pas cet acharnement dans la solidarit� � tous crins. Elle est encore plus d�testable lorsqu'elle est justifi�e par la n�cessit� d'�viter des souffrances au peuple syrien. La pire des souffrances, c'est de subir le joug d'un homme et de faire semblant de l'adorer. Il y a � Damas un pouvoir familial qui a impos� sa tutelle au Liban, Etat souverain dans les textes, et qui y s�me la mort. Si ce n'est moi, ce n'est donc personne, se sont dits les potentats syriens avant de lancer l'op�ration d�luge. Accus� notamment de l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le clan Assad nie, persiste et signe. Il est encourag� en cela par le silence de ses voisins et la solidarit� diplomatique des trois pays port�s aux nues par Al-Baath. On sait que l'Alg�rie n'est pas la citadelle des droits de l'homme mais la Chine et la Russie, tout de m�me. Pourtant, les pr�somptions et les preuves s'accumulent contre le dictateur syrien. Ce ne sont pas les d�risoires manifestations de soutien qu'il organise sous les murs de ses palais qui diront le contraire. La piste du crime m�ne droit � Damas. C'est, pour le moins, une simple question de logique. A Beyrouth, on meurt par explosion d�s qu'on fait mine de ne pas aimer Assad. C'est tout de m�me curieux que le secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe ne se soit pas rendu compte de cette r�alit� : ce sont des opposants � la Syrie qui meurent violemment. Samir Kassir, Gibrane Tu�ni et Mia Al-Chidiak (2) �taient journalistes. Ils d�fendaient la cause d'un Liban libre, d�barrass� de l'h�g�monie syrienne. Les deux premiers sont morts dans des attentats � l'explosif. La troisi�me a surv�cu � l'explosion de sa voiture mais ne vaut gu�re mieux. La violence est, h�las, inscrite dans les statuts du Baath depuis qu'il est pris en mains par des N�ron en kaki. Ancien pilier du r�gime, Rifaat Al- Assad, r�fugi� � Londres avec le produit de ses rapines, sait de quoi il parle. Il a appel� � un coup d'Etat contre son neveu Bechar. Il sait que le r�gime Assad, ce sont d'abord ses pr�toriens. Seulement, depuis l'instauration du tribunal de La Haye, ces pr�toriens n'ont plus l'enthousiasme de nagu�re pour les putschs. C'est un exercice risqu� d'�tre g�n�ral ou colonel putschiste. D'abord, vous ne devez pas vous maintenir longtemps au pouvoir sans risquer d'�tre d�boulonn� � votre tour par le m�me proc�d�. Ensuite, ayant justifi� votre coup par la n�cessit� d'instaurer, ou de r�tablir, la d�mocratie, vous devrez remettre le pouvoir aux civils. Ces derniers, de peur de se d�juger, s'empresseront de vous mettre en jugement. Mieux vaut donc s'en tenir aux �quipes �tablies. L'enlisement est facteur de stabilit�, dirait l'imperturbable Amr Moussa. Alors, on joue la montre comme � Damas o� on esp�re au miracle depuis que les trois quarts des militants du Baath fr�quentent les mosqu�es avec assiduit�. En attendant de rendre d�finitivement le tablier, le pr�sident de la commission d'enqu�te de l'Onu, Detlev Mehlis, enfonce le clou. Dans une interview au quotidien Echarqal- Awsat, il se dit persuad� que les autorit�s syriennes sont derri�re l'assassinat de Hariri. Il affirme �galement qu'il y a un lien entre le meurtre de l'ancien Premier ministre et les derniers attentats de Beyrouth. �Si c'�tait vrai, ce serait catastrophique. Il vaut mieux ne rien savoir�. C'est en substance ce que dit un lecteur du journal en r�action aux propos de Mehlis. Il faut laisser le couvercle du puits ferm�, selon cette opinion qui r�sume assez, � mon sens, l'opinion dominante. Les Arabes se disent qu'ils n'en sont pas � un tyran pr�s. Ils sont nombreux � r�gner ou � attendre la succession. A quoi bon, puisque m�me les �potentats d�mocratiques� r�vent de couronnes, au pire de fun�railles nationales. Et puis, que pouvez-vous esp�rer avec ce maladroit de Bush dont on esp�rait tant et qui accumule b�vue sur b�vue. Maintenir le couvercle du puits ferm� et, surtout, faire celui qui n'a rien entendu. Comme avec les derni�res pantalonnades du pr�sident iranien Ahmadinjad. Un silence g�n� ou consentant a accompagn� les derni�res d�clarations du dirigeant iranien sur l'holocauste. C'est normal tant qu'on enseignera dans nos �coles et dans nos mosqu�es la haine du juif (3). A d�faut de condamner les propos n�gationnistes de Ahmadinjad, les Arabes et les musulmans se sont r�fugi�s dans le mutisme. Tous les observateurs du monde l'ont relev� avec ce bref commentaire : �Condamnation unanime dans le monde � l'exception des pays arabes et musulmans�. Une exception � relever, toutefois, dans cette exception : l'ambassadeur d'Arabie Saoudite � Washington s'est inscrit en faux contre les d�clarations iraniennes. Le prince Turki Al- Fay�al a affirm� que l'holocauste �tait une �r�alit� historique� ind�niable et un �horrible g�nocide�. Il faut dire que Ahmadinjad ne s'en tient pas � la seule n�gation de la r�alit� des fours cr�matoires. Il va plus loin, au risque d'indisposer des repr�sentants de la hi�rarchie religieuse iranienne. Non content de sugg�rer qu'il est en relation avec le 12�me Imam, le �Mehdi attendu�, Ahmadinjad commence � se prendre pour le Messie. Sa derni�re sortie : une aur�ole �tait suspendue au-dessus de sa t�te pendant qu'il pronon�ait son dernier discours � la tribune des Nations unies. L'ayatollah Youssef Sanighi, catalogu� comme r�formateur, a condamn� �la propagation de telles superstitions pour r�aliser des objectifs politiques�. Comme si la r�volution khomeyniste n'avait pas triomph� par le mythe et la superstition. Peut-�tre vaut-il mieux laisser le couvercle du puits ferm�. A. H. (1) Il ne faut pas se creuser la t�te � chercher des motivations tactiques ou strat�giques � cette alliance de nature politico-religieuse. Les chiites v�n�rent le calife Ali et le clan Bechar se r�clame de la famille alaouite. CQFD. (2) Elle est sans doute la descendante du grand auteur du XIXe si�cle, Fares Al-Chidiak, un admirateur de l'�mir Abdelkader � qui il d�dia un po�me en hommage � son combat. Il compara�t Abdelkader � un aigle qui �peut �tre immobilis� un temps mais qui reviendra toujours sur les lieux de son envol�. Rien que pour cette parent�, m�me lointaine, Mia Al-Chidiak m�rite mieux notre compassion que Assad et sa clique. (3) J'invite ce lecteur qui a promis de me lire sans a priori de tendre l'oreille ou simplement � ouvrir sa fen�tre le vendredi peu apr�s midi.