Crise n Alors que l'opposition réclame le départ du gouvernement Siniora, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui veulent éviter un conflit sanglant entre chiites et sunnites, tentent, par une initiative commune, d'apaiser la tension. Le Liban se débat dans une insoluble et interminable crise, deux ans après l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri avec comme toile de fond une forte polémique sur les compétences du Tribunal international qui doit juger les auteurs de l'attentat. Aujourd'hui, les problèmes politiques restent entiers malgré les efforts de l'Arabie saoudite, puissance sunnite, et l'Iran, force chiite régionale, qui n'ont pas réussi à apaiser la Syrie qui craint la formation du tribunal, prévu par la résolution 1664 de l'ONU. A Beyrouth, une opposition hétéroclite, menée par le Hezbollah (soutenu par Téhéran et Damas), réclame la chute du gouvernement de Fouad Siniora — soutenu par l'Occident — qu'elle juge «illégitime». Ce gouvernement est issu des législatives de 2005, les premières depuis le départ des troupes syriennes, qui avaient donné la victoire à la majorité parlementaire antisyrienne dont le chef de file est le député sunnite Saâd Hariri, fils de Rafic Hariri. Fragilisé puis rendu de plus en plus inopérant depuis l'offensive israélienne l'été dernier contre le Hezbollah, le gouvernement s'est disloqué à la mi-novembre, plongeant le pays dans une crise sans précédent, avec la démission de cinq ministres chiites, du Hezbollah et du mouvement prosyrien Amal. Ces démissions ont été provoquées par l'adoption par le cabinet Siniora du projet de l'ONU d'un tribunal spécial pour juger les assassins de Rafic Hariri. L'opposition réclame aussi la mise en place d'un gouvernement d'union nationale – devant précéder des législatives anticipées – où l'opposition aura une minorité de blocage, et prône l'adoption d'un tribunal aux compétences réduites, à l'instar de la Syrie. La crise s'est amplifiée lorsque des affrontements à Beyrouth entre sunnites et chiites ont fait sept morts fin janvier, alors que se poursuit un sit-in illimité organisé par l'opposition depuis le 1er décembre dans le centre de la capitale pour obtenir la chute du gouvernement Siniora. La commission d'enquête de l'ONU a mis en cause des responsables sécuritaires syriens et libanais dans l'assassinat en février 2005 de Rafic Hariri à Beyrouth, à l'époque où Damas régnait en maître sur le Liban. «Une éventuelle entente entre l'Arabie et l'Iran sur l'apaisement au Liban bute sur l'hostilité de Damas, allié de Téhéran, et qui est hostile à la formation du tribunal», a affirmé le député de la majorité Samir Frangié. L'initiative irano-saoudienne, dictée par la crainte d'un conflit sanglant entre sunnites et chiites, n'a pas donné de résultats jusqu'à présent. Le politologue Ahmad Baydoun n'est pas optimiste sur un règlement de la crise libanaise, mais croit qu'«une solution transitoire est possible», d'autant que Riyad et Téhéran «ne veulent pas qu'un conflit entre sunnites et chiites n'embrase la région à l'instar de celui en cours en Irak».