L�Union europ�enne, grandement interpell�e par la crise du gaz entre la Russie et l�Ukraine, constate, encore une fois, que sa marge de man�uvre �nerg�tique est limit�e. N�est-ce pas, pr�cis�ment, l�un des objectifs recherch�s par Poutine en d�cidant de fermer les vannes qui alimentaient Kiev et la plupart des villes europ�ennes via les gazoducs russes transitant tous par la capitale ukrainienne. Poutine, dont les calculs froids et l�intelligence tactique ne sont pas les derni�res de ses qualit�s, a voulu, en d�clenchant la guerre du gaz, envoyer plusieurs messages � la fois. Le premier s�adresse non pas � l�Ukraine, comme on pourrait le supposer, mais aux principales puissances �nerg�tiques europ�ennes. A ces derni�res, le signal est clair : point de n�gociations pouss�es avec Kiev sans le consentement de Moscou et surtout sans que la Russie obtienne des garanties s�rieuses, durables et trouve son compte. Pendant 48 heures, Berlin, Paris, Bruxelles, Rome ont r�fl�chi s�rieusement � la perspective, d�sastreuse, de non-ma�trise du conflit entre l�Ukraine et la Russie. Poutine a mis l�Europe occidentale dans une configuration, certes virtuelle, mais tout de m�me plausible, d�une confrontation directe et seulement commerciale avec son pays. De ce bras de fer, Bruxelles sortirait, sans aucun doute, totalement affaiblie m�me si Moscou vivra, par ce qui le concerne, l�enfer des mesures �conomiques r�pressives de l�UE. Cependant, et de cela les nantis de l�Europe de l�Ouest en sont persuad�s, le Russe supportera mieux les privations que l�Allemand, le Britannique, le Fran�ais, l�Italien ou le N�erlandais. A l�adresse de l�Union europ�enne, cet autre avertissement de Poutine : hors de question pour la Russie de permettre � ceux qui faisaient partie de son ex-empire de rejoindre l�Occident sans que la Russie ait son mot � dire. Que les ex-nations de l�Est (Pologne, Hongrie, Tch�quie, Slovaquie...) adh�rent � l�Otan est une chose, mais qu�elles deviennent, par miracle, partie prenante de l�Union en repoussant la Russie vers seulement l�Asie, cela est une autre affaire. Au sens commercial du terme. La guerre du gaz, qui trouvera sans nul doute un �pilogue de consensus, a permis � la Russie de tester ses capacit�s de nuisance. Elles sont r�elles, insoup�onn�es et, dor�navant, l�Occident europ�en comptera avec. Cette bataille gazi�re hivernale est vue d�un bon �il par les USA. Les Etats-Unis, en effet, appr�cient �norm�ment l�attaque- �clair de Poutine. Tout d�abord parce que la Russie, pr�sentement est un alli� plus fiable aux yeux de Washington, que l�Europe des Vingt-Cinq. Cette projection int�resse Washington, en ce sens qu�elle constitue un test grandeur nature du monde de demain que les USA veulent modeler � leur fa�on. La guerre du gaz est � et le sera davantage dans les prochaines ann�es � un facteur d�clenchant de toute hostilit� voulue et programm�e. C�est l� un autre avertissement que Poutine voulait que les Europ�ens re�oivent. Jonathan Stern (directeur de recherche sur le gaz naturel � Oxford Institute for Energy Studies) a tenu � l�indiquer aux d�cideurs bruxellois de l�Union : �En termes de carburants, surtout de transport, elle ne peut (l�Europe, ndlr) rien.� �Pour ce qui est des carburants horshydrocarbures, pr�cisera-t-il, on parle, �videmment, des �nergies renouvelables, du charbon et du nucl�aire�. J. Stern est toutefois sceptique quant aux derni�res �nergies parce qu�elles pr�sentent, selon lui, des �risques environnementaux et de s�curit� alors que pour les �nergies dites renouvelables, il y a un vrai probl�me de �rentabilit�. Il est, n�anmoins, s�r que Poutine et les USA ont r�duit l�Union europ�enne � r�fl�chir, quelques heures avant 2006, sur l�utilisation du... charbon. L�Ukraine, en l�occurrence, n�a �t� dans cette mise en sc�ne que l��l�ment... d�clencheur. M�me si Kiev, terroris� et craignant un hiver rude, a vol� quelques m�tres cubes d e gaz...