Le crise gazière opposant la Russie et l'Ukraine a provoqué des « irrégularités » dans l'approvisionnement des pays de l'UE. C'est ce qu'a déclaré hier Ferran Tarradellas, porte-parole de la Commission européenne pour les questions énergétiques, qui a précisé, par ailleurs, que ces irrégularités sont loin de constituer « un danger immédiat » pour les consommateurs. Depuis que la Russie a fermé les vannes de son gaz à destination de l'Ukraine (1er janvier dernier), faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement, l'Union européenne peine encore à dissimuler ses appréhensions. Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, dont 80% transitent par l'Ukraine. Les livraisons de gaz naturel à la Roumanie ont déjà baissé de 30% et celles à la Pologne de 6% depuis vendredi soir, selon les informations diffusées par les opérateurs locaux. Hier, plusieurs pays des Balkans occidentaux ont émis de vives inquiétudes en raison du conflit gazier qui oppose la Russie à l'Ukraine. Une source officielle croate a indiqué que les livraisons de gaz russe à la Croatie avaient baissé de 7,5% par rapport au volume prévu, tandis qu'en République tchèque la réduction est de 9,5%. Plus intransigeant que jamais, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a donné hier l'ordre au géant Gazprom de réduire immédiatement le volume de gaz transitant vers l'Ukraine, en réponse aux prélèvements illégaux dont la Russie accuse Kiev depuis le début de la crise. L'Union européenne a dépêché hier une délégation à Kiev afin de débattre des derniers développements de la crise qui a déjà entraîné des perturbations dans plusieurs pays européens. La présidence ukrainienne a précisé dans un communiqué diffusé hier que les négociateurs européens arrivent « conformément à l'accord conclu par la délégation ukrainienne » qui avait fait la semaine dernière une tournée européenne pour rassurer l'Europe sur son approvisionnement énergétique après l'arrêt par la Russie de ses livraisons de gaz à Kiev. La Russie a appelé dimanche l'Union européenne à surveiller le transit via l'Ukraine et a accusé de nouveau le pays de Victor Youchenko de voler du gaz destiné à l'Europe. Une fois de plus, le vice-président de la compagnie russe Gazprom, Alexandre Medvedev, a accusé hier l'Ukraine « d'avoir volé la veille 50 millions de mètres cubes de gaz, pour moitié dans le gazoduc transitant en territoire ukrainien et pour l'autre moitié dans des réserves souterraines ». Samedi, lors d'une visite à Prague, le même responsable avait déjà accusé l'Ukraine de voler 35 millions de mètres cubes de gaz par jour. Lors de sa conférence de presse à Paris, dans le cadre d'une tournée européenne pour défendre le point de vue russe dans le différend gazier avec l'Ukraine, M. Medvedev a déclaré que Kiev avait volé 25 millions de mètres cubes de gaz russe transitant par les gazoducs ukrainiens et destinés à différents pays de l'Union européenne. Incompréhensible ! De son côté, la société ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz a accusé hier Gazprom d'avoir perturbé l'approvisionnement en gaz de plusieurs pays d'Europe du Sud et de la Turquie en augmentant la consommation en Moldavie par laquelle transite le gazoduc concerné. L'Ukraine est allée hier jusqu'à saisir un tribunal de Kiev pour obtenir que soit invalidé un accord avec la Russie sur le transit de gaz russe par son territoire.