D�s l�origine, les �tudes et les travaux qui ont abouti � l��dification de la base atomique de Reggane furent entour�s du plus herm�tique des secrets. On comprend pourquoi. Non pas que les atomiciens civils et militaires aient pu esp�rer cacher au monde qu�ils �laboraient une bombe nucl�aire. Cette discr�tion ne pr�sentait aucun int�r�t, car tous les sp�cialistes savaient bien que l�aboutissement de la construction de piles serait la bombe. A ces divers points en vue, Reggane pr�sente un bon choix. Autrefois, simple petite oasis sur la piste saharienne B�char-Adrar. Elle appartient � la partie ouest du Touat, la moins fr�quent�e par les nomades. Le g�nie militaire y creuse de nombreux puits. Une longue falaise qui en borde le flanc nord se pr�te � l�implantation de l�a�rodrome et au percement de galeries souterraines servant de magasins et de d�p�t. A une quarantaine de kilom�tres au sud, un centre avanc� a �t� am�nag� � El- Hamoudia. Il est constitu� par un blockhaus de ciment perc� de hublots qui servira d�abri aux atomiciens et contiendra leurs appareils. C�est de l� que l�explosion sera t�l�command�e le 13 f�vrier 1960 � 7h du matin. Qu�en est-il aujourd�hui des r�percussions de l�onde de choc et du �flash� thermique 45 ans apr�s. L��v�nement suscite, encore aujourd�hui, partout de tr�s vives r�actions d�hostilit�. Les rares survivants de cette agression fran�aise au Sahara racontent que la flore, la faune et les hommes ont beaucoup souffert, et tra�nent irr�m�diablement des s�quelles encore aujourd�hui. L�un d�eux s�est confi� : �La terre, jadis, fertile, conna�t une baisse dans le rendement et le palmier-dattier subit lui aussi des transformations. Le niveau de la nappe phr�atique a diminu�. Reggane �tait une belle oasis... Et quand le vent souffle de l�ouest � la p�riode des semences, il engendre des d�sagr�ments � l�agriculture. Les personnes, elles aussi, qui vivent encore, connaissent, in�luctablement, des difficult�s respiratoires, une hypertension et parfois des cancers apparaissent. L�explosion fut une �tape capitale, mais une politique sans grandeur pour la France. Ce constat, amer, nous pousse � r�fl�chir sur l�ambition d�mesur�e des hommes.