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DIX ANS DEPUIS LE MASSACRE DES MOINES DE TIBHIRINE Un nouveau livre sur leur parcours et le sens de leur mission en Alg�rie
De notre bureau de Paris Khad�dja Baba-Ahmed
Demain, cela fera dix ans que les sept moines trappistes de Tibhirine auront �t� enlev�s par le GIA, puis ex�cut�s deux mois plus tard. Un nouveau livre (il y en a eu beaucoup sur cet assassinat), intitul� Passion pour l�Alg�rie, les moines de Tibherine, vient de sortir dans les librairies en France, �dit� par la maison Nouvelle Cit�. En fait, il s�agit de la version fran�aise d�un ouvrage d�j� publi� aux USA, �crit par John Kiser. Ce dernier, historien am�ricain, est conseiller aupr�s de la Conf�rence mondiale des religions pour la paix. Dipl�m� des universit�s de Colombia et de Chicago, il collabore au Washington Post, au Wall Street Journal et � la revue Foreign Policy. Apr�s s��tre int�ress� au monde sovi�tique et fourni dans ce cadre un rapport au gouvernement am�ricain, apr�s la chute de l�URSS, il r�orientera son int�r�t sur l�islam politique et les luttes d�ind�pendance dans le monde arabe. La lecture du dossier de presse annon�ant la sortie de ce livre ne pouvait laisser indiff�rent. Il y est, entre autres, mentionn� en gros titre �10 ans apr�s, toute la v�rit� sur Tibhirine�. Qui a enlev� et d�capit� les moines et quel r�le ont jou� les services secrets alg�riens et fran�ais dans cette affaire ? Ce sont les r�ponses � ces questions que nous promettait en scoop l��diteur fran�ais dans sa pr�sentation du livre. Rien de tout cela. La lecture des 477 pages laisse sur sa faim. En dehors de la pr�sentation des nombreuses th�ses d�velopp�es depuis la d�capitation des moines au printemps 1996 : meurtres commis par le GIA ; ou par le GIA mais infiltr� ; ou encore par des groupes du GIA dissidents de leur direction ; ou par �les forces gouvernementales� ou par une partie de ces forces ; ou par des groupes d�autod�fense� Et la liste des hypoth�ses est encore longue, l�auteur se limite � les �num�rer et � pr�senter les invraisemblances ou l�int�r�t que chacun de ces groupes aurait eu � se que les moines soient enlev�s et assassin�s. John Kiser restitue cependant parfaitement et avec une honn�tet� intellectuelle �vidente beaucoup d��v�nements intervenus bien avant l�assassinat et consistant � alerter les moines sur le danger qu�ils encouraient. Ainsi est-il �voqu� la protection du monast�re qu�a propos�e le wali de M�d�a � Christian, le prieur de Tibhirine, refus�e � deux reprises d�ailleurs par les moines ; ou encore la premi�re visite des terroristes au monast�re un soir de No�l et les menaces qu�ils prof�r�rent si les religieux ne les aidaient pas en assistance m�dicale et en m�dicaments ; le d�sir exprim� alors par Ali Benhadj qui voulait que M�d�a soit la capitale du futur Etat islamiste ; le fait aussi que le GIA exigeait de ceux qui voulaient int�grer ses rangs de faire d�abord la preuve de leur engagement en tuant un membre de leur famille. Tous ces faits et d�autres encore qui ne sont pas de nature � d�douaner les terroristes de leur tuerie de Tibhirine et des autres massacres n�ont pas �t� omis par l�auteur. Mais le drame en lui-m�me, le mobile et les auteurs ne semblent �tre l� (en deuxi�me partie du livre) que pour donner l�occasion � l�auteur de t�moigner sur l�Eglise alg�rienne, et notamment des �trappistes de l�Atlas� qui ont fait de leur vie des instants d�aide et de partage avec leurs voisins alg�riens. Selon Kiser �pour comprendre la mort des moines de Tibhirine, il faut s�int�resser � leur vie quotidienne, discr�te, riche d�une pr�sence datant de 1938�. Le message (parce qu�il y en a un tr�s perceptible tout au long du livre) est un message spirituel de coexistence des deux religions, un message qui se veut �porteur de vie et d�espoir�. Mais, et pour revenir � l�assassinat des trappistes, la fraternit�, la disponibilit� et le dialogue d�velopp� par ces moines avec leur environnement alg�rien musulman �g�naient les �radicateurs des deux camps�, dit l�auteur. Le premier camp est celui du pouvoir, de son arm�e, de ses services et de tous ceux qui sont anti-islamiques (la presse ind�pendante faisant partie de ce lot) et les seconds �radicateurs �tant, nul ne pouvant le cacher puisqu�ils revendiquent leurs actes, le GIA.