�Je suis arriv� � les faire parler. Malgr� le silence qu�ils ont gard� depuis des ann�es, cette fois ils sont oblig�s de s�exprimer sinon la v�rit� les �claboussera.� Heureux, c�est le moins que l�on puisse dire de Raymond Cloarec, cet ex-adjudant du 3e RPC qui a accept� de se livrer et de se �d�cliner� au cours d�une interview d�j� publi�e. Une interview qui n�a pas laiss� indiff�rents ses ex-coll�gues militaires tortionnaires qui craignent que la v�rit� atteigne leurs familles. A leur �ge, septuag�naires ou octog�naires, ils redoutent que leur pass� remonte � la surface. Une de leurs premi�res r�actions a consist� � radier Cloarec de l�association des anciens combattants. Pourquoi ? Myst�re et boule de gomme. Son pr�sident, M. Piaskowski, sollicit� par nos soins pour exprimer les motifs de cette radiation n�a pas trouv� mieux que de d�clarer que c��tait �une affaire interne�. En v�rit�, les r�v�lations de Cloarec sur la pratique des tortures et des exactions au sein du 3e RPC devenu RPIMA, d�rangeait l�ordre �tabli : celui du silence, du mutisme et de la censure. Tromp�s par le pouvoir politique de l��poque, ivres de vengeance ces ardents passionn�s de l�Alg�rie fran�aise qui font la torture depuis cinquante ans s�engouffrent cette fois dans la pratique des menaces et intimidations que d�nonce publiquement Cloarec. Une pratique qui est loin de le d�courager puisque cette fois il ajoute � son pr�c�dent t�moignage d�autres faits accablants, des noms de tortionnaires, des exactions pr�cises commises sur des populations civiles, des ex�cutions sommaires, etc. Le tout �tant consign� dans sept cahiers qu�il s�appr�te � exposer � l�opinion publique pour d�noncer ses anciens coll�gues qui n�ont pas le courage de se repentir. �Osez aller en justice�, leur lance-t-il. C�est le d�fi de celui qui se reconna�t �criminel de guerre sur ordre� qui a accept� que nous publions son t�moignage ci-dessous. �Je tiens � faire savoir pourquoi 50 ans apr�s, j�ai �t� amen�, moi et pas les autres, � faire des r�v�lations. Le pourquoi de mes r�v�lations, de nos exactions au 3e RPIMA qui, bien trop souvent, ont d�pass� les r�glements militaires �en temps de maintien de l�ordre ou de pacification�, sans aucun respect de la Convention de Gen�ve, d�autant plus qu�� l��poque, nous �n��tions pas en Guerre�. Janvier 1956 Le lieutenant-colonel Bigeard d�cide de lancer un peloton de caporaux. Il �crira ceci dans Pour une parcelle de gloire, (�ditions Plon, page 230) : �J�ai choisi les meilleurs �l�ments des compagnies, une cinquantaine environ. Ils seront group�s en vue d�un stage acc�l�r� pr�vu 40 jours, ce seront des �l�ves grad�s. Ces futurs grad�s vont vivre dans des conditions extr�mes, sous la toile de tente, dans le froid et la neige, encadr�s par un lieutenant, le lieutenant Pissard et dix sous-officiers d��lite, tous anciens d�Indochine, install�s � la C�te 671, � 500 m�tres de mon PC (C�te 701) - El Milia. Ils vont mener un entra�nement tr�s dur, parfois surhumain.� Il pr�cisera ceci : �Ce centre devra �tre une r�ussite. Sortiront de ce centre de jeunes paras beaux, capables, r�sistants, aussi durs que l�acier, etc. Ils devront faire plus vite et mieux que les autres. L�instruction sera men�e tambour battant en laissant de c�t� nos vieilles m�thodes de formation d�su�tes. Nous devrons �tre capables, �fanatiques�, aussi r�sistants que le cuir aussi dur que l�acier�. H�las, il dira plus tard de ceux-l� : Ces hommes form�s � rude �cole, sont devenus des grad�s extraordinaires pendant 4 ann�es. Je les ai vu r�ussir, devenir sergent, sergent-chef, et puis h�las, aussi, souvent sont morts au combat, � la t�te de leurs hommes, toujours � la t�te. Car on nous avait appris � toujours �tre devant afin de mieux encourager les faibles qui aux premiers coups de feu restaient fig�s derri�re, bien souvent. Certains sont morts en montrant cet exemple que moi, je me suis constamment jur� d�appliquer, ce qui nous a tous valu la m�daille militaire �soit sur le cercueil� pour beaucoup et nous, plus tard, en plus la L�gion d�honneur. Au cours d�une de ses visites dans notre cantonnement, en fin de peloton, il dira ceci : �Ils me recevront avec beaucoup de chaleur.� Le plus qualifi� parmi eux, c��tait moi, celui-l� me fera un long la�us d�accueil, me disant combien ils sont fiers de servir au R�giment et de se battre pour la France. Tr�s �mu, je leur r�pondais : �Merci pour vos quelques paroles, c�est un pr�cieux r�confort, pour un soldat et c�est �galement un peu triste.� Car cette carri�re de parachutiste acteur est dure...! Il faut croire en notre combat, la France vous regarde. Pour cela, je vous demande d��tre beaux, f�lins, man�uvriers. Le g�n�ral Massu l�a f�licit�, consid�rant que son exp�rience pour former des sous-officiers sur le tas �tait une exp�rience �pilote�. Lors de l�accueil, je lui ai dit ceci : �Mon colonel (il �tait lieutenant- colonel) Au nom de tous mes camarades, je viens t�moigner de la fiert� que nous ressentons tous d�appartenir au R�giment. S�lectionn�s pour suivre le peloton de r�giment, notre ambition est de devenir les futurs cadres du R�giment. Pour cela, nous vous promettons d��tre fanatiques, capables, r�sistants. Nous vous promettons d��tre loyaux, propres, impeccables dans notre pr�sentation. Mon colonel, vous pouvez nous faire confiance, nous r�ussirons. J��tais devant lui, � six pas. Je l�ai salu� et j�ai rejoint les rangs. Bigeard �tait avant tout un chef de guerre. Il voulait que sa boutique, comme il le disait souvent, �ait de la gueule�, mais surtout qu�elle ait des r�sultats, tout en veillant � pr�server ses hommes. Ce n��tait pas un tortionnaire, personnellement. Mais sa fougue � vouloir co�te que co�te des r�sultats sur le terrain a amen� ind�niablement � laisser ces commandants de compagnies, capitaines et lieutenants chefs de section, � certains d�bordements ou bavures que, bien souvent, il n�en a pas toujours eu connaissance. Je m�explique : Je prendrais pour exemple certaines exactions au cours de ce peloton �FANA�, toujours en alerte, nous dormions toujours en tenue, armes � c�t� de nous, pr�ts � bondir au premier accrochage, d�s qu�une compagnie accrochait. Nous �tions h�liport�s aux avant-postes et avions carte blanche, ce qui veut dire, tirer sur tout ce qui bouge �dans la zone d�accrochage�. Nous ratissons dans les villages. Les �mechtas� �taient fouill�es sans m�nagement, ceux qui se cachaient bien souvent sans arme, �taient abattus, biens souvent devant femmes et enfants. Nous les faisons sortir et aussit�t nous mettions le feu. C��tait les ordres du chef de peloton, le lieutenant �Pissard�. Voil� comment un jour nous avons abattu les 37 hommes d�un village kabyle et apr�s l�incendie de l�ensemble des maisons �mechtas� du douars, devenus zones interdites, certaines femmes furent viol�es dont de tr�s jeunes filles. Nous �tions, � force de nous former, des b�tes sauvages, traduisons fanatiques. J�ai m�me �t� choqu� un jour de surprendre un caporal du peloton, un jour de ratissage �carte blanche�, seul dans une mechta. Il ne m�a pas entendu, ni vu, couvert par le b�lement des moutons (les moutons vivaient � l�int�rieur avec les habitants) ; il �tait en train de p�n�trer de son sexe une m�re brebis qui �tait le point de mettre bas. Je l�ai vu prendre son pied, se retirer et aussit�t la brebis s�est couch�e sur le c�t�, en un r�le que j�ai d�fini comme une jouissance. J�en ai eu le souffle coup�... ! Et j�ai suivi mon chemin, mon coll�gue aussi qui n�a jamais su que je l�avais vu. Et bien s�r, nous n�en avons jamais parl�...! Mais, moi, je n�ai jamais pu l�oublier, aujourd�hui encore, c�est comme si c��tait arriv� hier. Autres faits qui hantent ma m�moire, ces viols ou ex�cutions sommaires en cours de peloton, alors que nous �tions tous �qu��l�ves grad�s�, deux jours apr�s, viol de deux fillettes qui se sont �chapp�es d�une mechta puis rattrap�es par deux �l�ves voltigeurs. Dans un douar en cours d�op�rations, la femme d�un homme que nous venions d�ex�cuter fut viol�e par deux fois par deux �l�ves grad�s diff�rents. Une autre fois, un �l�ve grad�, un des plus �g�s, il dirigeait l��quipe en cours d�op�ration. Voil� sous la menace la m�re dans un premier temps et apr�s une fouille en r�gle du village, il revient dans la mechta o� se trouvaient encore la m�re et la fille et, en pr�textant que nous repartions aussit�t sans mettre le feu � leur maison, � condition qu�elle dise � sa fille de se laisser faire. La m�re, apr�s insistance, finit par accepter. La fille fut viol�e par trois �l�ves grad�s, devant sa m�re. Voil� o� notre instinct de fanatique nous a entra�n�s bien souvent, soit vers cette d�rive ignoble ou alors dans des ex�cutions sommaires dignes de SS, par exemple, ni plus ni moins. Dans ces contextes, tout homme peut devenir un assassin ou autre cas dont j�ai, l� aussi, �t� t�moin. En pleine nuit, lors d�une embuscade apr�s accrochage de jour, un prisonnier nous a donn� un renseignement s�rieux, apr�s �tre arriv� sur les lieux d�un passage oblig�, le lieutenant me dit : �Tue-le en silence, je ne veux rien entendre.� Il fut b�illonn� et poignard� � mort sur place. Une autre fois, dans un village, apr�s accrochage, deux prisonniers apr�s interrogatoire pouss� � l�eau et � la g�g�ne, furent abattus. Il ne fallait pas laisser les corps en vue. Ils furent cach�s dans des grandes jarres en terre cuite d�une hauteur de 1,20 m environ qui servaient � stocker les olives ou autres denr�es et, par-dessus les corps, dans les deux jarres nous avons vers� des olives � ras-bord et de l�huile. Nota : D�s que nous rentrions dans un village, le lieutenant Pissard avait pour habitude d�abattre les fameux chiens kabyles blancs d�une balle de PA dans la t�te. Nous avions 20 ans... ! Aujourd�hui et d�ailleurs au fur et � mesure des ann�es, j�ai toujours dit : �Oh, mon Dieu, comment des hommes peuvent- ils en arriver l� ? C�est intenable aujourd�hui par la pens�e, mais je comprends mieux pourquoi un jour, apr�s ces terribles exactions en si peu de temps, 40 jours... ! En bivouac dans un village kabyle, le lieutenant Pissard nous fit venir par h�licopt�re �un violoniste�. Et toute la journ�e ce violoniste nous joua des morceaux de virtuoses. Il apprit � nous donner le �LA�, le ton � l�aide d�un diapason et il fallait r�p�ter jusqu�� la perfection : LA... LA... LA... Plus haut, plus bas, etc. Pour finir par nous faire chanter en ch�ur, je me souviens tr�s bien des paroles : �Joue donc sur ta harpe... Oh ! David, all�, all�luia�, etc., etc. Nous �tions transform�s en une journ�e en �enfant de ch�ur !� Quand ce violoniste nous salua en partant, j�ai aussit�t demand� au lieutenant Pissard le pourquoi de cette distraction. Il me r�pondit : �Pour vous ramener � la r�alit� des choses de la vie, pour vous faire rappeler que vous n��tes pas ce que vous �tes aujourd�hui, vous �tes avant tout des �tres humains et �a vous ne devez jamais l�oublier. La musique adoucit les m�urs, et par ce biais, aujourd�hui, elle est venue �vous le rappeler�, un jour vous retournerez � la vie civile... ! Et ce sera surtout l� que vous devrez repenser � cette journ�e qui vous aidera, j�en suis s�r, � oublier les jours les plus p�nibles que vous aurez v�cus�. En r�sum�, cette guerre d�Alg�rie que j�ai v�cue, je consid�re que les ann�es les plus terribles pour moi sont les ann�es 1956 et 1957. En 1955, nous �tions sous les ordres du commandant Lenoir. Un sage, qui nous commandait � l�ancienne : traditions, casques lourd et l�ger m�me en crapahute� ! Exemple d�officier : le 2 septembre 1955, il transmet � la 2e compagnie et � la 3e : �Veillez particuli�rement � �viter toute brutalit� inutile. Pas question de r�pression aveugle sur les populations.� Puis arrive le lieutenant- colonel Bigeard, fin 1955. Plus de casque, casquette Bigeard (tenue l�g�re) et tout change tr�s vite. A A�n-Mokra, le 30 octobre 1955, il nous rappelle ce qu�il attend de nous et que nous travaillerons surtout au d�but sur le renseignement. Il nous explique la m�thode pour rompre le mur du silence. Il nous faudra assumer cette sale besogne. �C�est de la merde pour nous militaires, combattants de terrain. Nous ne sommes pas faits pour �a.� Et pourtant, nous devrons assumer de janvier � mai 1957. La premi�re bataille d�Alger, Massu dira dans Le monde du 23 novembre 2000 : �La torture a �t� institutionnalis�e � Alger�, Je pense que d�avoir institutionnalis� la torture cela a �t� pire que tout, la porte ouverte � toutes les d�rives et bavures. Sur l�ensemble de l�Alg�rie, il y a eu jusqu�� 584 centres de torture. A Alger, il y a eu 14 centres dont la triste et c�l�bre �Villa Susini�, plus tard, �l��cole Sarrouy� ou le centre de B�ni-Messous sur le mod�le de celui de Paul Cazelles. Et pourtant, la r�sistance FLN se d�veloppait � plus grande �chelle dans toute l�Alg�rie. Nous aurions d� �couter De Gaulle, car lors de sa visite des popotes, apr�s lui avoir montr� les bilans, il a dit ceci : �Mais n�oubliez pas, la gestapo n�a jamais emp�ch� la r�sistance d�exister�!� Pour ma part, bien qu�ayant toujours ob�i aux ordres, j�ai toujours estim� qu�un militaire digne de ce nom n�est pas fait pour ce type de besogne. Les spectacles de femmes et d�enfants d�chiquet�s par des actes terroristes aveugles peuvent expliquer mais non l�gitimer. Ce qui est s�r, c�est que l�on perd son �me et si cela perdure, nous devenons vicieux, sadiques ou drogu�s car �a devient une drogue parce qu�un tortionnaire �prouve une certaine jouissance � pratiquer la torture. Bigeard, lors de la premi�re bataille d�Alger, a justifi� la torture, mais � l�issue de cette premi�re bataille, il a dit : �Que si un reproche devait �tre fait, c�est celui d�avoir laiss� une trop grande initiative aux petits �chelons, sans avoir eu la formation, ni m�me les dispositions, pour accomplir une telle mission. Mais le temps pressait et ceci peut expliquer cela�!� M�me analyse de la part du g�n�ral Maurice Schmitt, lieutenant � la C. A. aux renseignements lors de la deuxi�me bataille d�Alger. Il a dit ceci : �Nous avons fait notre m�tier, nous militaires, parfois dans des circonstances que nous nous souhaitions pas�. C�est vrai, nous �tions tous pris dans cet �tau ordonn� par des ordres politico-militaires, � qui nous avons ob�i. Puis est arriv� le colonel Roger Trinquier. Le 10 f�vrier 1957. La m�thode �tait tout aussi radicale que celle de Bigeard, mais Trinquier a utilis� plut�t des solutions d�j� employ�es par le IIIe Reich ou autres r�gimes identiques. Diviser le Grand Alger en il�ts, maisons, bidonvilles num�rot�s qui permettent de ficher la population musulmane avec leurs diff�rents responsables et faire un organigramme de chaque il�t. Le capitaine Alain L�ger, en m�me temps, exploitait une autre m�thode de renseignement, dans ces il�ts, � l�aide de compromis ou d�anciens fellagas ralli�s, mais dans la deuxi�me phase de la bataille d�Alger, de juillet � septembre 1957, m�me le g�n�ral Maurice Schmitt reconna�t que le recours aux m�thodes fortes n�est plus aussi r�pandu qu�� la premi�re bataille d�Alger (f�vrier-mars-avril 1957), bien que la recherche du renseignement, par tous les moyens, sera constamment utilis�e � Alger ou ailleurs, principalement par les D.O.P. (les D.O.P. �taient connus de l�ext�rieur, c�est-�-dire on leur livrait les prisonniers sans chercher � savoir ce qu�ils devenaient). En bref, tous les moyens �taient bons pour obtenir des renseignements. Exemple, j�ai vu le capitaine Jean Graziani, ancien d�Indochine, officier du 2e Bureau � Alger, 10e D.P. en galante compagnie avec la plus terroriste des femmes, la chef des principales poseuses de bombes � Alger �Djamila Bouhired�. Tout ce stratag�me sentimental pour lui extorquer des renseignements. Pour nous, c��tait consid�r� comme la plus douce des m�thodes pour faire parler. Il fut tu� plus tard � la t�te de sa section. A Alger, nous avons tout tent� pour vaincre le terrorisme dans cette ville, sous les ordres du g�n�ral Massu et de son adjoint le colonel Godard, qui ob�issaient au gouvernement Lacoste et Mollet. Ainsi que Fran�ois Mitterrand, ministre de l�Int�rieur, qui disait ceci : �L�action des fellagas ne permet pas de concevoir en quelque forme que ce soit, une n�gociation. Elle ne peut trouver qu�une forme terminale �La guerre��. Dans ce contexte de pacification ou de maintien de l�ordre, comment voulez-vous que nous nous retrouvions dans nos d�cisions militaires ? Aujourd�hui, 50 ans apr�s, toutes ces erreurs politicomilitaires, �a n�a servi � rien, car, tout ce que nous d�couvrons, que ce soit en Irak dans la prison d�Abou-Ghra�b ou au camp de Guantanamo, ou encore place Beauvai en 1995, sans parler des exactions sur des civils par l�arm�e anglaise, encore en Irak aujourd�hui. Pour en revenir � nous, nous les acteurs de la Guerre d�Alg�rie, moi en particulier, 57 mois effectifs, un record, disent certains, ce qui, aujourd�hui, cr�e des grincements de dents parmi ceux qui n�en ont pas fait le quart. Et, pour certains, aujourd�hui qui d�ploient des mots �assassins� � mon �gard y compris des menaces de mort, sous pr�texte que je dis la v�rit� concernant mon v�cu dans cette guerre, mon histoire les d�range. A ceux-l�, je leur dis que ce comportement et ces paroles d�montrent bien cet instinct assassin que nous avions en nous � l��poque et qui pour eux ressort aujourd�hui. Ce n�est plus contre des fellagas, mais contre leur ancien coll�gue de l��poque et du m�me r�giment. Cet �tat d�esprit d�montre bien que tout homme peut devenir un assassin. On a m�me voulu me faire arr�ter d��crire et essayer de prouver par des arguments d�form�s que ce que j�avan�ais �tait faux, parfois. Un exemple : lors de la deuxi�me bataille d�Alger, de juillet au 4 septembre 1957, le �g�n�ral Maurice Schmitt� a dit � qui voulait l�entendre ou a �crit dans diff�rentes revues combattantes : �Cloarec avance des arguments dont il ne peut pas en apporter la preuve puisqu�il a rejoint le r�giment apr�s la deuxi�me bataille d�Alger qui a pris fin le 4 septembre 1957 alors qu�il �tait de retour apr�s une absence de trois mois, plus trente jours de convalescence, soit le 14 septembre 1957�. C�est faux, mon g�n�ral. J�ai rejoint le troisi�me RPIMA et ma troisi�me compagnie le 15 ao�t 1957, en pleine bataille d�Alger. Que dit mon dossier m�dical, que j�ai �norm�ment eu de peine � obtenir. Il a fallu que je fasse intervenir un d�put�, membre de la commission de d�fense nationale. Et pour cause �! Il dit : �Le caporal-chef Cloarec a �t� hospitalis� � l�h�pital militaire Ducros � Blida du �14 avril 1957 au 22 juillet 1957�, m�me avec en plus un mois de convalescence que j�ai refus�e, apr�s insistance aupr�s du capitaine de Lamby et du sergent Ren� Sentenac, j�ai pu r�int�grer au bout de trois semaines la troisi�me compagnie, en pleine bataille d�Alger, c�est-�-dire : le 15 ao�t 1957 et non pas le 14 septembre 1957 apr�s la �guerre�� Voil� pour la mise au point sur ce sujet et l�, je m�insurge pour deux raisons : 1. me faire passer pour un menteur ; 2. avoir voulu me faire passer pour �un d�rang� qui affabule� Pourquoi ai-je �t� hospitalis� si longtemps ? Ce sont tout simplement les cons�quences du peloton Fana. A la suite, j��tais cuit, j�ai failli crever, je crachais le sang en cachette tous les jours. Seul Sentenac le savait. Je me suis accroch� tous les jours en serrant les dents, �a a dur� six mois et le 14 avril 1957, je me suis �croul� en pleine op�ration, je ne pouvais plus faire un pas. Sentenac m�a fait �vacuer, j��tais dans le coma, sans savoir ce que j�avais. �a a dur� trois jours, je me suis r�veill� � l�h�pital. J�ai d� subir au cours de ces trois mois : 180 piq�res de p�nicilline ; 130 piq�res de septromicine et 4 ponctions lombaires, sans parler des pilules et cachets. Alors, que l�on ne vienne pas m�emmerder aujourd�hui car bien d�autres � ma place auraient demand� leur rapatriement en France. Certains l�ont fait pour moins que �a� ! Moi, au contraire, j�ai �court� ma convalescence et en 1958 je rempilais pour trois ans, car je croyais en notre combat. Trahi en 1961, je quittais l�arm�e le 8 f�vrier 1961 sans rien, �sans psychologue�, �sans pension� uniquement les 4,75 euros annuels pour M�daille militaire et L�gion d�honneur. C�est pour �a qu�aujourd�hui, � tous ces redresseurs de torts, je leur dis qu�ils aillent se faire foutre et c�est bien peu dire. Maintenant, je voudrais confirmer ceci et ce sera ma conclusion : Si l�on continue � me menacer, comme �a continue, par deux l�ches sous le couvert de l�anonymat du 3e RPIMA, malgr� mon message de �Halte au feu� dans mon dernier courrier du 20 janvier 2006, je pr�viens : ma r�plique sera �crite comme cette r�ponse d�aujourd�hui due au comportement de l�Amicale du 3e RPIMA (ci-jointe), alors aussit�t, je referai d�autres r�v�lations dont aujourd�hui c�est un extrait de mes 27 cahiers � spire restant � divulguer. Donc, continuez vos menaces et je continuerai � d�baller. Mais l�, je commencerai � donner les noms de ceux qui ont particip� � certaines exactions que j�ai cit�s dans ce courrier ou d�autres, et que je n�ai encore pas divulgu�s. Comble de l�ironie : C�est d�avoir �t� adul�, honor�, port� sur un pi�destal pendant 50 ans par ses pairs et aujourd�hui, ceux-l� m�mes �pour avoir r�v�l� les dessous de notre histoire commune en Alg�rie� en rompant l�omerta, ceux-l� m�mes qui aujourd�hui veulent tous me loger une balle dans la t�te, d�voilant ainsi leur instinct assassin qui ressurgit�! A ce jour, en Alg�rie, je n�ai respect� que deux chefs : le sous-lieutenant Jacques Michel et le sergent-chef Ren� Sentenac. Ce sont les deux seuls, apr�s avoir �t� affect� avec eux, � l�issue du peloton Fana � la 3e compagnie, qui m�ont appris le m�tier de chef de guerre et fait respecter la convention de Gen�ve � la lettre, sans fanatisme ni torture. Ils �taient toujours devant. Le premier Michel fut gri�vement bless� � Alger en juillet 1957, �un appel� sous-lieutenant. Le second 13 citations, 7 fois bless�, �mourut � mes c�t�s le 21 novembre 1957. Je me souviens qu�en Kabylie il m�a interdit d�abattre un prisonnier pris les armes � la main. Il avait une Croix de guerre T.O.E. Ce prisonnier a �t� graci� et lib�r� par la suite avant notre d�part pour Timimoun, o� Sentenac fut tu�. Avertissement (le dernier) J�avais pourtant dit : �Halte au feu !� J�ai l�impression d�avoir �t� mal compris par certains (deux ou trois). Je pr�viens : � la moindre menace d�o� qu�elle vienne et de qui que ce soit, je diffuserai aussit�t le solde de mes manuscrits, 7 cahiers � spires, en mentionnant les noms et les grades des acteurs. J�en ferai une large diffusion aux m�dias, y compris alg�riens�. �Qu�on se le dise. Ce que vous venez de lire n�est qu�un extrait. P. S. : La peur, la haine, l�intol�rance, je n�ai jamais connu. A bon entendeur salut. Raymond Cloarec LETTRE DU GENERAL SCHMITT �Nous continuons le combat� !!! Nous reproduisons en extenso la lettre envoy�e le 26 novembre 2002 par le g�n�ral Schmitt � l�ex-adjudant Raymond Cloarec. C��tait le temps des formules courtoises et des expressions mielleuses. A cette �poque, Cloarec avait subi les remontrances de ses employeurs qui n�acceptaient pas qu�il porta ses citations et L�gion d�honneur (qualifi�s de gris-gris) sur sa tenue de travail. Schmitt lui fit part de sa compassion et de son soutien verbal en vue de gagner � sa cause Cloarec. Dans cette correspondance, Schmitt �voque Crier ma v�rit�,le livre de Bigeard, et affirme : �Nous continuons le combat. Il faudra bien gagner cette nouvelle bataille d�Alger que l�on nous impose.� Qui a dit que la guerre d�Alg�rie �tait termin�e. M. Philippe Douste-Blazy, le ministre fran�ais des Affaires �trang�res, qui vient de d�clarer sur les ondes de RMC que �(...)Il est important pour l�Alg�rie(...) de regarder devant(...)� devrait plut�t s�adresser � Schmitt et consorts pour qui la guerre se poursuit, quitte � le faire contre ses propres troupes...