Entraîneur d'athlétisme, Ahcène Bouteldja s'était spécialisé dans le sport pour handicapés et avait débuté à l'IRHD et dirige l'EN d'Algérie avec succès. Puis, il est allé exercer ses compétences dans le Golfe, au Koweït puis au Qatar où il dirige actuellement la sélection handisport de ce pays avec laquelle il vient de remporter une médaille d'or au Championnat du monde de Londres. Et qui s'ajoute à son fabuleux palmarès de 224 médailles (v. encadré). Le Soir d'Algérie : Avez-vous toujours été un entraîneur de sportifs handicapés ? Ahcène Bouteldja : Non, j'ai obtenu mon diplôme d'entraîneur en 1990, mais j'avais débuté ma carrière en 1987 à l'IR Hussein-Dey, avec les valides, bien sûr. Ce n'est qu'en 1992 que j'ai commencé à me spécialiser pour entraîner des handicapés. A l'époque, on avait formé une équipe de trois athlètes à l'IRHD et on avait raflé la première place dans les Championnats d'Algérie. Jusqu'en 1996, j'étais donc le coach des valides et des handicapés à l'IRHD et c'est au cours de cette année que j'ai été sollicité par un club koweïtien Que vous aviez refusé dans un premier temps... Oui, je n'avais pas vraiment envie de quitter le pays mais comme les Koweïtiens insistaient et que j'avais un problème avec la Fédération algérienne, j'ai quitté le pays pour le Koweït. Où vous êtes resté six ans et demi ? J'ai travaillé au Koweït pendant six ans et demi, cinq ans avec les handicapés et une année et demie avec des valides. Avec quel palmarès ? J'ai obtenu quatre médailles de bronze aux Championnats du monde de Birmingham en 1998 et deux de bronze également aux JO paralympiques de Sidney en 2000. Est-ce que vous entraînez un sportif valide et un handicapé de la même façon ? Non, il y a une différence. Mais je vais vous dire quelque chose que certains hésitent à affirmer, mais que moi je n'ai pas honte de le penser. Il est vrai que les résultats sont moins difficiles à obtenir avec des handicapés. Et pourquoi ? Parce que chez les valides, par exemple, il n'y a qu'une seule épreuve sur le 100 m ou le 200 m. Alors que chez les handicapés, il y a plusieurs épreuves sur une même distance ce qui augmente les chances de victoire. Maintenant, je dois préciser que pour être un bon entraîneur chez les handicapés, il faut d'abord l'être chez les valides, parce que c'est très difficile de diriger un non-valide. Et en quoi consiste la difficulté ? Chez un athlète normal, on adopte une technique et cela suffit. Mais chez le handicapé, il faut adopter la technique au handicap. Par conséquent, il faut identifier le handicap et lui apporter la meilleure façon de s'entraîner. Quel est le handicap le plus difficile à gérer ? Tous les handicaps sont difficiles à gérer parce que chacun a sa spécificité et sa difficulté. Mais je dirais que les plus faciles ce sont les non-voyants parce qu'à part la vue, ils sont pratiquement au niveau des valides. Avez-vous plus de facilité à entraîner des handicapés au Qatar ? Le problème dans ce pays c'est qu'il est difficile d'avoir de tels athlètes, soit parce qu'ils ont honte de leur handicap soit parce qu'ils sont issus d'une famille princière et que cette dernière ne tient pas à exposer un membre considéré comme une mauvaise image. Au dernier Championnat du monde à Londres, j'ai obtenu une médaille d'or. Et elle aurait dû faire la fierté du Qatar ? Bien sûr, et surtout à l'heure actuelle où le Qatar est isolé par des pays voisins. D'ailleurs, lors de ce Championnat du monde, le Qatar s'est classé 4e pays arabe derrière la Tunisie et l'Algérie et nous avons accroché la 38e place. Et comme on a battu l'Egypte, c'est dire que les Qataris étaient encore plus fiers vu que ce pays fait partie de cette coalition qui s'est opposée au Qatar. Et comme on a fait mieux que tous les autres pays du Golfe, cette médaille d'or a eu un impact très positif. Au Qatar, vous gagnez certainement plus que si vous exerciez en Algérie ? C'est évident, mais sincèrement, à chaque fois que je participe à l'ouverture de Jeux paralympiques avec le Qatar, j'ai les larmes aux yeux, parce que j'aurais aimé le faire avec mon pays, l'Algérie. Rien ne vous empêche de revenir au pays... Je ne peux pas le faire d'abord parce que j'ai été rejeté par la fédération de mon pays et qu'en Algérie, on n'aime pas la compétence. Ensuite, au niveau du salaire, je ne pourrais jamais toucher ce que je perçois chez les Qataris. Enfin, depuis le temps que je vis là-bas, j'ai des enfants qui y sont scolarisés et le changement poserait un problème. Propos recuillis par Hassan Boukacem Palmarès En tant qu'entraîneur, Ahcène Bouteldja totalise 224 médailles obtenues par les athlètes valides et handicapés qu'il a dirigés : - 96 médailles d'or - 75 médailles d'argent - 53 médailles de bronze Ses athlètes ont également battu des records répartis comme suit : - 6 records du monde - 2 records du monde paralympiques - 8 records d'Afrique - 6 records asiatiques - 10 records du Golfe