Dans sa catégorie des poids mouche (52 kg), Mohamed Flissi est certainement le meilleur pugiliste algérien. Il l'a encore prouvé lors des derniers Championnats du monde au Qatar en remportant une médaille de bronze pour la deuxième fois consécutive. Il estime qu'il peut mieux faire à condition de bénéficier d'un soutien plus conséquent. Le Soir d'Algérie : Avec le recul, ne pensez-vous pas que vous auriez pu gagner une médaille d'argent ou d'or ? Mohamed Flissi : Je dois vous avouer que mon rêve était de devenir champion du monde et de glaner une médaille d'or. Mais, en demi-finale, je n'étais pas dans mon jour. J'étais vraiment sous pression. Et vous n'avez pas pu gérer cette pression ? Ce n'était pas la pression du combat ou la peur de l'adversaire mais une sorte d'angoisse lorsqu'on voit les médailles et tout cet environnement. Je n'avais pas dormi pendant trois jours. Vous êtes le seul boxeur algérien à avoir récolté une médaille au cours de ce Championnat du monde. est-ce à dire que la boxe est en crise en Algérie ? Non, au cours de ce Championnat du monde, on s'est présenté avec d'excellents pugilistes comme Chadi, Baâziz ou Bouloudinet. Mais on a encore subi un arbitrage en notre défaveur. En Algérie, il y a de très bons pugilistes et de bons entraîneurs, mais, à chaque compétition internationale, on fait face à certains arbitres qui ne pensent qu'à nous briser. Ce n'est pas la première fois que nos boxeurs ont des problèmes avec les arbitres. Ils auraient pu en prendre compte. En boxe, il est facile de faire perdre un pugiliste. Nous avons souvent affaire à des juges partiaux qui avantagent certains au détriment d'autres. Certains n'aiment pas les boxeurs arabes. Comment avez-vous trouvé le niveau de ce Championnat du monde ? C'est un niveau très élevé. Ce sont les meilleurs pugilistes de la planète qui étaient présents. Pour moi, personnellement, je dirais que le niveau de ce championnat est largement supérieur à celui des Jeux olympiques. Justement, votre prochain objectif, c'est une médaille aux JO au Brésil l'année prochaine ? Oui, tout à fait. J'ai promis à nos dirigeants de viser une médaille aux prochains JO. Et puisque vous venez de dire que le Championnat du monde est plus fort que les JO, vous devriez viser l'or tout simplement. Oui, pourquoi pas, mais à condition que l'on mette à notre disposition tous les moyens pour atteindre cet objectif. Par moyens, vous voulez dire des stages d'entraînement à Cuba ou aux USA ? Non, en ce qui concerne les stages, Dieu merci, nous avons ce qu'il faut, mais nous autres les boxeurs on n'est pas fait en acier. Il nous arrive d'être fatigués. On est des êtres humains et nous avons une famille et des enfants qu'il faut nourrir et élever. Bien sûr, c'est un honneur pour moi de représenter dignement l'Algérie et je crois que je suis le seul à avoir remporté deux médailles dans deux Championnats du monde mais je ne travaille pas. Alors, si je dois poursuivre un objectif très haut placé, je ne dois penser qu'à la boxe. Et que voulez-vous exactement ? Je voulais un statut d'éducateur, mais rien. Je ne veux pas un salaire de centaines de millions comme un joueur de foot, mais une prise en charge correcte. Pour le moment, c'est l'IBF qui m'aide financièrement, mais je souhaiterais un soutien de la part du GSP.