Selon les tenants du n�o-lib�ralisme, le socialisme dans ses versions sociale-d�mocrate ou communiste est mort et enterr� car la mondialisation n�olib�rale a d�finitivement impos� son ordre. Ceux qui, � leurs yeux, contestent cette derni�re affirmation sont soit de mauvais perdants, des gens n�ayant pas su saisir leur chance, soit des utopistes qui estiment qu�il y a une alternative au capitalisme mondialis�. Pour les tenants de l�ordre n�o-lib�ral et de la fin de l�histoire, la mondialisation capitaliste comme syst�me de gestion est ind�passable, une fin en soi. Quant aux effets n�gatifs que g�n�re ce syst�me, il faut, disent-ils, les corriger � la marge. Depuis l�effondrement du mur de Berlin, on assiste, comme jamais auparavant, � une situation o�, selon Jacques Attali, �1% des habitants de la plan�te disposent de 57% des richesses mondiales�. Observant l��volution du capitalisme, l�ancien conseiller du pr�sident Mitterrand, pr�sident de PlaNet Finance, assure que �le march� n�a pas atteint tous les territoires g�ographiques possibles et nombre de secteurs de la vie et des biens collectifs ne sont pas enti�rement soumis � la destruction capitaliste : la sant�, l��ducation, la police, la justice..., mais le collectif se r�duit pour laisser place au tout-marchandise�. Il consid�re que �le syst�me capitaliste est un corps sans t�te, dans lequel le march� est en train de d�truire la d�mocratie, contrairement � la vieille croyance de l�id�ologie lib�rale �. Ajoutant : �On assiste � une phase de disparition progressive du champ de la d�mocratie, remplac�e par un processus de d�cision maintenant l�illusion de la libert� dans le march�. Et de conclure que �laisser le march� l�emporter sur la d�mocratie, c�est se condamner � voir dispara�tre la perspective d�une soci�t� libre�. En effet, la d�r�glementation socio-�conomique g�n�ralis�e � laquelle on assiste, y compris en Alg�rie, la pauvret� et la pr�carisation de l�emploi � l��chelle mondiale, la stagnation des salaires pour le plus grand nombre, le d�classement des dipl�m�s universitaires et le ch�mage massif, et � terme � situation � laquelle on assiste en Europe � la disparition des classes moyennes, sont aujourd�hui le lot de toute la plan�te. Les attaques syst�matiques contre les libert�s syndicales, la protection sociale, les services publics, tous consid�r�s comme des survivances archa�ques, sont un signe indicateur que la mondialisation n�o-lib�rale n�a pas encore dit son dernier mot. Reste que par les in�galit�s sociales qu�il g�n�re � une �chelle jamais �gal�e, le n�o-lib�ralisme est en train de montrer ses limites dans la mesure o� un march� d�r�gul� est incapable de r�pondre � la demande sociale sans cesse grandissante, que ce soit en mati�re d�emploi, d�acc�s aux soins, � l��ducation et au logement, en bref, pour assurer un minimum de bien-�tre social. En revanche, comme le souligne le philosophe Lucien S�ve, �dans l�extraordinaire fr�n�sie n�olib�rale o� monte la possibilit� du pire pour l�humanit�, s�accumulent aussi comme jamais des pr�-conditions de son d�passement vers le meilleur�. Partout dans le monde, on assiste en effet � un rejet des politiques n�o-lib�rales exprim� par ces mouvements altermondialistes qui tiennent chaque ann�e des rassemblements sous forme de forum social, dont le dernier s�est tenu � Karachi. Et le jour o� cette dynamique altermondialiste anti-lib�rale, l�expression d�un nouvel id�al de justice sociale et de d�mocratie participative, fera jonction avec des mouvements politiques tirant les le�ons de l��chec du socialisme tel que pratiqu� dans les anciens pays de l�Est europ�en, voire de la sociale-d�mocratie dans l�Europe de l�Ouest, l�exigence d�un ordre social plus juste, fond� sur le respect des libert�s, sera alors possible. Pour l�heure, altermondialistes et partis progressistes en sont encore au stade d�une exploration des voies et moyens de cette transformation sociale � laquelle un certain Karl Marx, dont les id�es ont �t� d�voy�es, r�vait de son vivant.