L�alliance du Hezbollah avec le parti du g�n�ral Aoun, et non la capture de deux soldats isra�liens, est sans doute l��l�ment d�clencheur de l�offensive isra�lienne. La force du Hezbollah, fond� en 1982 en pleine guerre civile, r�side dans l�opacit� qui structure ce parti. �La r�sistance islamique au Liban ne dispose pas de bases militaires, ni de casernes�, affirmait son leader Hassan Nasrallah. Les effectifs de sa branche militaire ne sont pas connus. Son budget est tenu secret. Et le type d�armes dont il dispose n�est pas d�voil�. Ce mouvement politicoreligieux chiite est le produit d�un double mouvement identitaire et politique. Identitaire, parce qu�il a r�ussi � exploiter le fait que les chiites, qui repr�sentent pr�s du tiers de la population libanaise, ont longtemps v�cu sous un statut de seconde classe et que le parti Amal de Nabih Berri, min� par la corruption, ne d�fendait pas les int�r�ts de cette communaut�. Politique, rassemblant plusieurs tendances � le �Amal islamique� (une dissidence d�Amal) et la branche libanaise du parti Da�wa �, il va rapidement s�imposer socio-politiquement et militairement en �vin�ant son rival chiite Amal du sud du Liban en 1987 et du sud de Beyrouth en 1988, n�h�sitant pas � affronter l�arm�e syrienne alli�e alors d�Amal, avant de se lancer dans une r�sistance arm�e contre l�occupation du sud du Liban par Isra�l entre 1990 et 2000. Dans les zones qu�il contr�le, il impose un ordre social religieux comparable � celui de l�Iran des mollahs. Toutefois, ce sont les attentats suicides contre les Marines (200 morts) et les parachutistes fran�ais (58 morts), le 28 octobre 1983, attribu�s au Hezbollah, qui constituent son v�ritable acte de naissance, et cela bien qu�il ne les ait pas tout � fait revendiqu�s. Et bien qu�il s�en d�fende, il ne fait aucun doute que derri�re le jihad islamique auteur d�une bonne partie des 150 rapts de ressortissants �trangers, dont le chercheur fran�ais Michel Seurat, se cachait le Hezbollah. Le Parti de Dieu est de ce fait vite catalogu� de �mouvement terroriste�. A partir de 1985, le Hezbollah fait sa mue politique et se transforme en mouvement de r�sistance politico-religieux, s�interdisant toute action paramilitaire � enl�vements ou attentats � � l�int�rieur ou en dehors du territoire libanais. Il faut rappeler, � ce propos, que c�est � la suite des attentats du 11 septembre 2001 que le Hezbollah a �t� plac� par Washington sur la liste des organisations terroristes, alors qu�il figurait sur celle des mouvements de lib�ration. Et si l�Iran de Khomeini l�a aid� financi�rement et militairement lors de sa cr�ation dans la plaine de la Bekaa, il serait faux de le consid�rer comme l�instrument des mollahs iraniens ou des �moukhabarat� (services secrets) syriens. En r�alit�, le Hezbollah s�est surtout affirm� comme force politique et militaire en prenant la t�te de la r�sistance arm�e contre l�occupation isra�lienne du sud du Liban entre 1990 et 2000, non sans �liminer les autres composantes de la r�sistance, en particulier les groupes arm�s communistes � l�origine de cette r�sistance. Dirig� par Hassan Nasrallah, le Hezbollah chapeaute plusieurs organisations caritatives : l�association Al-Jarih, qui aide les bless�s et handicap�s, l�association Al-Shahid, qui prend en charge les familles des �martyrs�, et l�association Jihad et Binaa, qui r�habilite les sites d�truits par l�arm�e isra�lienne. Il entretient �galement un vaste r�seau d��coles, de dispensaires et d�h�pitaux et dispose d�une radio et d�une cha�ne de t�l�vision, Al- Manar. Sur le plan politique, le Hezbollah s�est converti au pluralisme. Suite au scrutin l�gislatif de 2005, il dispose d�un groupe de 28 d�put�s dont 11 sont issus de ses rangs et si�ge au gouvernement o� il dispose de trois portefeuilles minist�riels, dont celui de l�Energie est occup� par un de ses dirigeants. Enfin et surtout, le 8 juin 2006, il a conclu une alliance politique, dite �Document d�entente�, avec le Courant patriotique libre (CPL) du g�n�ral Michel Aoun. Document qui stipule que le d�sarmement de la branche militaire du Hezbollah devra �tre d�cid� dans le cadre d�un �dialogue national�. Cette alliance inattendue, qui avait pris au d�pourvu le �camp anti-syrien�, a radicalement modifi� le champ politique libanais. C�est sans doute cette alliance � et non la capture de deux soldats isra�liens � qui a �t� l��l�ment d�clencheur de l�offensive militaire isra�lienne. Washington ne reproche-t-il pas au g�n�ral Aoun d�avoir ralli� le �camp syrien� !