�Dans ce pays rien n�est interdit �, nous lance Mourad. En short et le corps mouill�, ce jeune homme vient de faire trempette dans les eaux troubles de la plage Ka�-Essour, � quelques m�tres de la place des Martyrs, au centre d�Alger. Sa r�ponse est aussi claire que la consigne affich�e � l�entr�e du site : �Plage pollu�e, baignade interdite.� Aussi sceptique, et aussi invraisemblable que cela puisse para�tre, � Ka�-Essour, on se baigne et on fait bronzette sur le sable chaud. �Je me suis renseign� aupr�s du p�cheur du coin sur la propret� des eaux, lui-m�me se baigne souvent ici et il n�a jamais eu des p�pins de sant�, nous affirme ce jeune homme qui pour la premi�re fois vient se baigner dans cette plage qui �tait relativement d�serte � notre passage. �Ce que je craints le plus c�est les �gouts, les sacs en plastique qui flottent et les restes d�aliments ne me font pas peur !� reprend-il. Ce dernier croyant que nous sommes venus pour nous baigner, nous conseille un endroit �o� l�eau est propre�. Avec son doigt il nous montre l�autre bout de la plage. En fait, tout pr�s de l��norme conduite d��vacuation des eaux us�es. A priori, notre guide de service semble ignorer le danger qui le guette car Bab-El-Oued continue de rejeter des milliers de m�tres cubes d�eaux us�es au fond de Ka� Essour. Quelque m�tres plus loin, Fethi joue seul avec sa bou�e bleue au bord de l�eau. �Je viens r�guli�rement � Ka� Essour�, nous dira cet enfant de 10 ans. �Comme j�habite � c�t�, il m�arrive de venir ici, seul ou avec mes parents.� Comme Mourad et Fethi, ni le tas de ferraille rouill�e ancr�e dans le sable, ni l�odeur naus�abonde qui enveloppe l�atmosph�re ni m�me les couches compacts d�ordures flottant sur l�eau n�ont dissuad� ces �estivants�. Pourtant, � un jet de pierre, � Bab-El-Oued notamment, il existe bel et bien des plages autoris�es � la baignade � l�image de El Kettani et R�mila. A l�entr�e, les visiteurs sont d�embl�e rassur�s par un panneau sur lequel on peut lire �Plage autoris�e. Eaux de baignade r�guli�rement contr�l�es�. Jadis fr�quent�es exclusivement par la gent masculine et quelques couples en qu�te d�intimit�, R�mila et El Kettani connaissent depuis leur r�habilitation en 2004 une affluence consid�rable d�estivants. Il faut dire que l�eau est relativement limpide et l�am�nagement des lieux r�ussi. Apr�s les inondations de Bab- El-Oued de novembre 2001, les �normes rochers qui jonchaient la plage ont �t� enlev�s laissant ainsi place � une large et longue bande de sable. Location de parasols et de chaises en plastique (respectivement 100 et 50 DA l�unit�), vestiaires, bacs � ordure vantant la blancheur d�Alger sont mis � la disposition du public avec en prime des douches gratuites. Sous le regard imposant de la cath�drale Notre-Dame d�Afrique, mais aussi devant une horrible grue (un chantier est ouvert � l�autre bout de la plage) hommes, femmes et enfants, seuls ou en famille, profitent des plaisirs de la mer en cette journ�e ensoleill�e de juillet o� la temp�rature fr�le les 33�. �Ils viennent de tous les quartiers d�Alger et m�me de l��tranger pour se baigner � R�mila�, soutient Mohamed, un agent saisonnier de la Protection civile rencontr� sur place. Avec ses quatre coll�gues, Mohamed assure la surveillance de la plage R�mila de 9h � 19h. La plage El Kettani est dot�e elle aussi d�une �quipe de cinq agents de la Protection civile. �L�ambiance est familiale et dans l�ensemble tout va bien !� atteste notre interlocuteur. Selon lui, le nettoyage de la plage se fait quotidiennement par les services de la commune. �Pourquoi aller plus loin avec tout ce que cela implique comme d�penses quand on a la plage juste � c�t� de chez soi ? � nous dira une homme venu avec son enfant profiter des plaisirs de la mer. �Par ces temps de vaches maigres, une journ�e � la mer co�te tr�s ch�re et comme je ne veux pas priver mon fils je n�ai vraiment pas le choix�, poursuit-il. En effet, la majorit� de ceux qui fr�quentent les plages de Bab-El- Oued et de Ra�s-Hamidou sont des habitu�s des lieux et des habitants des quartiers limitrophes. Franco, Rascasse, Deux-Moulins, Pointe-Pescade, Le Bar et La Crique ont toutes �t� am�nag�es et �quip�es de poste de Protection civile et autres �quipements de plage �vitant aux Alg�rois les contraintes des transports et les d�penses on�reuses. Apr�s avoir longtemps tourn� le dos � la mer, Alger veut renouer avec la grande bleue. Plusieurs plages situ�es dans les quartiers ouest de la capitale ont �t� r�habilit�es par les autorit�s. Mais force est de constater que les plages rocheuses encore interdites � la baignade continuent d�attirer les jeunes Alg�rois par �habitude�, pour �fuir le rush des plages autoris�es � ou tout simplement �par manque de moyens�.