Connue sous le nom de Qaâ Essour, la plage située en contrebas de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et du Bastion 23, à l'entrée de Bab El Oued semble délaissée au vu des travaux d'embellissement qu'ont connus les plages avoisinantes. Elle ne figure pas sur la liste des sites ouverts à la baignade dans cette commune arrêtée par la wilaya dernièrement, à l'instar de Kettani et de R'mila, complètement retapées cette année. Cela étant, Qaâ Essour n'est pas officiellement fermée aux estivants. Aucune barricade n'est érigée, et il n' y a pas de plaque interdisant la baignade. Rares sont les gens qui viennent ici pour passer quelques moments, histoire de se détendre. Tout juste quelques couples disséminés çà et là. Comprise entre l'Amirauté, et l'esplanade appelée Icosium, la plage n'offre aucune commodité à la baignade ou à une simple randonnée. Ce n'est plus le lieu de « promenade des Algérois » comme avant. Le regretté Dahmane El Harrachi, devant cet état désolant, aurait-il chanté Fi Qaâ essour, nahi t'qaf ouassehour (je vais à Qaâ Essour pour conjurer le mauvais sort et exorciser l'ensorcellement) ? Décidément, il n'y a aucun sort à conjurer, aucun ensorcellement à exorciser dans cette plage qui a tout perdu de son charme d'antan au point d'être complètement abandonnée. L'entrée de la plage est constituée en partie d'un terrain accidenté non encore bitumé. L'angle du contrebas de la rue, du côté du bastion 23, est devenu un lieu d'aisances pour certaines personnes. Les escaliers qui mènent directement vers la mer se trouvent dans un état lamentable. Une puanteur insupportable s'y dégage au point de vous empêcher de gagner le rivage à partir de cette issue. Du haut du sour (mur) qui surplombe la mer, une étendue d'eau très sale, d'environs une centaine de mètres, s'impose aux yeux. Quelques barques rament au large en prenant soin d'éviter cette tache. Un réseau d'assainissement collectant les eaux usées des quartiers environnants se termine du côté de la place Icosium et jette le contenu de ses entrailles directement dans la mer sans aucun traitement préalable. Cependant, cela n'a pas dissuadé les pêcheurs de s'adonner à leur occupation favorite. Ils lancent leur canne dans une eau grisâtre et puante. « Il n'y a rien ! », s'indigne un de ces pêcheurs, la mine froissée. Pourtant, il ne cesse de recommencer les mêmes gestes. En bas du Bastion 23, la carcasse d'une construction constitue un décor malsain implanté au milieu du sable. Au fond, du côté de l'Amirauté, la plage ne communique plus avec le petit stade qui s'y trouve. Une barricade, devenue un urinoir, a été érigée sur place. Derrière le stade, quelques pêcheurs travaillent à préparer leurs filets. Les rares présents sur la plage, individuellement ou en famille, retroussent leurs pantalons pour avoir un contact avec la mer.