Une information annon�ant la mort d�Oussama Ben Laden, l�homme le plus recherch� au monde, a fait le tour des r�dactions et des chancelleries hier, toutefois sans aucune confirmation officielle. C�est le quotidien fran�ais L�Est R�publicain, reprenant une note secr�te de la DGSE, qui a publi� l�information selon laquelle le num�ro 1 d�Al-Qa�da serait mort cet �t� des suites d�une fi�vre typho�de. Les autorit�s militaires fran�aises, par la bouche de la ministre de la D�fense, ont vite fait de confirmer l�existence de cette note, ajoutant qu�il n��tait pas possible de confirmer l�information. Plus tard, c�est Jacques Chirac lui-m�me qui est intervenu pour dire pratiquement la m�me chose : "Cette information n'est en rien confirm�e d'aucune fa�on que ce soit et je n'ai donc pas de commentaire � faire sur ce point", a dit le pr�sident fran�ais lors d'une conf�rence de presse commune avec Vladimir Poutine et Angela Merkel, au ch�teau de Compi�gne (France). Ce qui semble plut�t inqui�ter les officiels fran�ais est la fuite du document et sa publication dans la presse. Mais que dit donc cette fameuse note de la DGSE qui a soulev� une temp�te mondiale en ce samedi 23 septembre ? Selon L'Est R�publicain, le texte pr�cise que "selon une source habituellement fiable, les services saoudiens de s�curit� auraient acquis la conviction qu'Oussama Ben Laden est mort". "D'apr�s les �l�ments" qu'ils auraient recueillis, il aurait �t� victime d'une tr�s forte crise de typho�de le 23 ao�t dernier alors qu'il se trouvait au Pakistan et les services saoudiens auraient eu le 4 septembre "les premiers renseignements faisant �tat de son d�c�s". Par ailleurs, ajoute le texte, les services saoudiens "attendraient d'obtenir davantage de d�tails, et notamment le lieu de son inhumation, pour annoncer officiellement la nouvelle". La note pr�cise enfin "qu'aucun site Internet djihadiste ne s'est pour l'instant fait l'�cho de la mort d'Oussama Ben Laden". A Washington, le responsable de permanence � la CIA Paul Gimigliano disait ne pas pouvoir confirmer l'information sur Ben Laden. Ben N. Venzke, le directeur du centre IntelCenter, bas� � Washington, qui surveille les communications li�es au terrorisme, confirmait n'avoir "rien vu sur des messages d'Al-Qa�da ou d'autres indicateurs qui puissent indiquer la mort d'Oussama Ben Laden" et soulignait qu'Al-Qa�da diffuserait probablement assez rapidement l'information sur le d�c�s si elle �tait av�r�e. "Ils voudraient diffuser ce genre d'information pour contr�ler la fa�on dont elle est d�velopp�e. S'ils attendaient trop longtemps, ils risqueraient de perdre l'initiative sur le sujet", a-t-il expliqu� � l'AP. Selon IntelCenter, qui fournit �galement des services de renseignement antiterroriste pour l'administration am�ricaine, la derni�re preuve attestant que Ben Laden �tait encore vivant remonte � la diffusion par Al-Qa�da d'un enregistrement audio le 29 juin dans lequel le chef du r�seau terroriste rendait hommage au d�funt chef d'Al-Qa�da en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tu� dans une frappe am�ricaine en Irak un peu plus t�t ce mois-l�. �Mort� plusieurs fois Par le pass� d�j�, la mort d�Oussama Ben Laden a �t� annonc�e � plusieurs reprises. Mais, rapidement, le num�ro 1 d�Al-Qa�da s�arrangeait pour appara�tre sur des cassettes vid�o diffus�es g�n�ralement par Al Jazeera et o� diff�rentes techniques �taient utilis�es pour dater l�apparition. En mars 2005, un article publi� sur un site Internet islamiste revenait � la charge pour annoncer, encore une fois, la mort d�Oussama Ben Laden, relan�ant les rumeurs les plus contradictoires aux quatre coins de la plan�te. Comme d�habitude, un nouveau message vid�o est venu mettre un terme � ces all�gations. Au moment o� le monde s�interroge � nouveau sur le destin de l�homme qui a �branl� l�Am�rique, va-t-on assister au m�me sc�nario ? C�est-�-dire � et bien s�r dans le cas o� l�homme serait vivant �, � la diffusion d�une nouvelle cassette prouvant qu�il n�est pas mort ? D�ailleurs, sa derni�re apparition date du mois de juin 2006 lorsqu�il avait pr�sent� ses condol�ances � la suite du d�c�s du chef d�Al- Qa�da en Irak, Abou Moussab Al- Zarkaoui. Depuis, c�est le num�ro 2, l�Egyptien Al-Dhawahiri qui est intervenu dans des circonstances pr�cises pour donner le point de vue d�Al-Qa�da sur certaines questions internationales. Le fait que les derniers messages d�Al-Qa�da aient �t� lus par Al-Dhawahiri et non par Ben Laden pouvait laisser penser que ce dernier �tait soit dans l�incapacit� de le faire, soit qu�il ne soit plus de ce monde. Mais si l�on fait une lecture attentive des messages en question, on ne manquera pas de relever qu�ils sont intervenus � des moments pr�cis, comme si l�on cherchait � donner un sens particulier � d�autres �v�nements qui, de prime abord, n�ont aucun lien avec l�organisation de Ben Laden. Dernier exemple en date : alors que la r�sistance libanaise affrontait courageusement l�agression barbare am�ricano-sioniste, un message vid�o d�Al- Dhawahiri venait semer le doute sur la nature du combat men� par les r�sistants dans un amalgame douteux qui pouvait cr�er la confusion dans les esprits d�une opinion publique occidentale fortement manipul�e. Etait-ce le bon moment pour annoncer la cr�ation d�une �entit� d�Al-Qa�da au Liban ? Etait-ce le bon moment pour parler d�une guerre sainte et d�appeler au djihad contre les �impies� et les �m�cr�ants� alors que la r�sistance se voulait �tre celle de tous les Libanais ? Au lendemain de ce message, nous nous �tions interrog�s sur les objectifs de cette intervention et avions relev� les moyens techniques sophistiqu�s utilis�s dans cette vid�o, avec un arri�re-plan fort significatif repr�sentant les deux tours jumelles attaqu�es par les avions ! Quel lien avec la guerre contre Isra�l ? La lecture que nous avions faite de tout cela est qu�il y a anguille sous roche. Se peut-il que les responsables d�Al- Qa�da qu�on nous dit traqu�s et au bout de leur force, chass�s dans les montagnes hostiles et nues du Sud afghanistan par les plus grandes puissances ; se peut-il qu�ils puissent disposer de cet �arsenal� technique et d�un v�ritable studio d�enregistrement ? Le myst�re Al-Dhawahiri Au fa�te de leur gloire, les chefs du mouvement djihadiste se contentaient d��tre film�s dans des grottes ou dans des paysages peu attractifs, � travers des documents vid�o souvent approximatifs. Quand on voit El-Dhawahiri dans tout ce �luxe�, � l��poque de la grande d�che et d�une traque suppos�e �tre impitoyable, il y a de quoi se poser des questions. L�une des explications de ce myst�re serait que le num�ro 2 soit tomb� entre les mains de la CIA qui continue � l�exploiter. Ce qui explique le timing de ses interventions et les moyens techniques mis � sa disposition. Ceci n�est qu�une simple lecture qui n�est pour le moment �tay�e par aucune preuve. Quant � la mort de Ben Laden, nous serons plus nuanc�s. En principe, les premiers � en �tre inform�s � et qui n�auraient pas manqu� de l�exploiter et de la �f�ter� � sont les Am�ricains qui ont un pass� commun fort riche avec Al-Qa�da qu�ils ont cr��e dans les massifs afghans pour contrer l�URSS. Cette �amiti� date des ann�es 1980 lorsque �la CIA et des services secrets pakistanais, qui voulaient transformer le jihad afghan en une grande guerre men�e par tous les pays musulmans contre l'URSS, mobilis�rent quelque 35 000 int�gristes musulmans en provenance de 40 pays islamiques. La guerre �sainte� dura de 1982 � 1992. D'autres dizaines de milliers vinrent �tudier dans les madrasah pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 int�gristes musulmans furent directement influenc�s par le jihad afghan.� (Rober Fisc) En Alg�rie, nous en re��mes un quota impressionnant qui laissa bien des traces� Merci l�Am�rique de Reagan. Le m�me observateur � qui avait rencontr� Ben Laden � plusieurs reprises, pr�cise : �Le jihad islamique �tait appuy� par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, une grande partie du financement provenant du commerce de la drogue dans le Croissant fertile. La CIA, utilisant les services de renseignement pakistanais, jouait un r�le-cl� dans l'entra�nement des mujahideen. A son tour, la gu�rilla soutenue par la CIA fut int�gr�e avec les enseignements de l'Islam : les th�mes pr�dominants �taient que l'Islam est une id�ologie sociopolitique compl�te, que l'Islam sacr� avait �t� viol� par les troupes sovi�tiques ath�es et que le peuple islamique d'Afghanistan devrait r�affirmer son ind�pendance en se d�barrassant du r�gime socialiste afghan soutenu par Moscou.� Alors, quand M. Bush parle de �fascisme islamiste�, nous lui disons : qui a cr�� tout cela ? Hospitalis� � Duba� en 2001 Pour revenir � la rumeur sur le d�c�s de Ben Laden, qui serait d� � une aggravation de son �tat de sant�, nous avons cherch� � savoir si le chef d�Al-Qa�da n�avait pas eu, auparavant, des probl�mes sur ce plan qui expliqueraient cette issue fatale. Nous sommes tomb�s sur l�information suivante : peu avant les attaques du 11-Septembre, Ben Laden avait �t� hospitalis� � Duba� (tr�s exactement du 4 au 14 juillet 2001) � l�h�pital am�ricain de la ville. Le Figaro, dont le scoop avait eu l�effet d�une bombe, pr�cisait : �En provenance de l'a�roport de Quetta au Pakistan, Oussama Ben Laden a �t� transf�r� d�s son arriv�e � Duba� Airport. Accompagn� de son m�decin personnel et fid�le lieutenant, qui pourrait �tre l'Egyptien Ayman al-Zawahari � sur ce point les t�moignages ne sont pas formels �, de quatre gardes du corps, ainsi que d'un infirmier alg�rien, Ben Laden a �t� admis � l'h�pital am�ricain, un b�timent de verre et de marbre situ� entre Al-Garhoud Bridge et Al-Maktoum Bridge. Chaque �tage comporte deux suites �VIP� et une quinzaine de chambres. Le milliardaire saoudien a �t� admis dans le tr�s r�put� d�partement d'urologie du docteur Terry Callaway, sp�cialiste des calculs r�naux et de l'infertilit� masculine. Joint par t�l�phone � de multiples reprises, le docteur Callaway n'a pas souhait� r�pondre � nos questions.� Mais les probl�mes de sant� d�Oussama Ben Laden ne datent pas de 2001. Une ann�e auparavant, un hebdomadaire � grand tirage de Hongkong signalait que l�homme souffrait d�une grave maladie et que ses jours �taient en danger, pr�cisant qu�il avait une �infection r�nale qui se propage au foie et n�cessite des soins sp�cialis�s �. Selon des sources autoris�es, Ben Laden se serait fait livrer dans son repaire afghan de Kandahar l'ensemble d'un mat�riel mobile de dialyse au cours du premier semestre 2000. Selon les sources du Figaro, le �d�placement pour raison de sant� de Ben Laden n'est pas le premier. Entre 1996 et 1998, Oussama ben Laden s'est rendu plusieurs fois � Duba� pour ses affaires�. Le quotidien fran�ais pr�cise que durant son hospitalisation, �Oussama Ben Laden a re�u la visite de plusieurs membres de sa famille, de personnalit�s saoudiennes et �miraties. Au cours de ce m�me s�jour, le repr�sentant local de la CIA, que beaucoup de gens connaissent � Duba�, a �t� vu empruntant l'ascenseur principal de l'h�pital pour se rendre dans la chambre d'Oussama Ben Laden�. Le rappel de tous ces faits nous montre que les informations relatives � cette n�buleuse sont � prendre avec des pincettes. Nous sommes en plein roman d�espionnage et de contre-espionnage et un article de presse peut cacher des faits complexes qui nous �chappent totalement. Mort ou vif, c��tait le slogan farfelu, style cowboy, de Bush lan�ant ses troupes � la recherche de l�ennemi public num�ro 1. Nous ne savons pas si l�homme est d�c�d� ou pas. Mais, en tout cas, m�me s�il n�est plus de ce monde, ce n�est pas la premi�re puissance mondiale qui en est venue � bout, mais une maladie. Une fi�vre� Et peut-�tre aussi que tout cela n�est que sc�nario d�agents secrets et que Ben Laden va appara�tre dans un nouveau message vid�o � l�occasion du Ramadhan�