Dans le monde occidental, les réactions, suites à la mort de Ben Laden, sont de la même teneur : la disparition du terroriste réjouit les dirigeants mais leur fait craindre des représailles des jihadistes. Des craintes avérées puisqu'en milieu de journée, les talibans pakistanais promettaient de venger leur chef: "S'il a connu le martyre, nous vengerons sa mort et lancerons des attaques contre les gouvernements américains et pakistanais". Le prédicateur Omar Bakri a également affirmé hier, qu'avec la mort du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, le monde arabe avait "perdu un leader". "Sans doute le martyr d'Oussama Ben Laden va donner un nouveau souffle à la nouvelle génération, car l'entreprise du jihad ne s'arrêtera pas. Nous nous attendons à des réactions de cette génération en Europe (...) Il y aura des opérations pour venger cheikh Oussama", a ajouté le religieux sunnite. De son côté, Interpol, l'organisation de coopération policière internationale, a mis en garde contre la possibilité d'"un risque terroriste plus élevé", après l'élimination du chef d'Al Qaïda, appelant ses pays membres à une "vigilance accrue". "Le terroriste le plus recherché au monde n'est plus, mais la mort de Ben Laden ne signifie pas la disparition des organisations affiliées à Al Qaïda ou inspirées par Al Qaïda, qui continuent et vont continuer à s'impliquer dans des attaques terroristes à travers le monde", a souligné Interpol. Plusieurs pays ont annoncé, hier, un renforcement de la sécurité de leurs intérêts à l'étranger, comme le Royaume-Uni où le ministre des Affaires étrangères William Hague estime qu'"il pourrait y avoir des éléments d'Al Qaïda qui essaieront de montrer dans les semaines à venir qu'ils sont encore actifs".Tout en se réjouissant d'un "coup décisif car la personnalité de Ben Laden était extraordinairement symbolique", son homologue français Alain Juppé a mis en garde contre "un optimisme excessif". "Al Qaïda existe toujours, il y a des numéro deux, il y a des structures", a-t-il ainsi averti. Le pays le plus menacé par d'éventuelles représailles est évidemment les Etats-Unis. "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'Al Qaïda va continuer à essayer de s'en prendre à nous. Il nous faut rester vigilants dans notre pays et à l'étranger, et nous le resterons", a prévenu le président américain Barack Obama. On pouvait déjà lire hier des menaces contre l'Amérique sur les forums jihadistes sur internet. Les autorités égyptiennes ont renforcé durant la journée du lundi la sécurité à l'aéroport du Caire par crainte de représailles après la mort du chef d'Al Qaïda. "Les responsables de la sécurité de l'aéroport international du Caire et ceux de la compagnie Egyptair ont renforcé la sécurité aux terminaux et pour tous les vols en partance, en particulier ceux pour New York". Les dispositions comprennent notamment le renforcement des équipes chargées de la fouille à l'embarquement. Le numéro deux d'Al Qaïda, Ayman al-Zawahiri, est d'origine égyptienne. Son frère, Mohamed al-Zawahiri, est en prison en Egypte depuis plus de dix ans après avoir été reconnu coupable d'avoir reçu un entraînement militaire en Albanie et "d'avoir planifié des opérations militaires" en Egypte. "Les bases militaires et les ambassades (occidentales) dans le monde vont être en alerte pendant un certain temps", prévoit John Gearson, directeur du centre d'études de défense au King's collège de Londres. "Les Etats-Unis vont souffrir car les jihadistes ont tendance à venger leurs chefs assassinés. Après la mort du chef d'Al Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarkaoui, en juin 2006, son successeur a fait pendant des mois une série d'attaques-suicide", rappelle Mathieu Guidère, universitaire français et spécialiste du monde arabe. Les experts s'interrogent cependant sur les capacités réelles de ces réseaux jihadistes, marginalisés par les révolutions du printemps arabe et qui n'ont plus réussi en Occident d'action majeure depuis les attentats de Londres en juillet 2005.