Victoire par KO ; raz-de-mar�e ; tornade ; scrutin royal pour S�gol�ne ; pl�biscite sans conteste, autant de formules pour �voquer le score sans appel obtenu par S�gol�ne Royal : 60,60% des suffrages exprim�s par les 220.000 adh�rents des 102 f�d�rations du PS appel�s � voter jeudi dernier et qui ont d�cid� que la d�put�e des Deux-S�vres et pr�sidente de la r�gion du Poitou-Charente sera leur candidate aux �lections pr�sidentielles fran�aises de 2007. Il n�y aura pas de deuxi�me tour, son score est sans appel. Ses deux comp�titeurs arrivent bien loin derri�re : 20, 83% des suffrages pour Dominique Strauss-Kahn et 18,54% pour Laurent Fabius, qui se voit lamin� par cette consultation. Le succ�s de S�gol�ne est d�autant plus important que les �lecteurs se sont exprim�s massivement � cette consultation unique dans les annales du PS et des autres formations politiques de France. Les �tats-majors des deux autres candidats PS � la candidature ne pouvaient, apr�s ces r�sultats, que reconna�tre la victoire de cette femme de 53 ans qui, en tr�s peu de temps, a bouscul� les vieilles certitudes de son parti et impos� un discours nouveau, que les militants semblent aujourd�hui appr�cier. M�me la droite reconna�t aujourd�hui le bon parcours d�une conqu�rante que beaucoup, y compris dans le camps socialiste, pr�sentaient comme n�ayant aucune consistance, aucun charisme ni encore moins de stature pour occuper le poste de chef d�Etat, critiques souvent empreintes d�un machisme dont certains se d�fendaient, mais d�autres l�affichaient en sugg�rant que la France n��tait pas pr�te pour une femme aux commandes de l�Etat. M�me si l�on n�y est pas encore, elle a fait franchir un grand pas certainement irr�versible dans le domaine du positionnement des femmes dans les responsabilit�s politiques. Elle a �galement fait franchir au PS un tournant en imposant un d�bat sur l�encadrement militaire des jeunes d�linquants ou encore par exemple sur l�instauration des jurys citoyens que jamais on aurait imagin� dans ce tr�s vieux parti. Si son parcours appara�t comme tr�s rapide, il faut cependant rappeler que ce n�est pas la premi�re fois que Mme Royal va � l�assaut de citadelles r�put�es imprenables et qu�elle y r�ussit : en 2004 d�j�, elle a ravi au Premier ministre de l��poque, Jean-Pierre Raffarin, la pr�sidence de Poitou-Charente. Enarque, elle est charg�e de mission aupr�s de Mitterrand en 1982 et s�occupe de la jeunesse puis des affaires sociales. En 1988, elle sera �lue d�put�e des Deux- S�vres ; ministre de l�Environnement de 1992 � 1993 ; ministre d�l�gu�e � l�Enseignement scolaire de 1997 � 2000, dans le gouvernement Jospin, puis ministre d�l�gu�e � la Famille de 2000 � 2002. Comme on le voit, cette femme n�a jamais eu de postes importants dans la hi�rarchie minist�rielle. Et c�est probablement aujourd�hui une revanche qu�elle prend sur ceux qui l�ont toujours confin�e dans des fonctions pas tr�s d�cisives, y compris sur sa famille. S�gol�ne Royal consid�re en effet que le machisme en France est pr�sent partout et s�est d�cid�e � le combattre, en commen�ant � r�agir contre un p�re, officier (colonel) qui consid�rait que les filles n�avaient pas � avoir d�ambition. Six semaines de campagne au cours desquelles elle a chamboul� les discours par ses id�es sur la carte scolaire, l�encadrement militaire pour les jeunes d�linquants, la cr�ation de jurys citoyens. Que va faire S�gol�ne Royal maintenant qu�elle a re�u mandat de son parti pour assurer la victoire de son camp ? Pour tenir la route, la d�sormais candidate incontestable du PS devra en m�me temps rassembler les socialistes, y compris ceux qui ont vot� pour ses comp�titeurs et plus globalement �viter l��miettement de la gauche. Ce ne sera pas facile. Cela passe par d��pres n�gociations sur certains projets de gauche non partag�s par tous mais aussi par des n�gociations sur le nombre de postes pour les l�gislatives et les �ventuels postes minist�riels en cas de victoire. Mais l�on n�est pas encore aux conditions de rassemblement de la gauche et la candidate Royal le sait bien, elle qui a eu comme premi�re r�action � l�annonce de sa victoire d�appeler � se rassembler pour assurer la victoire et qui a promis aux Fran�ais �qu�ils ne seront pas d��us�. K. B.-A.