Ségolène Royal représentera le parti socialiste à l'élection présidentielle française de 2007. La députée des Deux Sèvres et présidente de Poitou-Charentes a été élue jeudi soir candidate à l'élection présidentielle par 60,62% des militants socialistes. Sa victoire est sans appel, point de deuxième tour ! A 53 ans, elle est la première femme de l'histoire de la République française en mesure de l'emporter dans la course à l'Elysée. Ségolène Royal s'était plaint du machisme de ses concurrents internes qui, d'abord n'avaient pas cru en sa candidature et ensuite avaient cherché à la désarçonner. Ses proches la disent audacieuse, déterminée. Elle l'a prouvé. Dominique Strauss-Kahn arrive en deuxième position avec 20,83% des suffrages. Laurent Fabius termine troisième de la course à l'investiture avec 18,54% des voix. Ces résultats portent sur l'ensemble des fédérations métropolitaines. Il manque les résultats des fédérations de Guyane, Guadeloupe et Martinique. Le taux de participation s'est élevé à 82,04%, soit 178 000 suffrages exprimés sur un total de 219 000 – un chiffre « historique » pour le PS, selon Stephane Le Foll, directeur de cabinet du Premier secrétaire du PS, François Hollande. « Les militants ont fait un choix clair », avait indiqué pour sa part Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections du PS.« C'est le peuple qui s'est mis en mouvement, ce sont les militants qui se sont mis en mouvement, et je veux leur dire, ils ne seront pas déçus », a déclaré Ségolène Royal dans la salle des fêtes de Melle, son fief des Deux Sèvres, où elle avait voté quelques heures plus tôt, « les militants m'ont donné un élan ». Et a ajouté : « Nous allons tous ensemble gravir cette montagne jusqu'en mai 2007 ». La candidate socialiste sera officiellement investie lors d'un congrès à Paris le 26 novembre. La présidente de la région Poitou-Charentes a immédiatement lancé un appel au rassemblement en direction de ses deux rivaux malheureux et des militants socialistes qui n'ont pas voté pour elle. « L'heure maintenant sera au rassemblement ». « Je veux incarner ce changement, lui donner de la crédibilité, lui donner de la légitimité, et je crois que, ce soir, cette légitimité m'est aujourd'hui apportée et j'en remercie du fond du cœur les militants socialistes. Parce que, demain, je vais avoir comme tâche de les rassembler tous, y compris ceux qui n'ont pas voté pour moi, je compte sur eux », a-t-elle souligné. Ségolène Royal s'est également engagée à rester elle-même après cette investiture dès le premier tour. « Et, fidèle aux valeurs qui sont les miennes, d'écoute, d'attention, de regard sur la réalité telle qu'elle est, je vais continuer de la même façon. Je vais rester moi-même », a-t-elle promis. Pour le porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg « les militants ont voulu tourner la page d'une certaine forme de passé du Parti socialiste, de certaines querelles ». Après avoir rassemblé les socialistes, la candidate Royal va « rassembler toutes les gauches et là, le travail ne fait que commencer », a ajouté le député de Saône-et-Loire. Au nom de Dominique Strauss Kahn qui se présentait comme le candidat de la « social-démocratie », Jean-Marie Le Guen, député de Paris, a indiqué que « la victoire de Ségolène Royal n'était pas contestable ». Pour sa part, Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, proche de Laurent Fabius, a indiqué qu'il était « de la responsabilité des socialistes de se rassembler pour battre la droite ». Ouverte officiellement le 3 octobre, la campagne interne s'est en réalité engagée dès le printemps. Elle a été relancée à l'université d'été du PS à La Rochelle en août. En six semaines, le PS a organisé six débats internes, trois devant les militants et trois retransmis en direct sur les chaînes parlementaires. Entre ces rendez-vous, les trois candidats ont sillonné la France. Candidate pour « un ordre juste » Ségolène Royal est candidate pour un « ordre juste » et une démocratie participative, mots qu'elle n'a cessé de prononcer tout au long de la campagne interne. Elle prône la « rupture » chère à Nicolas Sarkozy. Elle n'hésite pas à aller sur le terrain du candidat non encore déclaré de l'UMP : l'insécurité, ou s'attaquer à des sujets tabous au sein du PS comme la révision de la carte scolaire ou de proposer des « jurys citoyens » au risque de se faire railler et taxer de « populiste ». Accusée de démagogie, elle a insinué que ses compétiteurs avaient « peur du peuple », des Français « adultes », « meilleurs experts de ce qu'ils vivent », qu'elle a promis d'écouter plus et de doter de pouvoir nouveaux. Insistant une nouvelle fois sur « l'exigence de transparence » du pouvoir, mercredi lors de son ultime meeting avec les militants à Nantes, elle a promis que « tout sera dit pendant la campagne et tout sera fait après la campagne ». Des sondages l'ont donnée comme la seule socialiste capable de battre Nicolas Sarkozy, candidat non encore déclaré de l'UMP. L'UMP a estimé vendredi matin que les militants du Parti socialiste, en choisissant dès le premier tour de la primaire Ségolène Royal comme leur candidate à la présidentielle, ont « massivement fait le choix du vote utile » pour « concurrencer Nicolas Sarkozy », et ce malgré les « faux-pas » de Mme Royal, « incompatibles avec une stature présidentielle ». Le président de l'UMP est à égalité avec la candidate PS, à 34%, selon un baromètre présidentiel TNS-Sofres-Unilog sur l'évolution des intentions de vote pour l'élection présidentielle de 2007, ainsi que les grands thèmes considérés comme les plus importants pour les Français, publié par le Figaro le 12 novembre 2006. Selon ce sondage, la députée des Deux-Sèvres « comprend » mieux les Français (49% contre 37% pour Nicolas Sarkozy). Elle est aussi pour 50% des sondés plus à « l'écoute des Français » (37% pour Sarkozy).