Nicolas Sarkozy a annoncé son intention d'aller chercher « un par un » les électeurs du Front national et de la « gauche populaire », Parti communiste en tête. Le président de l'UMP qui brigue la présidentielle de 2007 a appelé samedi, lors d'une réunion à Paris, de nouveaux adhérents de l'UMP à un rassemblement qui dépasserait « le seul critère de la gauche et de la droite ». « Pourquoi devrais-je considérer que je ne devrais parler qu'à une partie des électeurs (...) On devrait plutôt se réjouir qu'un dirigeant d'une formation politique républicaine aille les chercher un par un pour les convaincre que Le Pen, c'est une impasse », a-t-il insisté. Pour Nicolas Sarkozy, ceux qui ont voté Front national le 21 avril 2002 « ce n'était pas parce qu'ils pensaient que Le Pen était un espoir, mais parce qu'ils s'imaginaient que nous les avions désespérés ». Les électeurs du Front national, « il nous les faut, mais je veux aussi m'adresser à la gauche populaire, à tous ces gens qui vivent dans les quartiers et qui ont le sentiment d'être abandonnés par la République, à tous ces gens qui ont cru au Parti communiste », a poursuivi le président de l'UMP. « Je souhaite qu'ils se reconnaissent en nous et qu'ils puissent avoir un espoir en nous », a-t-il ajouté. Aimer la France ou la quitter Le ministre de l'Intérieur s'est posé en « homme de droite, de la droite républicaine », mais « pas un conservateur ». Le président de l'UMP a promis qu'il ne « fuirait pas le débat » sur l'immigration, évoquant notamment un durcissement des conditions du regroupement familial. « Au nom de quoi les Etats-Unis, l'Australie, le Canada, l'Angleterre, l'Allemagne et tant d'autres choisiraient les meilleurs étudiants, les meilleurs travailleurs, et nous nous n'aurions le droit de choisir personne pour subir tout le monde. Cette politique, ce n'est pas la mienne », a martelé le président de l'UMP. « On en a plus qu'assez d'avoir en permanence le sentiment de s'excuser d'être Français. On ne peut pas changer ses lois, ses coutumes parce qu'elles ne plaisent pas à une infime minorité », a dit M. Sarkozy. « Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter », a-t-il lancé. Cette phrase rappelle le slogan de Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF) : « La France, tu l'aimes ou tu la quittes. » M. de Villiers est candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2007, à laquelle M. Sarkozy devrait également être candidat. Nicolas Sarkozy a également lancé une pique envers Lionel Jospin, l'ancien Premier ministre socialiste qui avait procédé à la régularisation des sans-papiers quand il était au pouvoir. « S'il était candidat (en 2007), ce serait l'occasion de lui demander des explications », a dit M. Sarkozy en riant. Le ministre de l'Intérieur, qui s'apprête à présenter son projet de loi sur l'immigration, a de nouveau proposé « qu'on supprime les régularisations au fil de l'eau », c'est-à-dire les régularisations quasiment automatiques au bout de dix ans de présence en France. Royal, une popularité qui embarrasse la droite Quant à Ségolène Royal, la candidate à la candidature socialiste pour 2007 qui, selon deux sondages, le battrait à la présidentielle si le deuxième tour avait lieu maintenant, M. Sarkozy lui a reproché son absence d'idées. Ségolène Royal avec 51% des intentions de vote devancerait très légèrement Nicolas Sarkozy (49%) au second tour de l'élection présidentielle, selon un sondage publié jeudi par le Figaro. Selon ce sondage en cas de duel entre le député des Deux-Sèvres et le président de l'UMP, 14% des personnes interrogées ne se prononcent pas. La présidente de la Région Poitou-Charente qui devance nettement les ténors du PS arriverait déjà en tête du premier tour avec 34% d'intention de vote contre 30% en faveur du ministre de l'Intérieur (18% ne se sont pas exprimés), selon le quotidien. Selon ce premier baromètre TNS Sofres/Unilog, Mme Royal distance donc tous les « présidentiables » socialistes : Lionel Jospin (23%), Jack Lang (22%), Dominique Strauss-Kahn (18%) et Laurent Fabius (15%). Un autre sondage (Ipsos/Le Point), publié la semaine dernière, la donnait également gagnante avec le même score. La popularité croissante de Ségolène Royal embarrasse les responsables politiques de droite, qui manquent d'angles d'attaque contre la députée socialiste. La plupart commencent généralement leurs interventions sur Mme Royal par un éloge, avant de souligner « son absence de projet » ou son positionnement à la droite du PS qui pourrait selon eux la desservir à gauche. Dominique Reynié, professeur à l'IEP de Paris, souligne toute la difficulté pour les politiques de s'exprimer sur Mme Royal, qui « bouscule les conventions en étant une femme candidate dans un pays resté sourd à l'exigence de parité ». « Ses contradicteurs sont obligés de commencer par saluer ses qualités, sinon ils se font le reflet d'une société inégalitaire », explique-t-il. Il leur est, par ailleurs, difficile d'attaquer le discours de Ségolène Royal, qui met volontiers en avant « famille, autorité, rigueur », considérées comme « des valeurs plus de droite que de gauche », souligne-t-il.