L�affaire a commenc� par une banale querelle entre �l�ves � la sortie des classes � midi. Cela arrive tous les jours et le plus souvent ces petites bagarres se terminent sans gravit� dans la pagaille. Ce jour-l�, par un encha�nement de circonstances, le feu a pris parmi les camarades venus s�parer les deux amateurs de boxe. Pour un coude mal plac�, une excuse prononc�e du bout des l�vres, une impression que quelqu�un prenait parti plus qu�il ne calmait les esprits, l�id�e que peut-�tre celui-l� a plus bouscul� l�un parce que l�autre habite dans son quartier� enfin, bref, pour toutes ces raisons que vous connaissez ou devinez, la bagarre entre les deux �l�ves devint g�n�rale. Un festival de coups de pied, de coups de poing, d�empoignades approximatives, de cris, d�encouragements guerriers, de d�placements d�une rixe vers une autre. Pourtant, dans cette confusion les protagonistes semblaient se reconna�tre et conna�tre l�adversaire. Dans la m�l�e, sans signes distinctifs et sans banni�res ou oriflammes, l��vidence se faisait jour. Deux camps s�affrontaient. Nul besoin de signes. Ils se connaissaient tous. Quelques adultes avaient fini par disperser quelque peu les enfants en furie et les repousser loin des immeubles. Mais � dix pas tout recommen�ait. Un champion se d�tachait toujours de son groupe pour rallumer la flamme de la bataille et les empoignades recommen�aient avec plus de fureur face � un ennemi enrag�. Curieux comme dans ce bellicisme les plus petits �taient les plus teigneux, les plus d�termin�s � en d�coudre jusqu�� la victoire indiscutable. Mais � mesure que les coll�giens s��loignaient de l��cole, d�autres enfants venaient renforcer leurs rangs. Le doute n��tait plus possible ! La bagarre s��tait transform�e en affrontements entre deux quartiers, celui du haut et celui du bas. Nous sommes sur les collines d�Alger bien s�r, toujours entre un �haut� et un �bas�. Les pierres, les grosses pierres se mirent � voler. Puis, on ne sait comment, un plus grand est intervenu pour le camp du bas. Un autre grand du �haut� s�est enflamm� et s�est arm� d�un gourdin. Un groupe a fini par dominer l�autre par la sup�riorit� du nombre de b�tons et l�a poursuivi pendant longtemps. Vraies sc�nes d�une guerre dont les protagonistes ont surgi je ne sais de quelle identit� et poursuivant je ne sais quelle supr�matie, anim�s je ne sais de quels d�mons. Le savez-vous, vous ?