Dix jours apr�s les violentes �meutes du boulevard Ahmed-Kasri � Dra�-Ben-Khedda, les d�combres des baraques et ce qui reste des barricades de fortune, t�moignent encore de ce que fut l�affrontement entre les forces de l�ordre et des groupes de jeunes ch�meurs qui ont squatt� des espaces pour y �riger des locaux commerciaux sans permis de construire. Sur le site jouxtant la laiterie, 28 baraques ont �t� d�molies apr�s une �pre r�sistance de leurs propri�taires qui n�ont gu�re voulu quitter les lieux. Notre vir�e a coincid� avec un regroupement des manifestants dans un caf� environnant. On d�nombre quinze bless�s et d��normes d�g�ts mat�riels. Mohamed, 41 ans, p�re de 3 enfants dont un handicap� et lui-m�me handicap� a oppos� une farouche r�sistance dans ce qui fut sa gargote. Il a tout perdu. �Tout est rest� sous les gravas, je n�ai rien �vacu�. Le cong�lateur, le frigo, les fours, les ustensiles, les tables... je me suis endett� pour investir plus de 70 millions de centimes. Comment vais-je faire pour subvenir aux besoins de ma famille ?� Les �meutiers nous exhibent des certificats m�dicaux et des clich�s de radiographie. Deux jeunes se sont associ�s pour monter une vid�oth�que. Eux aussi n�ont pas voulu vider les lieux. �Le feu a failli tout br�ler. Nous l�avons �teint mais tout est rest� l�-bas, irr�cup�rable. 1400 films DVD, 600K7, 630CD, un DJ, la vitrine, le faux-plafond, la d�coration. Nous sommes ruin�s�, nous dit l�un d�eux, fractur� � l��paule en esquissant des moues de fatalit�. Un autre jeune, �g� de 26 ans, nous assure avoir investi 27 millions de centimes dans une caf�t�ria. Il a r�sist� face aux bombes lacrymog�nes et dit �tre bless� au dos. Il est relay� par un jeune qui exploitait une salle de jeux. �Qui va nous d�dommager ? J�ai perdu un billard professionnel, 5 play-stations, 5 �crans TV, 2 baby-foot... Je suis issu d�une famille nombreuse, le local �tait le projet de ma vie. Qu�allons-nous devenir ? D�pit et fatalisme. Les jeunes ont trim� pour monter �une affaire� et gagner honn�tement leur vie. Ce qui est arriv� � un jeune oiselier frise l�insolite. Il nous narre qu�au moment o� son local s��croulait sous les coups r�p�t�s du godet d�un poclain, ses perruches, ses canaris et autres oisillons poussaient des cris de terreur. Les r�cits d�apr�s-�meutes frisent comme toujours le path�tique. Dans les principales art�res de la ville de Dra�-Ben-Khedda, une d�claration des ch�meurs est affich�e. Sous le titre panag�rique de �SOS ch�meurs�, un appel est lanc� � tous les citoyens �pour venir en aide aux ch�meurs en particulier afin d�unir les efforts pour d�fendre leurs droits�. La d�claration s�en prend aux �lus et aux autorit�s locales et d�nonce le silence des partis politiques. Ce SOS, traduit la solitude de ces jeunes qui, suite � ces �v�nements, ont d�cid� de s�organiser pour faire valoir leurs droits.