La ville de Draâ Ben Khedda (10 km à l'ouest de Tizi Ouzou) a été, hier, le théâtre de violentes émeutes suite à la démolition de 34 baraques, situées en face du quartier des 400 Logements. Les affrontements entre les propriétaires de ces baraques de fortune et les forces antiémeute se sont soldés par une dizaine d'arrestations et plusieurs blessés dans les rangs des émeutiers. Un jeune aurait été grièvement blessé à la tête par une bombe lacrymogène, affirment certaines sources sur place. La route qui mène au siège de la daïra de Draâ Ben Khedda avait été barricadée avec des pierres et des troncs d'arbres, dès la matinée. La fumée noire des pneus qui brûlaient faisait rappeler l'atmosphère de guerre vécue durant les événements du printemps noir. « C'est de la hogra. Laissez-nous travailler et gagner notre vie dignement. Nous sommes prêts à nous conformer à la réglementation », criait un jeune, torse nu, tenant à la main un cocktail Molotov. Certains jeunes vendeurs ont même tenté de se suicider en se mutilant le corps avec des cutters et des couteaux, devant le regard effrayé des écoliers qui ont séché leurs cours et des habitants du quartier. « J'habite dans une cave et je n'ai pas d'autre choix pour nourrir ma femme et mon fils handicapé que cette baraque qui me sert de restaurant. Qu'ils aient le courage et la même volonté pour arrêter les pseudo promoteurs immobiliers qui ont bradé tout le foncier de la ville », s'indigne Mohamed, un poignard à la main, menaçant de se suicider. Les protestataires ont affirmé qu'aucune mise en demeure ne leur a été adressée par les autorités locales. Le chef de daïra leur aurait promis, en 2005, de les prendre en charge dans le cadre du programme de construction des 100 locaux commerciaux par commune, lancé par le président de la République. Les pourparlers entre les représentants des manifestants et les services de sécurité afin d'aller voir le chef de daïra dans son bureau ont avorté. Après une trêve qui a duré jusqu'à 15h, les forces anti-émeutes ont finalement reçu l'ordre de passer à l'action, accompagnées par un bulldozer qui a procédé à la destruction de toutes les baraques. L'accès à certains quartiers de la ville a été ainsi bloqué et les autres commerçants ont été obligés de baisser leurs rideaux. Selon certaines sources, les autorités locales ont décidé de procéder à la démolition de toutes les baraques et autres constructions illicites qui ont poussé comme des champignons au niveau de toute la ville de Draâ Ben Khedda. Les affrontements se poursuivaient toujours en début de soirée.