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DECODAGES
Une croissance �conomique de mauvaise qualit� Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 03 - 2007

Les �conomistes sont g�n�ralement d�accord pour reconna�tre que la croissance �conomique est tir�e par quatre facteurs. Et cette croissance est d�autant plus forte que ces quatre facteurs jouent ensemble et en m�me temps. La consommation, l�investissement, les exportations et la d�pense publique c�est-�-dire l�instrument budg�taire font la croissance �conomique. Dans notre pays, � quoi est due la croissance �conomique de ces derni�res ann�es ? Certainement pas � la consommation puisque nous savons tous que nos m�nages sont de plus en plus pauvres sous le double effet du ch�mage et de la d�t�rioration de leur pouvoir d�achat.
M�me si la consommation des m�nages a connu quelques fr�missements ces trois derni�res ann�es, elle n�est pas suffisamment importante pour constituer un facteur de croissance. Est-ce que notre croissance est due � une relance de nos exportations de divers produits industriels, agricoles ou encore de services ? Mis � part le secteur des hydrocarbures, nous savons que les carnets de commandes � l�exportation de nos entreprises, aussi bien publiques que priv�es, sont vides (ou presque) � quelque 250 millions de dollars d�exportation de produits manufactur�s, et agricoles ne constituent assur�ment pas un moteur de croissance �conomique. Dans ce domaine, le retard est consid�rable et cette question fait probl�me depuis longtemps. Est-ce alors l�investissement qui a stimul� la croissance �conomique c�est-�-dire cet investissement qui est le fait d�entreprises et d�entrepreneurs dynamiques encourag�s par un climat des affaires favorables. L�investissement productif est en tout cas bien insuffisant pour fabriquer de la croissance �conomique. Selon les derni�res donn�es disponibles, le secteur priv� aurait investi quelque 500 milliards de dinars durant ces cinq derni�res ann�es, soit 100 milliards de dinars par an. Les entreprises publiques quant � elles se d�battent dans des probl�mes de d�ficit financier et de d�couverts bancaires qui ne leur autorisent aucun effort d�investissement. Il ne reste, pour notre �conomie, qu�un moteur (sur quatre) qui fonctionne pour tirer la croissance : le Tr�sor public, la d�pense publique, l�instrument budg�taire. En d�autres temps, nous aurions �crit : le d�ficit budg�taire qui, aujourd�hui, est voil� par des recettes fiscales p�troli�res exceptionnelles. Est-ce que le d�ficit budg�taire est toujours une mauvaise solution pour relancer la croissance ? Cela d�pend bien entendu des effets qu�il produit sur l��conomie. Si le taux de croissance obtenu par d�ficit budg�taire est �lev�, les recettes fiscales augmentent (car les b�n�fices des entreprises augmentent et avec eux le montant des imp�ts qu�elles paient), les d�penses sociales baissent puisque les sommes pay�es par l�Etat dans le cadre de l�assurance-ch�mage (la croissance cr�e de l�emploi et diminue donc le nombre de ch�meurs), les cotisations pay�es aux caisses d�assurances maladie augmentent (et en cons�quence, les subventions de l�Etat baissent), de m�me, la situation financi�re des Caisses de retraite s�am�liore. Le d�ficit budg�taire qui a servi � relancer la machine �conomique va donc reculer en fin d�exercice. Si au contraire le taux de croissance �conomique obtenu est faible, si comme disent les �conomistes, la croissance reste molle c�est-�-dire en de�� des potentialit�s de l��conomie, les recettes fiscales engag�es vont �tre d�un faible niveau et ne couvriront pas les d�penses et le d�ficit public va augmenter. Les d�ficits �keyn�siens� sont donc tr�s utiles pour relancer une machine �conomique en panne sous r�serves que les conditions institutionnelles, organisationnelles pour obtenir le plus fort taux de croissance possible soient r�unies. On creuse les d�ficits pour faire red�marrer la machine et lorsque la croissance est revenue, les d�ficits se comblent naturellement. Dans notre pays, l�embellie p�troli�re d�forme totalement la lisibilit� de notre situation �conomique. Nous savons que, chez nous, les contraintes structurelles et syst�miques � une croissance �conomique forte et durable sont nombreuses et les �fuites� de ressources sont consid�rables : l� o� un d�ficit budg�taire �n� peut d�clencher une croissance �conomique de 6 � 7 points par exemple (lorsque les contraintes que nous avons signal�es sont faibles) en Alg�rie le m�me d�ficit �n� ne fabriquera que 2 � 3 points de croissance et fera entrer l��conomie dans la spirale infernale de la dette publique. C�est cela, la m�canique qui nous attend d�s que les hydrocarbures ne pourront plus remplacer le d�ficit budg�taire. Notre croissance �conomique actuelle est donc co�teuse et �ph�m�re. Une croissance robuste c�est-�-dire sans d�ficit public et sans inflation doit reposer sur les exportations, l�investissement et la consommation, c�est-�-dire, une croissance qui repose sur l�entreprise et ses exigences de rentabilit� et de comp�titivit�. Et dans ce domaine, tout est � faire. La bonne situation financi�re actuelle et les taux de croissance �conomique obtenus ces derni�res ann�es ne doivent pas nous cacher les nombreuses insuffisances qui minent notre �conomie.

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