Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Ce n�est qu�au cours des ann�es 1980 que la th�orie �conomique dominante selon laquelle la croissance �conomique rel�ve de facteurs exog�nes, tels que la croissance d�mographique, la disponibilit� de ressources naturelles non renouvelables, le progr�s technique, a �t� battue en br�che. Les travaux relatifs � la croissance endog�ne ont abouti � la conclusion selon laquelle le progr�s technique, donc le ph�nom�ne de croissance �conomique, d�pend de facteurs propres au syst�me �conomique lui-m�me. La croissance de long terme n�appara�t plus command�e exclusivement par des facteurs exog�nes et notamment le taux d�activit� (part de la population active occup�e et au ch�mage � 15-65 ans � dans la population totale). Les facteurs exog�nes restent certes d�terminants mais ne sont pas seuls � agir sur la croissance �conomique. Celle-ci est command�e aussi par l�investissement dans la recherche et le d�veloppement, dans la formation, l��ducation et plus g�n�ralement la diffusion des connaissances. Elle est aussi command�e par les infrastructures. D�s lors, toutes les d�penses consacr�es � ces domaines �font� la croissance en m�me temps qu�elles �sont� la croissance (cf. Eclairages, n� 120. Cr�dit agricole - direction des �tudes �conomiques). De ce fait, l�Etat retrouve une l�gitimit� dans les rouages de la croissance �conomique en prenant en charge tout ou une partie de ces d�penses. L�Etat, par ses politiques structurelles, a la capacit� d�influer sur le rythme de croissance � long terme. Dans le m�me cadre m�thodologique et th�orique que celui de la croissance endog�ne, on retrouve aujourd�hui �la nouvelle �conomie des institutions�. On entend par institutions �les r�gles du jeu pr�sentes au sein d�une soci�t� ou plus formellement les contraintes con�ues par l�homme qui structurent les interactions humaines. Elles sont compos�es : 1) Des r�gles formelles (loi de statut, droit coutumier, r�glements. 2) Des contraintes informelles (conventions, normes de comportement, et r�gle de conduite que l�on s�impose soi-m�me) et de leurs caract�ristiques d�application� (D. North �Institutions matter� 1994). D�s lors, l�analyse des m�canismes �conomiques ne peut s�affranchir de la connaissance ni de la compr�hension des institutions. Douglas North, le p�re de l��conomie institutionnelle, a montr� que toute transaction sur un march� a un co�t plus ou moins important li� � la recherche d�informations �aux biais comportementaux des agents� (opportunisme, choix non rationnels) ou encore au manque de transparence. C�est cet �conomiste qui a introduit ce concept de �co�ts de transaction� en �conomie du d�veloppement. Pour Douglas North, les institutions (telles que nous venons d�en rappeler la d�finition) en modifiant les co�ts de transaction, peuvent r�guler les �changes et rendre plus ou moins ais� leur d�veloppement et plus largement la croissance et le d�veloppement �conomique. Un meilleur environnement institutionnel est essentiel au d�veloppement �conomique et cet environnement institutionnel comprend les institutions �conomiques relatives au droit de propri�t� et de contrats, mais aussi les institutions politiques qui sont elles, relatives � l�application de ces droits. D�autres �conomistes institutionnalistes ont propos� de d�finir un Etat �fort� et �engag� par la qualit� des institutions qu�il est capable de mettre en place, un Etat capable de d�finir �un ensemble de droits de la propri�t� et de droits contractuels, de les appliquer, de les respecter et de les faire respecter�. On voit bien ici le r�le de l�Etat dans la d�termination du rythme de la croissance �conomique. Par ses investissements dans l��ducation, la formation, la recherche, le d�veloppement, la diffusion des connaissances ainsi que dans les infrastructures, par sa capacit� � mettre en place les bonnes institutions, l�Etat favorise la croissance �conomique � long terme et l'inscrit donc dans la dur�e. Les th�oriciens de la croissance �conomique ont mis aussi en �vidence la forte corr�lation pour ne pas dire l�interd�pendance entre la croissance �conomique et le d�veloppement bancaire. Des �tudes empiriques ont mis en �vidence que plus l�interm�diation bancaire se d�veloppe, plus le syst�me bancaire se modernise et plus les d�p�ts augmentent et plus les cr�dits accord�s augmentent. L��tude a montr� aussi que le manque de r�formes du syst�me bancaire p�nalise certains pays. Le syst�me bancaire se d�veloppe sous deux conditions : 1 - Il existe un minimum d�Etat de droit. Le cr�dit �tant avant tout un contrat, le droit des cr�anciers est un �l�ment fondamental du d�veloppement de l�offre de cr�dit. 2 - Il y a une ma�trise de l�inflation. Il a �t� constat� qu�une �conomie instable ne rassure pas les banques. Ces derni�res diminuent alors les cr�dits accord�s �d�autant plus que l�inflation vient p�naliser les marges des entreprises et peut rapidement remettre en cause leur rentabilit�, donc leur capacit� de remboursement �. En participant au financement de la croissance et du d�veloppement �conomique, la banque joue un r�le d�terminant et doit pouvoir accomplir efficacement sa fonction : diversification des produits bancaires, l�gislation bancaire claire et transparente, droit des cr�anciers prot�g�s, paysage bancaire concurrentiel. En r�sum�, trois facteurs jusque-l� n�glig�s par la th�orie �conomique commandent le rythme de croissance �conomique (en plus des facteurs exog�nes que nous avons rappel�s en d�but de r�flexion) : 1/ l��ducation, formation, recherche et diffusion des connaissances 2/ les institutions 3/ le syst�me bancaire.