Dahou Djerbal a �t� l�invit� de la Maison de la culture de Tizi-ouzou � l�occasion de la vente-d�dicace du dernier num�ro de la revue Naqd, revue dont il est, pour rappel, le directeur de la r�daction, fonction qu�il assume en parall�le de son m�tier d�enseignant universitaire et chercheur dans le domaine de l�histoire. Un public nombreux a �t� attir� aussi bien par la vente que par la rencontre et le d�bat improvis�. M. Djerbal, qui a d�embl�e refus� d�assimiler ce travail � un acte de militantisme ou une prise de position politique, lui pr�f�rant l�expression �un �tat des lieux�, a eu � pr�senter la revue, � expliquer le choix sp�cialement du th�me et � r�pondre aux nombreuses questions de l�assistance form�e de tendances vari�es et partag�es quant � la question de la femme sous toutes ses formes. Il justifiera le th�me �Femme et citoyennet�, par �le d�sir de l��quipe dirigeante de Naqd de d�dier le quinzi�me anniversaire de la revue � cette frange de la soci�t� qui repr�sente la moiti� de la soci�t� alg�rienne et qui occupe de plus en plus l�espace public ou professionnel. Ce sujet est parmi les plus importants et les plus pr�occupants de l�heure dans notre soci�t�, � l�instar d�autres tout autant sensibles comme le droit, l�histoire et son rapport au politique, domination et d�pendance par rapport � l��tranger, l��conomie, le refus � la diff�rence, le rapport des intellectuels et le pouvoir� sur lesquels la revue s�est pench�e tout au long de ses quinze ans d�existence�. Il fera constater que si la tendance continue dans le m�me sens, tous les milieux de travail et autres seront inond�s par la femme. �Malgr� cette croissante importance, les droits ne suivent, malheureusement, pas et le pouvoir patriarcal a encore de beaux jours devant lui�, fera-t-il remarquer d�un ton navr�. L�affaire des femmes de Hassi Messaoud reviendra � cet effet comme un leitmotiv dans son allocution. �Une agression � ciel ouvert contre des femmes stigmatis�es parce que sorties du giron de la communaut� tut�laire et entr�es, comme par effraction, dans l�univers s�gr�gu� du travail salari�, a-t-il qualifi� cette �preuve, tout en remarquant que ses femmes sont abandonn�es � leur sort m�me par la justice. Tout au long du d�bat le conf�rencier a eu fort � faire � force d�arguments pour convaincre quelques intervenants pr�nant des th�ories du genre : �l�homme, de par sa nature, est plus fort � tous points de vue que la femme, d�o� l�impossibilit� d��galit� de droits�, ou encore �c�est vouloir remplacer l�h�g�monie de l�homme par celle de la femme que de lutter pour l��galit� des droits entre les deux sexes�. Il tentera de mettre en relief l�absurdit� d�un ordre ou la femme, contrairement � l�homme, n�a pas le droit de demander le divorce. �Pire, encha�nera-t-il, si, par exemple, une femme est agress�e, l�agresseur ne passera m�me pas en criminelle.� Quant � la question de la religion, avanc�e par quelques pr�sents, il fera remarquer que dans les soci�t� musulmane, la femme �tait mieux consid�r�e au XVIIIe si�cle que pr�sentement, notamment par rapport aux questions de l�h�ritage et de divorce. En outre, il soutiendra que la question n�est pas uniquement d�ordre religieux ou politique, il s�agit pour lui d�une vision n�gatrice profond�ment ancr�e dans le subconscient de l�Alg�rien dont il n�arrive pas � s�en d�faire � travers le temps. Il en veut comme preuve les r�gions et les partis politiques qui pr�tendent �tre � l�avant-garde de cette question et ne donnent pas encore � la femme la place qui devrait lui revenir. Les listes �lectorales de la mouvance dite d�mocratique ou la gente f�minine se fait rare est pour lui une parfaite illustration. Dans une soci�t� comme la n�tre, �la subalternit� de la femme dans la nation est donn�e en mod�le � toutes les autres in�galit�s qu�elle tente de l�gitimer au moyen du consensus g�n�ral sur les femmes. En m�me temps, ces autres in�galit�s et injustices, l�exclusion du pouvoir de telle ou telle population�, sont toutes au service de l�assujettissement des femmes qu�elles aident � asservir par la division des femmes entre elles et par d�autres moyens�. Donc la probl�matique, selon lui, est �d��tre ou de ne pas �tre�, qu�il explique par l�expression �le tout doit se retrouver dans les parties�, c'est-�-dire qu�on ne peut pas pr�ner une chose et faire exactement son contraire dans la pratique et que la libert� est un ensemble qui, en avan�ant, fait avancer toutes les libert�s et en premier lieu celle de la femme. �Car, a-t-il fini par mentionner, l�avanc�e de la libert� de la femme fait avancer toutes les autres libert�s.� Au sujet de l�indisponibilit� de la revue au niveau local relev� surtout par les �tudiants pr�sents, M. Djerbal r�v�lera que cette revue d��tudes et de critiques sociales n�est disponible dans aucune biblioth�que en Alg�rie, bien qu�on la trouve en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs. Il a promis de signer des conventions pour pourvoir les biblioth�ques de la r�gion, notamment celle de la maison de la culture Mouloud- Mammeri. Il n�a pas manqu� de pr�ciser que Naqd n�est subventionn�e par aucun organisme.