Entraves n L'écriture de l'histoire en Algérie ou de l'Algérie ne se fait pas principalement par des historiens. Pour Dahou Djerbal, historien et directeur de la revue Naqd, l'écriture de l'histoire «se fait essentiellement par des personnes qui ont un rapport direct ou indirect avec cette histoire récente». Il explique que l'histoire contemporaine de l'Algérie, que ce soit celle du Mouvement national ou celle de la Guerre de Libération s'est faite «sous forme de mémoire ou de témoignages». Si l'on peut considérer qu'à l'université, il y a aussi une écriture, M. Djerbal a souligné qu'elle ne passe pas la rampe pour deux raisons. Il s'agit tout d'abord, a-t-il précisé, du contenu. Il a ajouté que «souvent la formation à l'université dans le domaine de l'histoire est insuffisante ou incomplète ; quelquefois, elle laisse complètement à désirer». Ce qui fait que nous avons une pléthore de mémoires : mémoire de magistère, de licence ou même parfois des thèses, «mais qui ne dépassent pas la rampe éditoriale». Pis, nous explique M. Djerbal, «ces mémoires se font souvent dans un style avec un certain nombre de documentations, de bibliographies qui laissent à désirer et que les éditeurs ne veulent pas s'aventurer à faire passer au grand public». Pour corriger la trajectoire, il faudrait un nouveau travail du texte, mais les éditeurs ne veulent pas se donner cette peine. Donc l'obstacle est celui de la qualité du texte puis de l'obstacle éditorial, ajoute M. Djerbal, pour qui les éditeurs ne veulent pas courir le risque d'un échec éditorial. «Ce qui fait qu'en Algérie, l'écriture sur l'histoire de l'Algérie se fait principalement à l'étranger, notamment en France.» Car dans ce pays, il y a une multitude de travaux de recherche, de diplômes d'études approfondies, de thèses qui se font sur l'histoire de l'Algérie. «De cette multitude (plusieurs centaines par an), au moins 10% passent au grand public.» Beaucoup nous arrivent en Algérie sous forme de livres importés ou de rééditions «par des éditeurs plus ou moins malins qui font l'économie de tout de qui est travail de recherche et de sélection». En effet, les éditeurs, selon M. Djerbal, achètent les droits et les republient, «ce qui fait que l'écriture de l'histoire est malade de deux grands maux : le premier c'est que l'université algérienne ne forme plus d'historiens. Le second, c'est que l'écrit sur l'histoire de l'Algérie nous vient de l'extérieur». Maintenant, en ce qui concerne la partie mémoires, témoignages des acteurs ou des témoins du Mouvement national ou du mouvement réformiste religieux (oulémas) ou de la Guerre de Libération, «c'est évidemment toute la limite du témoignage, toute la limite du récit historique, du récit mémoriel, qui prête à caution parce qu'il est toujours partisan, partial ou partiel», conclut M. Djerbal.