C�est dans une salle exigu� o� les conditions de travail, tant pour les magistrats, les avocats que pour les journalistes ne sont nullement r�unies, que s�est ouvert le proc�s de l�affaire dite �scandale d�Alg�rie T�l�com�. C��tait hier, en d�but d�apr�s-midi, au niveau du tribunal correctionnel d�El-Harrach, o� pas moins d�une dizaine de personnes sont poursuivis �pour dilapidation de deniers publics et conclusion de contrats contraires � la l�gislation �. Parmi ces derniers figurent, l�ex-Pdg de l�op�rateur historique, M. Brahim Ouarets, des sous-directeurs et des entrepreneurs. Le pr�sident du tribunal a fait l�appel � une quinzaine de t�moins, alors que la d�fense est assur�e par une vingtaine d�avocats. Affichant des signes de fatigue, l�ex-patron d�Alg�rie T�l�com �tait le premier � �tre entendu par le tribunal correctionnel. Parlant � voix basse, Brahim Ouarets remonte le temps et explique au pr�sident du tribunal les circonstances dans lesquelles il a �t� nomm� � la t�te d�Alg�rie T�l�com. C��tait en 2004, apr�s le d�part de Messaourd Chettih qui avait occup� ce poste durant au moins deux ann�es. Ayant � son actif une trentaine d�ann�es d�exercice dans le secteur des t�l�communications, le pr�venu dira que sa nomination lui a �t� propos�e par l�actuel ministre de la Sant�, M. Amar Tou. A cette �poque, ce denier �tait � la t�te du d�partement des Postes et T�l�communications alors que Brahim Ouarets se trouvait au sein du staff de la direction g�n�rale de l�Autorit� de r�gulation (ARPT). Intervenant tant�t en langue fran�aise tant�t en langue arabe, l�ex-P-dg explique au pr�sident du tribunal les conditions de sa prise de fonction et la situation dans laquelles se trouvait l�op�rateur historique. D�une voix basse, il dira que son �entreprise s�est engag�e dans un v�ritable processus d�investissement, dont l�objectif primordial est de r�habiliter le secteur public des t�l�communications�. �Un secteur, a-t-il ajout�, appel� � faire face � une concurrence sans pr�c�dent�. Cette introduction faite, le pr�sident du tribunal reprend la parole et demande au pr�venu �si en sa qualit� de premier responsable d�entreprise il doit proc�der � une �valuation des op�rations engag�es par ses subordonn�s ?� �A travers ce que je lis dans les diff�rents proc�s-verbaux, nous constatons que le P-dg que vous �tes ne s�int�ressait gu�re � ce qui se passait dans son entreprise. Vous �tes d�un c�t� et les autres responsables le sont ailleurs, alors que la loi vous oblige en votre qualit� de premier responsable de cette entreprise de veiller sur son bon fonctionnement�, dira le magistrat. Poussant plus loin son argumentaire, le juge lui demande pourquoi ne pas avoir us� de ses pr�rogatives pour mettre de l�ordre, surtout lorsque �deux de vos adjoints, en l�occurrence M. Benkahla et Seniame s�accusaient mutuellement. Des gens ont per�u huit millions de dinars sans r�aliser ce qui leur a �t� demand�. Mais moi, je vous dis si vous avez v�ritablement exerc� vos pleines pr�rogatives, vous ne serez jamais ici.� A toutes ces observations, Brahim Ouarets dira : �Il y a des responsables qui sont charg�s de ce genre de missions. C�est � ces derniers de me saisir de tout ce qui se passe. Il y avait beaucoup de choses � faire et je ne suis pas dans l�obligation de conna�tre dans le d�tail tout ce qui se passait. Il y a des responsables qui sont charg�s de ces op�rations�. L�intervention du repr�sentant du minist�re public a �t� ax�e notamment sur la somme de 170 millions �qui repr�sente le co�t de l�ameublement de votre logement de fonction �. Une interrogation que le pr�sident du tribunal avait soulev�e en premier lieu, tout en demandant au pr�venu que �cette question n��tait pas destin�e pour le toucher dans son amour-propre�. L�intervention du parquet ne se limitera pas � la seule question de l�ameublement. Il demande � Brahim Ouarets : �Pourquoi, vous vous n��tes pas d�plac� au complexe A�ssat-Idir, situ� � la place du 1er-Mai pour voir de visu l��volution des travaux engag�s ?� Autant de questions, que l�ex-P-dg d�Alg�rie T�l�com a tent� de donner des r�ponses, rappelant au tribunal correctionnel �qu�Alg�rie T�l�com, une SPA, est r�gie par des textes sp�cifiques�, avant que le repr�sentant du minist�re public ne conclut son intervention en lan�ant une observation � l�adresse du pr�venu lui signifiant que �le non-contr�le engendre le d�tournement�. Dans la salle, tous les regards sont suspendus � ce que dira juste apr�s Mokrane A�t Larbi. Un des principaux avocats de Brahim Ouarets. Son intervention redonne au proc�s une autre tournure et le pr�venu se lib�re. A ce dernier, il lui demande. �Quel �tait le chiffre d�affaires d�Alg�rie T�l�com avant votre nomination en tant que P-dg et celui de trois ann�es apr�s� ? Une question qui a permis au pr�venu de retrouver ses propos et de se lancer dans sa d�fense. Au total, l�avocat A�t Larbi a pos� une dizaine de questions. Des questions qui ont donn� suite � des r�ponses, mettant en �vidence �les travaux d�Hercule r�alis�s par Brahim Ouarets au lendemain de votre nomination � la t�te d�Alg�rie T�l�com�. En somme, l�intervention de Mokrane A�t Larbi a eu le m�rite de recentrer le d�bat et d��vacuer d�une mani�re magistrale les observations faites par le pr�sident du tribunal et le repr�sentant du minist�re public � l�encontre de l�ex-P-dg d�Alg�rie T�l�com. L�audition de ce dernier a dur� plus d�une heure trente minutes. Ce n�est que vers les coups de 15h30 que Mebarkia, un autre pr�venu et poursuivi dans cette affaire, est entendu par le pr�sident du tribunal. Ce dernier occupait le poste le directeur divisionnaire au sein de la direction de l�administration g�n�rale et de l�approvisionnement. A ce dernier, le pr�sident du tribunal demande pourquoi retrouve-t-on les noms de deux entrepreneurs pour les travaux engag�s ? Alors que le parquet l�interroge pourquoi vous avez accept� des factures gonfl�es ou encore choisi un entrepreneur pour l�installation des climatiseurs, qui n��tait pas sp�cialis� dans le froid ?� Autant de questions que le pr�venu a rejet�es faisant savoir au magistrat que sa responsabilit� est d�finie et que �mon intervention est conforme � la l�gislation.� Au moment o� nous mettons sous presse, les auditions des pr�venus se poursuivent toujours. Le r�quisitoire du repr�sentant du minist�re public et les plaidoiries de la d�fense sont attendus � une heure tardive de la nuit. Abder Bettache