La d�claration r�cente du pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Bouteflika, selon laquelle l�id�e d�une Opep du gaz n�est pas � rejeter a priori, confirme la n�cessit� de d�battre de l�opportunit� ou non d�une telle organisation. Un d�bat qui peut �tre per�u sous des angles �conomiques et politiques. A vrai dire, cette �Opeg� serait inopportune �conomiquement et opportune, peut-�tre, du point de vue politique. �Il ne faut pas rejeter l�id�e a priori. Elle m�rite d��tre examin�e et discut�e entre tous les int�ress�s.� C�est ce que le chef de l�Etat a d�clar� par voie m�diatique. Par cet avis, il rejoint les promoteurs de cette organisation, pendant de l�Opep pour le gaz. Or, un avis que ne partagent pas plusieurs experts qui estiment que la mise en place de cette organisation est inutile. Pourquoi ? Parce que, selon eux, la cr�ation de l�Organisation des pays exportateurs de p�trole (Opep) r�pondait alors au souci de ses promoteurs de d�fendre un prix et des parts de march�. Or, la situation est compl�tement diff�rente � l�heure actuelle, une v�ritable crise �nerg�tique mondiale se profilant, les sources d��nergies non renouvelables et conventionnelles devant diminuer de plus en plus, � partir de l�horizon 2020, en termes de pics de production et de r�serves. De m�me, les pays europ�ens notamment �uvrent � d�velopper les �nergies renouvelables (�olienne, solaire et autres) et � les int�grer dans leurs plans �nerg�tiques � hauteur de 20% d�ici cette �ch�ance de 2020. Ce faisant, m�me s�il est appel� � se rar�fier, le p�trole restera encore une source d��nergie demand�e et incontournable. De surcro�t, ses prix qui ont atteint des plafonds inimaginables resteront encore �lev�s � moyen terme. De m�me, le prix du gaz, index� � un panier d��nergies conventionnelles dont le fioul de chauffage et le p�trole, outre les taxes, restera de m�me �lev�. Tout en prenant en consid�ration les contraintes li�es au transport de gaz ainsi que son utilisation, notamment dans la g�n�ration de l��lectricit�. Les limites d�une Opep du gaz En d�autres termes, la formation d�une Opep du gaz se heurte aux limites mat�rielles de ce march�. Une ressource qui s��change sur des contrats de vingt � trente ans qui garantissent aux producteurs un retour sur les investissements consentis pour acheminer le volatile par gazoduc. L�essor du GNL, le gaz naturel liqu�fi�, qui navigue par bateau comme le brut, pourrait � l�avenir, certes, donner plus de contenu � un futur cartel. Il repr�sente d�j� la moiti� du gaz disponible sur le march� mondial mais sa courbe de croissance n�est pas aussi rapide que pr�vu. Ainsi, � l�heure actuelle, les terminaux de r�ception ont des capacit�s sup�rieures de moiti� aux capacit�s de production. Dans l�effervescence du march� en 2006, avec un gaz qui a atteint des sommets � 15 dollars le million de BTU, l'unit� de r�f�rence � New York, on a oubli� que les prix pouvaient redescendre tr�s vite, les centrales au gaz passant alors au charbon quand le premier devient trop cher. Comme son extraction et son transport co�tent tr�s cher au producteur, il h�site � investir lourdement de peur de voir sa rentabilit� s��vaporer � la moindre fluctuation. A ce propos, indiquons que la Chine et l�Inde ont pass� des contrats pour des importations de GNL mais � un prix plancher � 4 dollars le million de BTU �, ce qui est en dessous du cours actuel. La rente gazi�re est encore bien faible par rapport � la rente p�troli�re, d�o� le fait que les pays qui disposent des deux privil�gient l�exploitation du plus juteux. Cela �tant, le gaz alg�rien, repr�sentant 40% de ses revenus, est tr�s convoit� et le restera, que notre pays fasse partie d�une Opep du gaz ou pas. De m�me, nos exportations de gaz g�n�reront encore des recettes importantes, m�me en d�pit de la mise sur le march� mondial, � partir de 2013, de nouvelles quantit�s de gaz en provenance du nord de la Russie. En d�autres termes, il ne devrait pas y avoir de craintes quant � la disponibilit� de l�offre de gaz et, donc, pas d�appr�hensions sur les prix. Ce qui remet en cause l�essence m�me d�une organisation de pays exportateurs de gaz devant se d�terminer sur des quotas et des niveaux de prix. En effet, pour ces experts, le march� du gaz n�est pas m�r pour ce cartel, sans parler des insurmontables difficult�s qu�auraient les pays membres � d�cider des quotas de production impartis � chacun d�entre eux. Dans cet ordre id�es, la position du ministre de l�Energie, Chakib Khelil, selon lequel �une Opep du gaz n'�tait pas possible, les ventes se faisant dans le cadre de contrats � long terme� et un march� du gaz pas aussi liquide que celui du p�trole avec une distribution par r�gion, corrobore les avis des experts. De m�me qu�il avait pr�cis� que �les prix du gaz sont index�s sur le prix du p�trole, qui r�pondent d�j� � la politique et � la strat�gie de l'Opep. A quoi servirait une Opep du gaz, puisque nous avons d�j� une Opep du p�trole qui d�finit indirectement le prix du gaz ?� Tout en estimant �pr�matur�, mais aussi trop difficile de parler de la mise en place d�une Opep pour le gaz�, le ministre de l�Energie avait n�anmoins indiqu� qu�on en �reparlera peut-�tre dans vingt ou trente ans quand des march�s du gaz au comptant et du gaz liqu�fi� auront �t� cr��s, quand le march� du gaz sera plus dynamique et aura les m�mes caract�ristiques que celui du p�trole�. Un atout de politique �trang�re, pourquoi pas N�anmoins, la cr�ation d�une Opeg peut s�av�rer b�n�fique politiquement, au moins pour l�Alg�rie, au-del� des objectifs g�ostrat�giques des pr�sidents russe et iranien, principaux promoteurs de cette id�e. En effet, le pr�sident russe Vladimir Poutine avait appel� � �la coordination des politiques �nerg�tiques des pays producteurs de gaz, en vue d�assurer un approvisionnement fiable en ressources �nerg�tiques � nos clients.� Et, le 1er f�vrier dernier, le pr�sident russe avait qualifi� l�id�e d�une Opep du gaz d��int�ressante� tout en pr�cisant que la Russie allait �y r�fl�chir�. En effet, un atout pour sa politique �trang�re, elle assurerait une position plus forte pour l�Alg�rie dans ses n�gociations avec ses clients. Et notamment avec les clients exigeants en mati�re de respect de l�environnement. En affirmant l�int�r�t de l�Alg�rie pour les r�gions tiers o� elle n�est pas pr�sente, et l�int�r�t pour notre pays d�y pouvoir contrebalancer l�influence hostile des pays industrialis�s. Mais aussi un facteur de protection commerciale de sa production, ainsi qu�un moyen de pression diplomatique. Des arguments fond�s si les contrats de vente de gaz �taient limit�s dans le temps, ce qui n�est pas le cas puisque ces contrats sont sur le long terme. Et qu�en outre, l�essentiel de nos exportations de gaz va vers le march� europ�en, o� Sonatrach d�ploie actuellement un plan de d�veloppement de la distribution et de rapprochement avec des op�rateurs locaux notamment en Espagne, en France et en Grande- Bretagne. De m�me, en rappelant les sp�cificit�s du gaz naturel alg�rien. Ainsi, l�Alg�rie devrait n�gocier en fonction de ses propres besoins et non pas en fonction uniquement des besoins de ses clients. De ce fait, sa participation � un tel cartel gazier ne pourrait r�pondre qu�� une volont� d�alignement sur la Russie et l�Iran, un choix diplomatique et politique dont nous traiterons pas ici des implications. Cela d�pendant de la capacit� de l�Alg�rie � mener le jeu dans la bataille �nerg�tique en cours, en engageant au niveau multilat�ral des actions permettant d�en contrebalancer les effets induits sur son �conomie. En rappelant que le pr�sident de la R�publique avait estim� que ce projet de cartel �s'inscrit dans les tendances introduites par la mondialisation qui poussent les producteurs � se solidariser pour d�fendre leurs int�r�ts�. La r�ponse le 9 avril prochain ? Cela �tant, la question devra �tre d�battue lors du Forum des pays producteurs et exportateurs de gaz, pr�vu le 9 avril prochain � Doha. Un Forum qui se r�unit p�riodiquement avec l�objectif de coordonner les efforts de tous les pays producteurs et exportateurs pour assurer la stabilit� du march� mondial du gaz mais surtout la s�curit� de son approvisionnement. Ce qui permettra peut-�tre d�att�nuer les appr�hensions de plusieurs pays europ�ens, la France, l�Allemagne et l�Italie, voire leurs craintes quant aux retomb�es estim�es n�gatives d�un cartel gazier sur leur approvisionnement �nerg�tique. Un cartel r�unissant l�Alg�rie, le Qatar, la Libye, les pays d�Asie centrale et l�Iran, voire les pays d�Am�rique latine. Cela m�me si, a contrario du Venezuela, la Bolivie a r�cemment affich� son d�sint�r�t pour la cr�ation d�une Opeg de l�Am�rique latine, privil�giant une organisation de pays producteurs luttant pour des objectifs humanistes plut�t que pour une question de prix et de volont� d�imposer ses points de vue aux pays d�pourvus de ressources �nerg�tiques. D�o� l�empressement de l�Europe, confront�e en 2006 � la crise �nerg�tique entre la Russie d�une part et l�Ukraine et la Bi�lorussie d�autre part, � revoir sa strat�gie �nerg�tique, en diversifiant ses sources d�approvisionnement et en se rapprochant de ses fournisseurs par le biais de partenariats et en promouvant le d�veloppement des �nergies renouvelables. L�impact de la coop�ration alg�ro-russe Des appr�hensions nourries par la mise en branle depuis l�ann�e derni�re d�une coop�ration �nerg�tique alg�ro-russe, les deux pays disposant d�un r�seau de gazoducs et de transport par mer couvrant pratiquement l�Europe. Un continent dont l�Alg�rie couvre � elle seule plus de 10%, voire 25%, de ses besoins en gaz naturel. Une coop�ration portant sur des travaux de prospection g�ologique conjoints et permettant � l�op�rateur gazier russe Gazprom de p�n�trer, par l�entremise de Sonatrach, sur les march�s cibles de l�Europe du Sud (Espagne, Portugal et sud de l�Italie) et du bassin de la M�diterran�e. En retour, Gazprom ouvre � Sonatrach des d�bouch�s dans le nord de l�Europe o� les positions russes sont assez fortes, des r�gions suscitant l�int�r�t de l�Alg�rie. Soit, des op�rations de troc entre les deux parties, Gazprom desservant les contrats de Sonatrach dans le nord et recevant en �change la m�me quantit� d�hydrocarbures pour ses fournitures au sud. Une coop�ration, �valu�e entre 3 et 4 milliards de dollars, en termes �galement de transfert de savoir-faire alg�rien en mati�re de liqu�faction de gaz naturel et, peut-�tre, d��changes d�actifs entre les compagnies gazi�res des deux pays. Pour rappel, Sonatrach contr�le l'essentiel du gaz extrait en Alg�rie et sa vente. Elle a extrait en 2005 85 milliards de m3 de gaz naturel dont 21,2 milliards ont �t� vendus sur le march� alg�rien et le reste export� par gazoduc ou sous forme de gaz liqu�fi� au Maghreb, en Europe et jusqu'en Cor�e du Sud. A la suite de l�amendement de la loi relative aux hydrocarbures, Sonatrach sera majoritaire � 51% au moins dans les futurs contrats de recherche, exploitation, raffinage et transports des hydrocarbures en Alg�rie.