L'organisation des grands exportateurs de gaz, plus connue sous l'appellation de "Opep du gaz", sera lancée à l'occasion d'une conférence énergétique prévue le 9 avril à Doha, affirmait lundi le quotidien russe Kommersant, qui citait des sources diplomatiques arabes. Sans dévoiler ces sources, le journal russe a indiqué qu'un accord politique serait proche et que cette réunion du forum des pays producteurs de gaz, prévue de longue date, sera mise à profit pour annoncer la création d'un véritable cartel du gaz. Les principaux entretiens sont menés, non pas par des représentants du secteur gazier, mais par des hommes politiques de haut niveau, "parfois même en contournant les ministères des Affaires étrangères", a déclaré un diplomate. A en croire donc les informations rapportées par le journal russe, les discussions sur la création de l'Opep du gaz sont passées à un palier supérieur, puisqu'elles Pour rappel, les experts en énergie ont toujours soutenu que la mise en œuvre d'une Opep du gaz est quasiment impossible, en raison des spécificités de ce marché, beaucoup plus rigide que celui du pétrole. Le gaz naturel est coté sur des places financières, mais cela ne concerne qu'une très faible partie du marché. Le gaz se négocie en très grande majorité à travers des contrats bilatéraux client/fournisseur à très long terme, généralement indexés sur le prix du pétrole. Le marché du gaz est, par ailleurs, très régionalisé, car cette matière est difficile à transporter, contrairement au pétrole. Il doit donc être distribué par gazoduc, ou, pour de plus longues distances, par bateau, ce qui nécessite de le liquéfier, un processus très coûteux. Par ailleurs, la nouvelle organisation, une fois en place, devra faire face à la riposte des pays consommateurs, notamment l'Europe qui se sent menacée par l'initiative. Ces informations, rapportées par le journal russe et relayées par les agences de presse, ne tarderont pas à faire réagir les pays de l'Union européenne, d'autant que parmi les pays fondateurs de ce cartel se trouvent deux de leurs plus importants fournisseurs. Les pays fondateurs de ce nouveau cartel seraient l'Algérie, le Qatar, l'Iran, la Russie et le Venezuela, selon Kommersant, qui évoquait certains commentaires favorables, récemment faits par des responsables de ces pays. En effet, après les positions affichées en faveur de l'initiative par la Russie, l'Iran, le Venezuela et le Qatar, l'Algérie s'est dite prête à considérer la chose. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a indiqué, dans une interview accordée récemment au journal espagnol El Pais, que l'idée n'est pas à rejeter a priori et qu'elle mérite d'être examinée et discutée par tous les intéressés. Il a ajouté, par ailleurs, que cette initiative entre tout à fait dans les tendances introduites par la mondialisation et qui conduisent les producteurs à se solidariser pour la défense de leurs intérêts. Tout porte à croire donc que les déclarations du président Bouteflika ont eu comme effets d'accélérer la concrétisation de ce cartel, longtemps en gestation. L'Iran est l'un des plus ardents partisans de cette idée. Son leader spirituel, l'ayatollah Khamenei, est le premier au monde à avoir énoncé officiellement l'idée d'un "cartel gazier", bien que l'idée ait été depuis longtemps débattue en Russie. Le président Vladimir Poutine a maintes fois approuvé l'initiative. Pour le Venezuela, la question est depuis longtemps tranchée. Mieux encore, son président, Hugo Chavez, est même allé, à défaut, à proposer aux autres dirigeants d'Amérique du Sud la création d'une organisation des pays exportateurs de gaz, basée sur le même principe que l'Opep. M. Chavez a proposé de la nommer "Opegas Sur", ou "Organisation des pays d'Amérique du Sud producteurs et exportateurs de gaz".