La déclaration hier du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, quant à l'éventualité de la création d'une Opep du gaz, relance le débat sur la question. En déclarant hier à Oran : « On pourrait créer une Opep du gaz dans la mesure où des pays producteurs sont intéressés par cette idée », le ministre s'aligne sur les propos du président Bouteflika, tenus récemment à un quotidien espagnol. Il faut rappeler que le ministre de l'Energie avait exclu toute possibilité de créer une Opep du gaz actuellement, vu que les prix du gaz sont déjà indexés sur ceux du pétrole. De plus, avait-il soutenu que la rigidité du marché gazier qui fonctionne surtout avec des contrats à long terme ne permet pas à une Opep du gaz d'agir et qu'il faudra attendre encore longtemps avant que le marché ne devienne fluide et permette une Opep du gaz. La création d'une sorte d'Opep du gaz n'est pas à rejeter a priori et mérite d'être examinée et discutée, avait déclaré le président Abdelaziz Bouteflika dans un entretien accordé au quotidien espagnol El Pais et publié mardi dernier. A la question : « En matière de gaz, quelles réflexions vous inspire la proposition du leader suprême iranien, Ali Khamenei, de créer une sorte d'OPEP du gaz ? », le président Bouteflika avait répondu : « La suggestion iranienne entre tout à fait dans les tendances introduites par la mondialisation et qui conduisent les producteurs à se solidariser pour la défense de leurs intérêts », ajoutant : « L'idée n'est pas à rejeter, a priori, elle mérite d'être examinée et discutée par tous les intéressés. » Ces propos rejoignaient ceux d'un président d'un autre grand pays gazier, Poutine, qui déclarait au début du mois de février : « Qui a dit que nous avions rejeté l'idée de créer un cartel du gaz ? Nous n'avons rien rejeté. » « J'ai dit que c'était une proposition intéressante », a indiqué Poutine avant de poursuivre : « Est-ce que nous allons créer ce cartel ? Est-ce qu'on en a besoin ? C'est une autre discussion. » De son côté, l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, avait affirmé s'être « mis d'accord avec le président Poutine sur la réunion des pays exportateurs de gaz », en indiquant que ces pays devaient examiner, lors de la conférence de Doha, si un quelconque cartel des pays exportateurs de gaz devait être créé. Selon le quotidien russe Kommersant qui a cité un diplomate du Moyen-Orient, cinq pays producteurs de gaz, l'Algérie, le Qatar, l'Iran, la Russie et le Venezuela lanceront une « Opep du gaz », le 9 avril à Doha, à l'occasion de la tenue du Forum des pays exportateurs de gaz. La création d'une organisation des pays exportateurs de gaz a déjà fait l'objet d'un débat à l'occasion de la tenue du premier Forum des pays exportateurs de gaz en Iran, il y a six ans environ, en 2001. La première réunion du forum a eu lieu à Téhéran au mois de mai 2001. La deuxième réunion s'est tenue à Alger au mois de février 2002. A Alger, les pays membres s'étaient engagés à développer les échanges d'information et à dynamiser la coopération surtout en matière d'expertise. Les appréciations sont différentes. Le forum, tel qu'il est organisé, pourrait se transformer en association ou en organisation. Mais il sera très difficile aux pays exportateurs de gaz de faire fonctionner cette organisation à l'image de l'Opep et qui pourrait décider de réduire la production pour faire augmenter les prix par exemple. La structure du marché gazier et la nature des contrats seraient un grand handicap actuellement. Selon plusieurs analystes du marché gazier, ce dernier va se globaliser d'ici une vingtaine d'années. Les pays gaziers pourraient alors, dans un premier temps, créer une organisation de coopération et poser les conditions de création d'une « Opep du gaz » à long terme.