Par Abdelmadjid Bouzidi Notre pays compte 32,906 millions d�habitants dont 16,282 femmes (soit 49,48 %). Il y a donc autant d�Alg�riens que d�Alg�riennes mais ces derni�res sont, h�las, �mises � la marge� alors m�me qu�elles repr�sentent un potentiel formidable pour qui veut faire progresser notre soci�t�. Le r�cent rapport national sur le d�veloppement humain rendu public par le Cnes et produit en collaboration avec le Pnud contient de tr�s int�ressantes donn�es chiffr�es sur la situation de la femme dans notre pays. Ainsi, l�examen des taux combin�s de scolarisation, c�est-�-dire la scolarisation au niveau des trois paliers : primaire (6-15 ans), secondaire (16-19 ans) et sup�rieur (20-24 ans) nous apprend que la scolarisation des filles est de 66,92 % et celle des gar�ons de 65,58 %. Et plus int�ressant encore � relever, le taux de scolarisation dans le secondaire est de 46,01 % pour les filles et de 31,66 % pour les gar�ons, alors que dans le sup�rieur, le taux de scolarisation est de 25,27 % pour les filles et 18,40 % pour les gar�ons. Dit autrement, au niveau de l�enseignement secondaire, la parit� filles/gar�ons est de 136 filles pour 100 gar�ons en 2004/2005 et dans l�enseignement sup�rieur cette parit� est de 135 filles pour 100 gar�ons. En 2004, nous avions 157 filles dipl�m�es pour 100 gar�ons. Ces chiffres nous apprennent finalement que dans la tranche d��ge 6-24 ans il y a plus d�Alg�riennes instruites et dipl�m�es que d�Alg�riens. Mais c�est lorsqu�on examine les caract�ristiques de l�emploi f�minin que l�on constate le g�chis de ressources pour la soci�t� et l��conomie alg�rienne. L�emploi f�minin est bien faible : en 2005, le nombre de femmes occup�es ne repr�sente que 15 % de la population occup�e alors m�me que la proportion des occup�s ayant un niveau sup�rieur est plus �lev�e chez les femmes (25,7 %) que chez les hommes (8,1 %). M�me constat pour la proportion des occup�s de niveau secondaire : 29,6 % pour les femmes et 20,2 % pour les hommes � l�emploi f�minin lorsqu�il existe est de meilleur qualit�. Nous avons beaucoup de jeunes filles instruites. Elles sont m�me dans les groupes d��ge concern�s (16-24 ans) plus nombreuses que les gar�ons mais leur taux d�occupation est nettement plus faible que celui des gar�ons. La seconde �injustice� qui est faite aux Alg�riennes est celle qui a trait aux salaires vers�s � celles qui travaillent : le rapport du salaire des femmes � celui des hommes est, chez nous, de 0,495. Cela signifie que les salaires des femmes sont inf�rieurs de 50,5 % � ceux des hommes. Au niveau international, ce rapport est de 0,75 (les salaires des femmes sont inf�rieurs de 25 % � ceux des hommes). S�agissant des fonctions sup�rieures de l�Etat, l�Assembl�e nationale alg�rienne compte 362 d�put�s hommes et seulement 27 femmes, soit 6,94 %. Au Conseil de la nation, elles sont 4 s�natrices pour 140 s�nateurs (soit 2,78 %). Le rapport national sur le d�veloppement humain pour 2006 �labor� par le Cnes nous apprend que la Tunisie, qui a aussi un Parlement � 2 chambres mais de plus petite taille, compte 43 parlementaires femmes dont 15 s�natrices. Au Rwanda, 50 % des membres du Parlement sont des femmes et en Afrique du Sud et au Mozambique, les femmes repr�sentent 30 % des parlementaires. Dans les fonctions sup�rieures de l�Etat, il y a 40 489 hommes et seulement 367 femmes, soit 0,9 %. Dans le d�partement minist�riel de l�Int�rieur, on d�nombre 1 femme wali (sur 48) en exercice, deux femmes walis hors cadre, une wali d�l�gu�e, 3 secr�taires g�n�rales, 4 inspectrices g�n�rales et 7 chefs de da�ra. Mais c�est dans les autres secteurs de la Fonction publique que la femme alg�rienne occupe une place significative puisque 37 % des magistrats, 50 % des enseignants, 53 % des m�decins et 32 % des cadres sup�rieurs sont des femmes. Dans le secteur de l�entreprise et de l�exploitation agricole, elles sont 10 00 chefs d�entreprise et 41 793 chefs d�exploitations agricoles. Toutes ces donn�es chiffr�es recueillies ou construites par les experts du Cnes �clairent parfaitement sur le g�chis que subissent notre pays et notre soci�t� : cette derni�re consent de grands efforts pour donner aux filles alg�riennes la m�me �ducation, la m�me instruction que celle dispens�e aux gar�ons alg�riens. Les r�sultats des premi�res sont m�me plus probants que ceux obtenus par les seconds mais ni sur le march� de l�emploi, ni sur le champ �conomique, nous ne retrouvons toute cette ressource humaine qui serait pourtant bien utile au pays. De m�me l�indice de participation politique de la femme alg�rienne est insignifiant y compris par rapport � des pays africains moins dot�s en comp�tences f�minines que l�Alg�rie. Au moment o� � travers le monde la fonction supr�me de chef de l�Etat est progressivement occup�e par des femmes, au moment o� m�me la fonction de ministre de la D�fense a pu �choir � des femmes, nous sommes encore en Alg�rie l�un des pays du Sud et m�me du continent africain � faire le moins confiance � la femme alg�rienne, pourtant mieux arm�e pour �mettre la main dans le cambouis�.