Deux voitures, une Clio avec deux personnes � bord, une femme et un homme kamikases, et une Renault 4, conduite par un jeune homme, ont explos� hier entre le si�ge de la Division est de la police judiciaire de Bab-Ezzouar et celui du commissariat de la m�me circonscription. Le bilan : 12 morts et 56 bless�s, selon le chiffre avanc� par le directeur g�n�ral de la S�ret� nationale, d�p�ch� sur les lieux. Il �tait 11h10, lorsque la d�flagration s�est produite, � dix minutes d�intervalle d�une autre op�ration kamikaze, qui, elle, a cibl� le Palais du gouvernement. 11h25, nous sommes arriv�s sur les lieux. Tout le p�rim�tre �tait boucl� par la police. Impossible d�aller sur les lieux du drame. Des agents de la police, de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile ouvraient difficilement le passage pour les ambulances qui transportaient les bless�s vers l�h�pital Zemerli. Une fum�e noire couvrait toute la zone. La sc�ne est terrifiante. Des dizaines de voitures se trouvant sur l�autoroute menant vers l�a�roport d�Alger ont �t� carbonis�es. Le si�ge du commissariat est en partie en ruine. Les murs s��taient effondr�s, de l�eau jaillissait de l�immeuble et les d�combres se tassaient comme s�il s�agissait d�un terrible tremblement de terre. Les �l�ments de la Protection civile, des policiers en civil et en tenue couraient dans tous les sens. Des civi�res sont align�es pour transporter les victimes. La police scientifique est �galement sur les lieux, � la recherche du moindre indice qui pourra aider les enqu�teurs � identifier les auteurs de ce double crime barbare. Le cordon de s�curit� �tabli autour de la zone emp�chait les citoyens de se rapprocher. Les habitants de Bab-Ezzouar, qui, il y a deux ans accueillaient le pr�sident de la R�publique � la cit� de la Concorde civile, venaient d�assister � une catastrophe sans pr�c�dent. Toutes les cit�s voisines � l�endroit du crime ont vu les vitres de leurs fen�tres voler en �clats. Les palmiers sont calcin�s. Des �l�ments de la police judiciaire, munis de sachets blancs, inspectent minutieusement les lieux pour ramasser les lambeaux de chair humaine d�chiquet�s par la d�flagration. �Venez prendre cette cervelle�, a lanc� un policier � son coll�gue. �C�est la cervelle d�une femme dont le corps a �t� d�chiquet�, nous dit-il. Elle n��tait pas seule. Elle venait de descendre de la passerelle avec son fils de 8 ans. Les deux sont morts. Par terre, se trouvaient des v�tements d�enfants, un sac de fruits �cras� et les chaussures de la victime. Des flaques de sang �taient visibles dans tous les coins. L�odeur du sang, m�l�e � celle du gaz est insupportable. La mort �tait tr�s pr�sente, hier, � Bab-Ezzouar. Le choc est immense. Pas de commentaire sur ce qui venait de se passer. Le regard des habitants est vide. Tous portent les mains sur les oreilles, question de faire �vacuer le bruit laiss� par la d�flagration, pendant qu�ils suivaient de loin l�op�ration d��vacuation des victimes de l�int�rieur de l�immeuble du commissariat. Les deux explosions qui r�sonnent encore dans les lieux ont laiss� des crat�res de 1 m�tre de profondeur et 56 centim�tres de largeur. Selon les t�moignages recueillis sur place, la premi�re voiture, une R4, sortait de l�autoroute et prenait la bretelle qui m�ne vers la cit� du 5-Juillet. Le deuxi�me v�hicule venait au sens inverse, � savoir de la m�me cit�. 10 m�tres environ s�paraient les deux v�hicules pi�g�s. �On ne pouvait pas nous douter de quoi que se soit. Nous sommes sur l�autoroute et le passage est ouvert � tous�, a soulign� un policier, abattu. Trois heures apr�s le drame, une fois que la police scientifique ait accompli sa mission, l�ordre �tait donn� pour le nettoyage des lieux. Pendant que les �l�ments des services d�hygi�ne et de nettoyage public ont envahi l�endroit avec leurs pioches, balais et autres moyens, les policiers se sont regroup�s devant leur lieu de travail sinistr�, laissant libre cours � leur �motion. Certains sont en sanglots. Huit policiers sont gravement bless�s. Nous n�aurons pas toutefois la confirmation du d�c�s de trois d�entre eux.