Apr�s les magistrales le�ons de football champagne de Manchester United- AC Milan (3-2) et de haute-strat�gie tactique de Chelsea- Liverpool (1-0) � l'aller, difficile d'�tablir un pronostic pour les demifinales retour de la Ligue des champions, mardi et mercredi. Le choc des g�n�rations entre Milan et ManU, mardi � San Siro, semble le plus ind�cis des deux, tant il est difficile de d�partager les deux �quipes apr�s le fantastique match aller, encens� dans le monde entier. Car, que faut-il placer dans la balance pour se choisir un favori ? A l'aller, les Rossoneri ont marqu�, et deux fois, le but � l'ext�rieur si pris� en coupe d'Europe, ce qui constitue un avantage objectif. Mais les joueurs d'Alex Ferguson en ont pris un ascendant psychologique en ne reniant jamais leur jeu offensif pour s'imposer dans les derniers instants. Les Italiens ont montr� une science tactique sup�rieure, mais la fougue et la g�n�rosit� des Red Devils en sont venues � bout. Et qui a �t� le plus impressionnant, Kaka qui dribble encore Gaby Heinze dans les cauchemars de l'Argentin, comme sur ses deux buts � l'aller, ou Wayne Rooney et son instinct retrouv� de chasseur de buts ? Qui aura le dernier mot, les gamins insolents et g�niaux de Manchester (Rooney, Cristiano Ronaldo...), encadr�s par les sages Ryan Giggs et Paul Scholes, ou les vieux chevaliers de Milan (Paolo Maldini, Clarence Seedorf...) et leur g�nial �cuyer Kaka ? Comme la fatigue, invoqu�e par les deux camps, est soluble dans la victoire, m�me leur forme actuelle ne peut les d�partager. Milan vient de s�curiser sa qualification � la prochaine C1 et Manchester a fait un pas vers le titre en gagnant � Everton pendant que Chelsea calait devant Bolton (2-2). Chelsea favori En revanche, dans l'autre demi-finale, mercredi dans l'antre d'Anfield entre deux �quipes qui se ressemblent, un favori se d�gage. Les Blues ont laiss� la meilleure impression de la demi-finale aller, qu'ils ont clairement domin�e. Chelsea a mieux jou�, et Didier Drogba semble r�unir plus de qualit�s que Peter Crouch, Dirk Kuyt et Craig Bellamy � eux trois. Et contrairement � Manchester, leur rival en Championnat d'Angleterre (et aussi en "Cup", et aussi en C1...), les hommes de Jos� Mourinho n'ont pas encaiss� de but � domicile. Le fauconnier portugais pourra faire planer la menace de ses oiseaux de proie (Drogba, Joe Cole, Andriy Shevchenko) sur la t�te des "Scousers" de Liverpool. Un but de Chelsea contraindrait les Reds � en marquer au moins trois pour passer. La fatigue pourrait plus frapper Chelsea que des Reds "d�j� en vacances" selon Mourinho, puisqu'ils n'ont plus qu'un objectif, la C1, et donc au mieux deux matches � enjeu, la demifinale retour et une �ventuelle finale. Les arguments rationnels semblent donc plaider en faveur des Londoniens, mais la mystique reste rouge : les trois buts remont�s au Milan en finale voil� deux ans, la magie d'Anfield, et le fluide de Steven Gerrard, le meilleur joueur des Reds, plus populaire � Liverpool que les Beatles et J�sus-Christ r�unis. Start (19h45) Mardi � Anfield Road : Liverpool - Chelsea (aller 0- 1) Mercredi � San Siro : AC Milan - Manchester United (aller 2-3) Liverpool va devoir forcer le verrou Liverpool, battu 1 � 0 � l'aller, va devoir tromper au moins deux fois l'impressionnante d�fense de Chelsea s'il veut ruiner les espoirs londoniens d'entrer pour la premi�re fois en finale de la Ligue des champions, demain soir lors de la demi-finale retour � Anfield. � Le rideau de fer. Pour se qualifier avant les tirs au but, Liverpool devra s'imposer par deux buts d'�cart. Mission quasiment impossible. En 172 matches, depuis l'arriv�e de Jose Mourinho, Chelsea n'a perdu que deux fois par plus d'un but d'�cart : le 11 f�vrier 2006 � Middlesbrough (0-3) et le 20 janvier... � Liverpool (0-2). Ce jour-l�, la d�fense des Blues �tait exp�rimentale, avec Michael Essien et Paulo Ferreira en charni�re centrale. Devant la d�fense, John Obi Mikel et Claude Makelele se sont content�s de t�ches d�fensives � l'aller. En premi�re mi-temps, ils ont respectivement touch� quatre et cinq ballons dans le camp de Liverpool qui ne s'est procur� qu'une petite occasion par Steven Gerrard. � Les attaquants. C'est le domaine o� Liverpool p�che. Craig Bellamy a �t� transparent � Stamford Bridge. Dirk Kuyt a essay�, mais a sembl� l�ger face � la d�fense des Blues. Quand Peter Crouch est rentr�, Liverpool a us� de longs ballons vers le g�ant. Gerrard est peut-�tre la principale arme offensive des Reds. � Le public. "On aura douze joueurs au match retour", dit Rafael Benitez. Parmi les grands d'Angleterre, Liverpool est le seul � disposer d'un public digne de ce nom. Roy Keane d�crivait Old Trafford comme une assembl�e de "mangeurs de sandwiches". Dans leur stade neuf, immense et froid, les Gunners doivent se contenter des applaudissements bien �lev�s des "yuppies" qui peuvent se permettre d'acheter des billets avant de quitter le stade en avance pour ne pas �tre trop serr�s dans le m�tro. A Chelsea, les matches commencent par des airs de tavernes bavaroises par hautparleurs et se poursuivent par les insultes et les doigts dress�s � destination de l'entra�neur visiteur. Des chants d'Anfield �manent l'harmonie, la puissance et la joie d'un peuple en marche. "Ce qu'il faut se mettre dans la t�te, c'est que la foule ne jouera pas", dit John Terry. � La fatigue. Chelsea en est � 59 matches cette saison, soit d�j� cinq de plus que la saison pass�e et six de plus que Liverpool. Qualifi�s pour la prochaine Ligue des champions, les Reds n'ont qu'� se concentrer sur leur demi-finale et Rafael Benitez fait tourner son effectif. A Portsmouth samedi, il a laiss� au repos sept de ses onze titulaires du match aller. � Les absents. Ricardo Carvalho et Michael Ballack, bless�s, ne joueront pas. Carvalho est au moins autant que John Terry l'homme essentiel de l'arri�re-garde londonienne. Comme il l'a montr� sur le but de l'aller, il dispose, � l'inverse de son comparse, du bagage technique pour relancer intelligemment. En outre, Bolton a �galis� samedi (2-2) apr�s la blessure de Carvalho. � Le revenant. Suspendu � l'aller, Michael Essien revient. Et Mourinho est soulag�. Le Portugais consid�re celui qu'il surnomme le "Train" comme son homme de base. � Col�re. Rafael Benitez est un homme placide. Aussi, les visages livides des joueurs de Liverpool apr�s leur match � Stamford Bridge trahissaient-ils leur stupeur apr�s son "coup de gueule" dans le vestiaire. � Petites phrases. Benitez : "Je veux offrir � mes joueurs la chance de montrer qu'ils veulent faire partie de ce club la saison prochaine". Mark Gonzalez, milieu de Liverpool � propos de Chelsea � l'aller : "Ils n'ont pas vraiment exist� dans ce match". Mourinho: "Si j'avais eu les r�sultats de Liverpool depuis trois ans en championnat, je pense que je ne serais plus � Chelsea". AC MILAN Inzaghi, le buteur providentiel A 33 ans et malgr� un temps de jeu r�duit depuis le d�but de la saison, Filippo Inzaghi devrait �tre l'attaquant de l'AC Milan face � Manchester United, mercredi en demi-finale retour de la Ligue des Champions, une comp�tition o� il a souvent �t� un buteur providentiel. A San Siro, Manchester va miser sur Wayne Rooney, h�ros de l'aller (2 buts), pour conduire l'offensive. L'Anglais, 21 ans, est le prototype du buteur moderne, concentr� d'explosivit�, de vitesse et de technique. Inzaghi n'a rien de tout cela : pas franchement rapide, encore moins puissant ou technique, il a en plus une frappe on ne peut plus ordinaire. A l'heure o� tous les attaquants donnent dans la (super) puissance, abdominaux en acier et vitesse supersonique, il d�tonne avec son allure fluette, presque malingre. Mais "Superpippo" - le nom de Super Goofy, personnage de Disney, en version italienne - a un "super pouvoir" que les autres n'ont pas (ou pas encore tout � fait) : un flair et un "timing" hors du commun. Inzaghi est un d�tecteur de buts, en t�moignent ses 36 r�alisations en C1 et ses 56 en coupes d'Europe, qui font de lui le 4e meilleur buteur de l'histoire des �preuves continentales (et le meilleur italien). Poison Des chiffres qui comptent alors que l'AC Milan, qui ambitionne de remporter sa 7e Ligue des champions, doit franchir l'obstacle mancunien apr�s avoir perdu � l'aller (3-2). L'entra�neur Carlo Ancelotti sait tout ce qu'Inzaghi, m�me peu utilis� cette saison, peut apporter. En 2003 notamment, il avait �t� d�cisif lors de la conqu�te du 6e et dernier troph�e en C1. Et puis cette ann�e, en quart retour, apr�s plusieurs apparitions d�cevantes, il avait marqu� le 2e but, celui du K.-O., face au Bayern � Munich (0-2). L'autre facteur qui devrait conduire � la titularisation d'Inzaghi, c'est qu'� Old Trafford, Gilardino, align� en pointe, n'a rien fait de bon. "Le fait que Gilardino n'ait marqu� qu'un seul but en Ligue des champions est r�v�lateur (...) Il y a davantage de pression et il n'est pas encore suffisamment exp�riment� pour la g�rer", assurait vendredi Ancelotti, ajoutant : "Inzaghi a de bonnes probabilit�s de jouer mercredi". Pour la d�fense de Manchester, qui ne d�gage d�j� pas une grande assurance, le champion du monde (1 but marqu� au Mondial-2006) est un poison. "Le but, c'est ma vie" Il a l'art de se faire oublier. Et, toujours sur le fil du hors jeu, de surgir alors qu'on ne l'attend pas. Le gardien repousse le ballon, il est l�. Un poteau renvoie le ballon, il est encore l�... Et du pied, de la t�te, du genou ou du bassin, 9 fois sur 10, il marque. "C'est le joueur � qui le poteau fait une passe", a dit un jour un de ses co�quipiers, mi-admiratif mi-ironique. "Le but, c'est ma vie", r�pond l'int�ress�, dont les c�l�brations � chaque but marqu� frisent quelquefois l'hyst�rie. Un profil de "chasseur de buts" qui cadre parfaitement au clich� du joueur italien pour qui la fin justifie les moyens, et qui rappelle l'illustre Paolo Rossi, Ballon d'or en 1982, l'ann�e o� il avait pratiquement gagn� � lui seul la Coupe du monde en Espagne. Mercredi, les Anglais n'auront d'yeux que pour Kaka. Le prodige br�silien les a impressionn�s en marquant deux buts chez eux. Une aubaine pour "Superpippo", qui essayera une fois de plus de se faire oublier et de surgir � point.