Lyc�e Emir-Abdelkader, jeudi, 9h du matin. Le grand portail du plus grand centre de vote de la capitale a ouvert ses portes depuis pr�s d�une heure d�j�. 8 096 �lecteurs sont attendus durant toute la journ�e. Des policiers sont en force pour v�rifier : carte d�identit� et carte de vote de chaque personne qui p�n�tre au sein de l��tablissement. Nous croisons le chef du centre, au seuil du bureau du proviseur qui l�h�berge pour l��v�nement. La journ�e ne fait que commencer et il y a encore des retards � rattraper en mati�re d�organisation, notamment d�affectation des encadreurs dans les 27 bureaux de ce centre. Nous faisons un premier tour de ces bureaux. Les encadreurs et les observateurs des partis politiques prennent place tranquillement, pr�ts � recevoir les premiers �lecteurs. Ceux-l� tardent � arriver. �C�est encore t�t�, nous fait remarquer un chef de bureau. �G�n�ralement c�est l�apr�s-midi que les gens votent�, pr�cise-t-il. Entre deux bureaux, nous interceptons une septuag�naire habitant La Casbah. Portant un ha�k en soie, qu�elle a certainement h�rit� de ses vingt ans, cette dame, qui �prouve des difficult�s � marcher, est venue accomplir son devoir �lectoral. �Je vote, parce que c�est un devoir. Je le fais depuis l�ind�pendance. Je ne connais personne de ces t�tes, mais elli katbetlou ye diha�, le plus chanceux l�aura. Nous attendons pr�s de vingt minutes avant qu�un autre �lecteur vienne glisser son enveloppe dans l�urne. C�est encore une femme, la soixantaine. �Je veux juste avoir un cachet sur ma carte de vote. �a fait des mois que je cours pour un logement pour mes enfants. Notre maison va s�effondrer sur nos t�tes. Peut-�tre qu�on votant el moussalah el wataniya les choses vont s�arranger �, raconte-t-elle, tout en n�ayant aucune id�e sur la liste qu�elle a choisie. Vers 10h, quelques �lecteurs, des vieux particuli�rement, se succ�dent aux bureaux. 11h. les premi�res estimations font �tat de 329 votants. Dans les bureaux de vote, l�ennui commence � gagner les encadreurs et les observateurs politiques, qui, d�ailleurs ne sont pas nombreux. Sauf le FLN, le RND et le MSP ont r�ussi � couvrir l�ensemble des bureaux. Les autres partis, par manque d�effectifs, ont install� une ou deux personnes dans tout le centre. Entre midi et 14h, une ambiance de morosit� s�empare des lieux. En l�absence d��lecteurs, les encadreurs se sont install�s dans la cour de l��tablissement pour d�jeuner, laissant les observateurs politiques d�sempar�s, ne sachant s�ils doivent se joindre aux autres ou rester � veiller sur ces urnes, qui ne comptent en r�alit� que quelques bulletins. Des bulletins qui sont l� gr�ce � l�esprit d�engagement et de patriotisme ancr� chez les personnes du troisi�me �ge. A l�exemple de cette moudjahida de 75 ans, dont la sant� n�est pas toujours au beau fixe, mais a tenu � voter. �Je suis l� parce que je ne peux pas faire autrement. J�ai tout donn� � l�Alg�rie et je continue � le faire�, dit-elle, les yeux larmoyants. �Ils m�ont donn� un paquet de feuilles et moi je ne vois pas bien. Alors j�ai gliss� une au hasard�, lance � son tour un ancien moudjahid. Ainsi, si l�on peut qualifier le scrutin de jeudi, on dirait que c��tait celui du troisi�me �ge. A l�exception de quelques jeunes femmes qui se sont manifest�es, la majorit� des votants sont des personnes d�un �ge d�passant la soixantaine. 15h30. Un autre sondage avance un chiffre de 819 bulletins rassembl�s dans les urnes. Le chiffre le plus bas que ce centre n�a jamais connu � travers toute son histoire. 16h pass�es, les visages se renfermaient, les �clats de rire se r�duisaient et la lassitude gagnait l�ensemble des bureaux. �C�est la journ�e la plus longue. Il n�y a rien�, confie un encadreur, assis sous un arbre, profitant du soleil. Ses camarades font les vaet- vient entre les diff�rents bureaux. A 18h, l�ambiance s�est compl�tement transform�e. Baisse de vigilance, laisser-aller et carr�ment abandon de poste. Il n�y avait que la pr�sence de ces fameuses �urnes� pour rappeler � tout ce bon monde rassembl� au lyc�e Emir- Abdelkader qu�un scrutin se d�roulait et que la nation avait pour devoir d��lire ses repr�sentants � l�Assembl�e populaire nationale. �Je ne m�attends pas � un changement, mais je veux juste qu�on me donne un logement �, t�moigne cette femme, la cinquantaine et peut-�tre la derni�re � mettre l�enveloppe dans l�urne. Car elle est arriv�e quelques minutes seulement avant le retentissement de la cloche qui signalait le tomber de rideau sur un vote pas comme les autres. L�op�ration de d�pouillement commence : les portes se referment sur les bureaux et l�on compte le nombre des voix. Dix, quinze, vingt, dix-huit... les chiffres tomb�rent en quelques minutes seulement, tellement les urnes �taient presque vides. On ramasse les feuilles de d�pouillement. Les d�comptes se feront � l�APC. La tendance partisane est pour le FLN et le Parti des travailleurs. �C�est connu ici, � La Casbah. C�est toujours les m�mes. Pas de surprise�, commente le chef du centre.