En cette journée du 9 avril, l'ambiance était particulière à Bentalha. Si les rues de la localité donnaient l'apparence d'une journée ordinaire, à l'intérieur des deux centres de vote, c'est une toute autre atmosphère. Dès les premières heures de l'ouverture des bureaux de vote, les électeurs ont afflué en masse pour choisir leur futur président. Ici, l'acte de voter est un devoir qui prend toute sa signification. Malika et Fatima Souaci, accompagnées de leurs deux frères cadets Moussa et Khaled ont parcouru près d'un kilomètre pour venir exprimer leur choix. Malika, 24 ans, sans emploi, qui a quitté l'école à l'âge de 13 ans, garde l'espoir : «Je vote pour l'avenir de mon pays. Je suis très contente de me déplacer avec mes deux petits frères (…) Je vote pour la seconde fois. La première expérience remonte à 2007», autrement dit lors des élections législatives. Fatima, 18 ans, diplômée d'Etat en coiffure, qui tient un petit salon dans cette banlieue est d'Alger, vient accomplir pour la première fois son devoir de citoyenne. «Je suis très heureuse, car je vote pour le président de la République. Pour moi, c'est une vraie découverte», dit-elle avec le sourire et la modestie exemplaires d'une jeune femme qui aspire «au développement du pays». L'espoir, le travail, la santé, la paix, ces mots reviennent comme des leitmotivs chez les électeurs de Bentalha, ce tristement célèbre lieu lié depuis longtemps à l'un des pires massacres qu'ait connus l'Algérie durant les années 90. Cette page de son histoire semble bel et bien tournée. La préparation du scrutin a bénéficié de tous les moyens nécessaires. Les dispositifs sécuritaire et de la Protection civile étaient au rendez-vous. A l'aide de détecteurs de bombes et d'armes, les policiers fouillent minutieusement les votants. Deux centres de vote ont été ouverts à 8h. Le premier, érigé dans l'école primaire Ibn Badis, comprend 13 bureaux (7 pour les hommes et 6 pour les femmes), tandis que le deuxième, installé à l'école Emir-Abdelkader, est doté de 5 bureaux. Au total, 8264 électeurs sont inscrits sur le fichier électoral de cette cité relevant de la commune de Baraki. Le centre Emir-Abdelkader est tenu par la directrice de l'école primaire, Mme Haouach, entourée d'une trentaine de personnes dont des représentants de candidats à la présidentielle. A 14h, le taux de participation était déjà de plus de 25%. «A 12h00, nous avons comptabilisé 130 votantes», fait-elle remarquer. Au sujet des conditions de préparation du scrutin, elle ajoute : «Nous ne manquons de rien. Les autorités ont mis les moyens humains et matériels nécessaires pour la réussite de cette élection. Les représentants des candidats ont la liberté de vérifier toutes les opérations et de circuler librement dans les différents bureaux, et le taux de participation était déjà de 6% à 9h00. Le chef du centre Ibn Badis, Bouzid Ghabach, est fortement sollicité. Après avoir reçu une délégation d'inspecteurs du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales venue s'enquérir, selon lui, des conditions de déroulement du vote, il invite les journalistes à son bureau pour communiquer les premiers chiffres. A 13h00, le taux de participation avoisinait les 22% (21,98). «A la clôture, je pense qu'on atteindra les 50%. Beaucoup de femmes et d'hommes vont venir en fin d'après-midi, c'est habituel dans cette région. Dans la matinée, les citoyens ont tendance à s'occuper beaucoup plus de leurs affaires personnelles», explique le chef de centre. Au sortir du bureau de vote, un groupe de jeunes nous demande si nous sommes des journalistes. Ils étaient ravis de parler de leurs aspirations : «J'ai 35 ans. Je viens de me marier. Seulement, je n'ai pas encore de travail stable. Si j'ai voté, c'est bien pour avoir l'espoir que le futur chef de l'Etat nous donne un emploi, juste un emploi», tient à dire Othman.