Par Hassane Zerrouky Nguyen Minh Triet, chef de l��Etat vietnamien, a effectu� une visite aux Etats-Unis, qualifi�e d�historique. Depuis la fin de la guerre du Vietnam en 1975, marqu�e par la chute de Saigon, aucun pr�sident vietnamien n�a �t� re�u � la Maison-Blanche. En revanche, deux pr�sidents am�ricains, George Bush en novembre dernier et, avant lui, Bill Clinton en 2000, ont effectu� des visites officielles au Vietnam. Pourtant, il existe un lourd contentieux historique entre les deux pays. Plus de 8 millions de Vietnamiens sont morts entre 1960 et 1975. Durant cette guerre de lib�ration contre les Etats-Unis qui soutenaient le r�gime � leur solde, celui du Vietnam du Sud, d�ployant 500 000 marines et GI�s appuy�s par une armada a�ronavale sans pr�c�dent, des bombardements a�riens sans discontinuit� par les B52 sur Hano� et sa r�gion ainsi que sur la fameuse piste �Ho Chi Minh�, l�Arm�e de lib�ration du Vietnam n�a pas pli�. Des chasseurs bombardiers am�ricains ont �t� abattus, leurs pilotes fait prisonniers et sur le terrain, l�Arm�e de lib�ration poursuivait son offensive en direction de la capitale du Sud-Vietnam, Saigon. En avril 1975, apr�s avoir mis en d�route l�arm�e du Sud-Vietnam, malgr� l�appui a�rien am�ricain, les chars de l�Arm�e de lib�ration du Vietnam entrent dans Saigon, lib�rant la partie sud du pays et r�unifiant le nord et le sud du pays. La guerre �tait termin�e. Contrairement � ce qui s�est pass� ailleurs, pas d�actes de vengeance, pas de liquidations physiques massives. Les prisonniers ont, certes, �t� intern�s, mais lib�r�s quelques ann�es plus tard pour les plus compromis avec les Etats- Unis. Trente ans plus tard, apr�s avoir pans� ses blessures, le Vietnam est en voie de devenir un nouveau dragon asiatique. Ceux qui avaient soutenu les Etats-Unis, et qui n�ont pas commis de crimes de guerre, sont retourn�s au pays. Parmi eux de riches hommes d�affaires qui contribuent au d�veloppement du pays en investissant dans l��conomie vietnamienne gr�ce � des mesures favorisant l�investissement productif. Des multinationales, notamment am�ricaines, japonaises et fran�aises ont ouvert des sites de production. Le pays conna�t une croissance � la chinoise. Image inattendue, mais reflet de la volont� vietnamienne de dynamiser son �conomie, le chef de l�Etat vietnamien s�est rendu vendredi dans le temple du capitalisme mondial, Wall Street, et ce, au lendemain de ses entretiens avec George Bush. Les deux pays ont sign� jeudi un pacte commercial et d'investissement, pr�ludant un accord complet de libre-�change. Il faut savoir que le commerce bilat�ral entre le Vietnam et les Etats-Unis a plus que quintupl� depuis 2001, pour atteindre 9,7 milliards de dollars en 2006. Fin avril, les investissements am�ricains dans le pays atteignaient 2,3 milliards de dollars, soit un volume d��change aussi important que celui existant entre l�Alg�rie et la France. Certes, le Vietnam n�a pas oubli� la guerre d�vastatrice men�e contre lui par les Etats-Unis. Mais, tout en entretenant la m�moire afin que personne n�oublie, il a tourn� la page de cette histoire douloureuse pour se consacrer � l�avenir, au d�veloppement et au progr�s social. Estimant, � juste titre, que le peuple vietnamien a vaincu l�imp�rialisme am�ricain, le pays du g�n�ral Giap, le vainqueur de la guerre, n�a pas exig� que Washington demande pardon pour les crimes commis. L�essentiel pour lui est que la coop�ration soit mutuellement avantageuse. Celle-ci s�est m�me �tendue � la coop�ration militaire : des officiers vietnamiens sont form�s dans divers domaines aux Etats-Unis. Seul point noir au pays de feu Ho Chi Minh, la question des libert�s. Le Vietnam est r�guli�rement �pingl� par les ONG de d�fense des droits de l�homme en raison de l�emprisonnement de plusieurs intellectuels et journalistes. Un domaine o� les dirigeants vietnamiens doivent faire des efforts s�ils veulent que leur pays garde cette image d�un peuple qui a fait face h�ro�quement � l�une des guerres d�agression les plus terribles du XXe si�cle.