Apr�s la plaidoirie de Me Miloud Brahimi qui, la veille, a sonn� la charge contre les accusations port�es par la justice de Boumerd�s contre les 37 accus�s et son client, voire contre la tenue m�me de ce proc�s, force est de dire que ce proc�s est entr� dans une autre phase. En effet, les d�fenseurs, un � un, d�filent devant le pr�sident Benabdallah Redouane pour demander tout simplement l�acquittement de leurs clients respectifs. �Entre l�exigence par le parquet de l�application enti�re de l�article 288 du code p�nal, � savoir la peine maximale de 3 ans de prison et la demande, je pense, collective de la d�fense pour l�acquittement des accus�s, il y a un malaise�, rappelait Me Brahimi, laissant entendre que les accusations ne sont pas fond�es. Effectivement au second jour des plaidoiries, les d�fenseurs ont donn� une autre dimension � ce proc�s. Me Chami, qui d�fend la cause de Mohamedi Abdelkader impliqu� dans les destructions des 132 logements de Zemmouri, a �t� la premi�re � lancer une brindille : �On veut absolument avoir des coupables.� Par la suite, l�avocate a remis en cause le rapport de l�expert judiciaire qui s�est content�, dit-elle, de reprendre des termes du rapport de l�une des commissions du minist�re de l�Habitat. Deux autres d�fenseurs ont essay� de plaider la bonne foi de leurs clients et ils ont remis des documents consid�r�s comme �tant importants mais qui manquent dans le dossier de la justice. Incontestablement, l�entr�e en sc�ne de Me Bourayou a permis � la d�fense de se red�ployer et de se donner la force pour contreattaquer vigoureusement dans ce proc�s. Il est clair que le c�l�bre d�fenseur a dit haut ce qui se disait tout bas, � savoir que les responsabilit�s dans les drames du 21 mai 2003 sont � chercher �galement dans les rouages de l�administration et aupr�s des dirigeants de l�Etat. Peu � peu, Me Bourayou a argument� son intervention pour jeter le discr�dit sur ce proc�s. �C�est la premi�re fois dans l�histoire de notre pays et � l��chelle internationale qu�une affaire sur les cons�quences d�un tremblement de terre est jug�e.� Insinuant que l�humain ne pouvait pas juger un ph�nom�ne divin et naturel. Cependant, il estime tout de m�me la tenue de ce proc�s positive dans la mesure o� toutes les responsabilit�s humaines �ventuelles sur les destructions pouvaient �tre localis�es avec exactitude. A ce propos, le d�fenseur l�che des questions : �Pourquoi, d�s lors, ni les responsables de l�administration ni les responsables de l�Etat n�ont �t� ni entendus ni impliqu�s ? Cherchet- on � couvrir l�administration et l�Etat ?� Effectivement, pour les observateurs qui ont suivi le cheminement de l�enqu�te puis le d�roulement de ce proc�s, certaines questions, entre autres celles pos�es par Me Bourayou, sont d�une importance extr�me. En suivant la logique de Bourayou, les r�ponses � ces questions mettront n�cessairement � nu les politiques de l�am�nagement du territoire et celle de la construction des logements dans le pays. �L� o� la politique se m�le l�anarchie est garantie�, s�exclame- t-il pour fustiger la fr�n�sie pour r�aliser des programmes de construction qui se font, selon lui, au d�triment de la s�curit�. Il ass�ne : �La raison �conomique, � savoir des logements moins chers, l�a toujours emport� sur la pr�vention et la s�curit�. Dans la seconde partie de sa plaidoirie, l�avocat s�est attaqu� aux deux commissions institu�es par le minist�re de l�Habitat et de l�Urbanisme qui est paradoxalement lourdement impliqu� dans le drame du 21 mai par l�obligation d��diter et de faire respecter une r�glementation dans les secteurs de l�habitat et de l�urbanisme, s�est subitement, au soir du 21 mai 2003, �rig� en victime. Il ressort de la plaidoirie de Me Bourayou que la premi�re commission a �t� institu�e par le ministre pour faire un constat sur l�insuffisance dans le domaine de la construction. �Par la suite, il y a eu une d�rive et cette commission a travaill� selon les directives du ministre afin de mener des investigations dans le but de trouver des preuves permettant � ce d�partement de d�poser plainte�, et de r�it�rer la question : �Pourquoi alors les �difices publics et les �quipements collectifs, ont �t� �cart�s de la recherche des responsabilit�s sur leur destruction et pourquoi aucun responsable de l�administration et de l�Etat n�a �t� ni impliqu� ni entendu ?� Pour preuve, de ces all�gations concernant cette d�rive dans l�objectif recherch� � travers la d�signation de cette premi�re commission, l�avocat a fait lecture au tribunal de la d�claration faite, en mai 2003, � la presse par M. Mohamed Nadir Hamimid, ministre de l�Habitat et de l�Urbanisme, � cette date. Effectivement, dans ce dossier, la premi�re commission a r�alis� un rapport g�n�ral par la suite, une autre commission a �labor� des rapports sur chacun des sites, objet de ce proc�s. Ces sites, le pr�sident de cette commission l�a affirm� devant le tribunal, lui avaient �t� d�sign�s par la DLEP de Boumerd�s, une d�concentration du minist�re de l�Habitat et de l�Urbanisme. L�avocat s�est dit �tonn� de l�absence des �minents professeurs Yelles Chaouche et Chelghoum Abdelkrim connus pour �tre des chercheurs aux comp�tences reconnues mondialement dans les domaines de la science, de la sismologie, pour le premier et dans le g�nie parasismique pour le second. A rappeler que le Pr Yelles a �t� entendu par le tribunal permettant � la d�fense de lui poser bon nombre de questions, ce qui n��tait pas le cas du Pr Chelghoum qui avait pourtant, � la demande du juge d�instruction qui avait par deux fois d�clar� un non-lieu dans cette affaire, avait remis un rapport d�expertise sur les causes des destructions. Pour revenir � la partie de la plaidoirie qui a jet� une suspicion sur le travail des commissions minist�rielles, Me Bourayou a fait allusion � la localit� de Dergana, situ�e � la lisi�re ouest de la wilaya de Boumerd�s mais dans le territoire de la wilaya d�Alger, o�, d�apr�s lui, des pertes humaines ont �t� d�plor�es et des destructions importantes ont �t� enregistr�es sans qu�aucune poursuite ne soit engag�e contre quiconque. Il salue le courage du premier juge d�instruction qui avait par deux fois d�clar� le non-lieu dans ce dossier. R�pondant au parquet sur l�accusation concernant l�absence d��tude du sol, le d�fenseur de l�entrepreneur constructeur des 60 logements de la SNTF � Corso a mis en cause le Laboratoire national de l�habitat et de la construction LNHC qui a effectivement effectu� cette analyse du sol pour constater que le site �tait sablonneux. Il a par la suite fait r�f�rence � l��cartement sur 50 m constat� sur le mont Assouaf dans la commune de Dellys, afin de dire que les destructions ont �t� caus�es par la violence du s�isme : �Un tremblement de terre d�une telle force ne pouvait-il pas venir � bout des habitations ?� Sur ce non-respect des normes du RPA 99 par les intervenants de la cit� pr�c�demment cit�e, il a r�pondu que ces logements ont �t� construits en 1994. A la fin de l�intervention de Me Bourayou qui a demand� la relaxe de son client, la s�ance a �t� suspendue pour reprendre ce lundi � 10 h.