La présidente-courage a dirigé attentivement les débats et est appelée à trancher équitablement dans ce procès. Le fait marquant de la journée du jeudi au niveau du tribunal criminel près la cour de Blida, est, sans doute, le malaise qu'avait ressenti la présidente du tribunal vers 13h environ. Près de deux mois, puisqu'on entre dans la quatrième semaine du deuxième mois, ont pesé lourd sur ce procès marathon plein d'intensité, de complexité et de rebondissements. Ils ont fini par l'exténuer pour la deuxième fois mais sans toutefois la faire plier et rompre, la présidente-courage qui a dirigé attentivement les débats et qui est appelée à trancher équitablement dans ce procès dit «du siècle» qui tire à sa fin. En effet, c'est au moment de la plaidoirie d'un avocat et en tentant «d'exiger» une opération d'expertise sur les factures établies par le directeur du centre de thalassothérapie de Sidi Fredj, pour prouver réellement que c'est Khalifa qui payait les charges des personnes ayant bénéficié de carte de gratuité, que l'inattendu a eu lieu. Après s'être absentée durant un quart d'heure et l'attente qui s'en est suivie, dans un silence religieux empreint d'interrogations et d'inquiétudes, Mme Brahimi est revenue pour présenter des excuses en expliquant à l'assistance qu'elle était victime d'un malaise sans donner trop de précisions. Bref. L'intervention de Me Ahmed Chaouch, qui était le premier à ouvrir le bal des plaidoiries de la journée du jeudi, avait pour but de défendre Mir Lakhdar et Sekhana Abdelhamid, tous les deux ex-commissaires aux comptes au niveau de la défunte banque d'El Khalifa, accusés de fausses déclarations et de non-dénonciation. Leur avocat n'a pas cessé, lors de sa plaidoirie, d'expliquer au tribunal qu'aucune preuve de délit n'existe à leur encontre tout en clamant leur innocence. «Où sont les preuves?», lança-t-il en répétant cette question au tribunal. «Ils n'ont fait que leur travail et ils n'ont eu écho de certaines irrégularités que durant le procès.» Me Chaouch fera ensuite savoir au tribunal que ses clients n'ont rien reçu comme avantages de la part du groupe Khalifa, ce qui prouve, selon lui, leur intégrité dans le travail. «Mes clients étaient confiants et pensaient aussi travailler dans une institution financière dont le président-directeur général a été élu, à une certaine période, meilleur manager de l'année et cela avec un tapage sans précédent.» Concernant l'argent sorti de la banque, l'avocat des deux commissaires dira qu'il n'y a aucun texte qui stipule que la banque devait avoir des garanties pour donner un crédit. «Je demande donc l'acquittement de mes clients», dira-t-il. L'avocat Mohamed Boutaouine, plaidant lui aussi pour les deux commissaires, a «critiqué» lors de son intervention, la peine de 4 années demandée par le procureur général à l'encontre de ces deux commissaires aux comptes, la qualifiant de non justifiée. II apportera urne mise au point au procureur général en lui demandant de «corriger» une erreur qui serait de taille: «Le procureur général avait déclaré que mes deux clients avaient quitté Khalifa Bank en 2002 et pourtant, c'est faux. Ils l'ont quittée en 2000», insista-t-il. En soutenant l'idée de son prédécesseur, Me Boutaouine dira sur sa lancée: «Qui pouvait freiner Abdelmoumène ou le contrôler?» Soyons sincères, l'ex-président-directeur général du groupe Khalifa s'affichait en plein public avec des ministres. II avait aussi un passage spécial au niveau de l'aéroport, rétorqua-t-il, en demandant sur la base de sa déclaration, l'acquittement des deux commissaires aux comptes. Le troisième avocat de la journée du jeudi était Me Ahmed Saâdaoui plaidant pour Meziani Ali, ex-président du conseil d'administration de la Caisse nationale des retraites. D'emblée, il rejette les accusations portées contre son client qui sont relatives à la corruption et au trafic d'influence. Concernant la carte de gratuité, il dira que son client l'avait obtenue avant l'opération de dépôt et à l'époque où il était député. «D'après ces données, mon client ne peut être poursuivi pour corruption.» Concernant le trafic d'influence, sa plaidoirie, il la fera sous forme de question: «Qui pouvait influencer l'autre, Abdelmoumène Khalifa ou les entreprises? Donc, je demande l'acquittement de mon client», insista-t-il.