Ok ! Vous avez fini par nous convaincre ! Nous ne parlerons plus de ces terroristes qui ont enfourn� des b�b�s et que vous avez d�cid� de disculper, ni de ces jeunes filles que les monstres ont viol�es, ni de ces familles �gorg�es, ni de ces douars br�l�s, ni des veuves, ni des orphelins� Pourtant, sur le plan de la fraternit� et du grand pardon, vous avez des le�ons � recevoir du mouvement citoyen dont l�objectif est justement de se r�concilier avec son histoire et d�agir pacifiquement pour l��mancipation totale du peuple ! Votre combat est perdu d�avance, car les citoyens n�ont plus rien � perdre puisque tout, ou presque, leur a �t� pris ! Et lorsque le b�ton et la kalachnikov deviennent les instruments de la r�conciliation, cela veut dire que quelque chose est pourrie dans le royaume� Tout le monde se courbe devant les nouveaux rois et tout le monde r�cite les m�mes glorifications en l�honneur des sauveurs supr�mes qui auraient pu nous tromper s�ils n�avaient pas eu la faiblesse de d�couvrir leurs visages juste au moment o� le train de l�histoire �clairait le tunnel de la mystification ! Juste au moment o� les h�ros se sont tus, lib�r�s de l�horrible frayeur de la v�rit�, pour laisser parler les pirates de la m�moire ! Juste au moment o� le sang qui coule et hurle dans les profondeurs de la conscience, aurait pu rappeler, aux procureurs et aux juges, que les h�ros ne meurent jamais ! Mais, tant pis ! Que les prisons se remplissent de citoyens libres et que les ar�nes de la trahison se surchargent d�imposteurs, sous les ovations d�un peuple bern� par les charlatans ! Que la v�rit� soit celle du mensonge, r�cit�e par la foule des courtisans et que le mensonge soit celui des indomptables, r�gurgit� par les couards ! Il restera l'irr�ductible fiert� de ceux qui n�ont pas recul� devant la r�pression ; il restera le souvenir de ceux que les gendarmes ont grandis dans les yeux du peuple, il restera ma fi�re et �ternelle T�kout, enfant�e par les germes d�un espoir qui refuse de mourir, maquill�e du r�ve fou de ceux qui ont os� ce que l�on n�ose pas et de ceux qui ont cru que le Chaoui est le fr�re du Kabyle ! Et qu�il est aussi le fr�re du gars d�Adrar qui a refus� de se courber, comme l�ont fait cet indomptable Oranais ou ce noble de Bab-El-Oued ! Merci, T�kout, terrible enflure dans l�Aur�s de leur m�diocrit�, et superbe majuscule dans l�Aur�s de nos convictions, supr�me �vocation de nos m�moires ressourc�es dans l�unique et inalt�rable Novembre, merci de nous rappeler que les Cours ne sont pas la justice et qu�il reste encore, malgr� tout, des avocats qui font honneur � l�honneur ! Merci de me tirer de la triste et monotone qui�tude de ce mois qui bouffit comme une grosse b�tise pour me projeter dans la noblesse du combat des braves, pour me faire savoir que les barrages, faux ou vrais, ne servent qu�� barrer la route aux courageux ! Merci Bela�d Abrika d��tre venu dans les terres de la Kahina pour me rappeler que nos combats se r�g�n�rent sur les routes gard�es par les puantes censures, merci de me mener l� o� je suis n� mille fois sous le soleil mill�naire des Amazighs, merci de projeter, au-del� de Timgad, l�arc-enciel qui m�ne vers Arris, Capitale des r�ves de Mustapha Ben Boula�d et qu�est-ce que T�kout si ce n�est une halte sur le chemin qui conduit � l�accomplissement de ces r�ves ? Merci, Bela�d Abrika de nous rappeler que les �lus l�ches et les chefs de da�ra sans gloire ne sont que des virgules ratur�es dans les phrases de l�histoire ? Merci de nous donner l�occasion de r�ver encore, nous qui ne r�vons plus depuis le 8 avril ! Merci de condamner les embouchures du pessimisme et d�ouvrir, sur la grande route de l�espoir, dans la Kabylie et les Aur�s, ces petits chemins qui montent les collines que nous n�avons plus le droit d�oublier ! Merci de me rappeler que mon p�re a failli perdre sa gloire sur le front d�une guerre qui ne lui appartenait pas et qu�il en a gagn� une autre en me disant que l�olive s�appelle �azzemour� et que les vaches sont de vulgaires �tafounest� ! Ah, s�il �tait encore vivant ! Il serait fier de ce gars qu�il ne conna�t pas et qui a os� ouvrir les portes de T�kout aux flots de l�histoire pour qu�elle y p�n�tre par violation du domicile de ce pauvre imb�cile qui croit encore que l�on peut dompter les intr�pides ! Et si tu es coinc�, et si, par malheur, tu penses que le citoyen est un ventre, un simple tube digestif, et si, comble de tout, tu consid�res qu�il n�est plus qu�une machine nourrie par les promesses �lectorales, tu as une occasion de te rattraper, toi qui ne parles plus et qui ne marches plus sur les chemins ordinaires, toi qui ne sais t�adresser qu�aux t�l�visions et aux foules embrigad�es dans les festivals �lectoralistes, je te donne un conseil, mon fr�re : va � T�kout, va dire au peuple rebelle que ta candidature n��tait pas une usurpation, va leur prouver que tu �tais sinc�re lorsque tu leur disais que la libert� �tait ta pr�occupation et aussi ta conviction ; va, marche sur le chemin de la dignit�, descends de l�avion parisien et des sentiers battus ! Retrouve ce peuple que tu as tellement attendu sur le chemin des urnes et qui n�a pas chang�, lui ! Va affronter sa col�re recommenc�e et dis-lui que tu n�as rien � avoir avec �a, toi boh�me des promesses �lectorales et papillon volatile des nuits agit�es de Khalifa TV ! Tu trouveras les tiens, fiers et heureux, qui t�attendent depuis des �res pour te dire simplement : �Merci d��tre venu !� Y en a marre de ces politicards qui viennent barbouiller d�illusion les colonnes de nos journaux et faire bander nos journalistes pour de vulgaires braderies �lectorales ! T�kout ne doit pas interpeller simplement les journalistes et les avocats ! Elle appelle Benflis, Sadi, et peut-�tre m�me Djaballah ainsi que Louisa Hanoune, pour que la politique se r�concilie enfin avec la v�rit� et que les jeunes de T�kout ne se sentent pas inf�rieurs � ceux de B�ni-Douala ! Il y va de la cr�dibilit� de cette classe politique qui ne se r�veille que toutes les cinq ann�es ! Allez-y ! Dites enfin un mot sur T�kout ! Nous autres journalistes, animateurs du mouvement citoyen et avocats, ne pouvons plus vous remplacer durant les jours et les mois qui s�parent une �lection pr�sidentielle d�une autre ! Dites aujourd�hui ce que vous aurez envie de dire en 2009 ! Sinon, taisez- vous et laissez Bouteflika ou Ouyahia, ou m�me Belkhadem, gravir les �chelons qui m�neront, encore, � El Mouradia. Dites-le ou taisez-vous � jamais ! M. F. PS : Chronique publi�e le 3 Juin 2004. �Haltes estivales � s�arr�te ici. Jeudi prochain, �Chronique d�un Terrien� reprend sa place.