Monsieur Moubarak, vous êtes le président de l'ex-Egypte et pas des Arabes ni de leurs intérêts africains. Et nous sommes des Algériens, pas Arabes, ni des Arabes de services. Donc, comme résumé par les nôtres, «merci et au revoir» après vos condoléances marchandes pour la mort du frère de Bouteflika. Une loi de l'hospitalité vous a peut-être ouvert l'espace aérien de ce pays mais sachez que sa terre vous est à jamais fermée. Un président de la République peut vous recevoir par protocole, le peuple d'en-bas ne le fera jamais. Sachez donc que vous n'êtes pas le bienvenu chez nous. Pas seulement à cause d'un ballon ou de vingt insultes cathodiques, mais parce que vous vendez ce que nous ne mangeons plus et ce que le reste du monde «arabe» grimace en avalant : votre leadership, votre vocation «vendus» de chef du syndicat des présidents de la région, l'arabité dont vous êtes une branche morte, l'intérêt collectif de la région qui vous sert d'alimentation de base et un sourire de frère qui nous met en colère. Donc Sachez Monsieur Moubarak que vous avez ce malheur de nous rappeler ce qu'est une dictature pour les Egyptiens qui vous subissent et ce que nous avons subi comme colonisation d'esprits et dénis de soi au nom de la fraternité. Les intérêts «arabes» de l'Algérie et ses intérêts africains, elle saura les défendre toute seule et selon ses besoins. On n'a pas besoin de vous, ni des vôtres, ni de vos services d'interprète peu fiable. Vos condoléances, les bonnes manières nous obligent à les accepter, mais vous ne nous les avez pas offertes ni présentées pendant dix ans de terrorisme, ni après. Là, vous avez été clair avec vos islamistes : «je ne veux pas qu'on finisse comme les Algériens» , c'est ce que vous avez dit à l'époque. Nous, on ne veut pas finir comme vous, ni votre pays aujourd'hui. Il ne s'agit pas de haine, de colère ou de basse vengeance mais d'intérêts bien compris, et de précisions à l'adresse d'un faux livret de famille. La terre, nous l'avons arrachée aux voleurs colons par les armes et vous avez insulté nos morts par le biais de vos chiens de garde. L'algérianité est notre seconde indépendance et, heureusement, celle-ci, nous l'avons acquise loin de vos offres d'assistance, sans front égyptien, ni indexation linguistique : c'est la nôtre et c'est cela qui vous effraie le plus peut-être : un pays «arabe» à qui l'arabité appartient et pas le contraire. Maintenant, notre chemin ne consiste pas à vous rendre l'insulte mais à continuer notre route pour imposer notre langue, notre culture, nos films, nos stars, nos équipes, notre idéologie, nos frontières, notre histoire et notre identité. Nous avons tout compris avec un seul coup de pied et vos condoléances concomitantes nous les avons bien décodées : l'occasion était trop bonne pour un homme de votre vocation : s'engouffrer par le biais de condoléances était un bon moyen pour «toucher» un président algérien affligé. C'est habile, mais grossier. On ne veut donc ni vous détester, ni vous aimer : mangez un peu de notre sel puis reprenez votre avion et ne revenez plus : nous avons un pays à retrouver et vous avez un pays à léguer à l'un de vos fils. Vos sourires et votre compassion ont touché peut-être un homme affligé mais pas nous : nous sommes lucides. Un seul match vous a mis à nu et un bateau d'humanitaires turcs, entre autres, a rappelé au monde qui vous êtes et ce que vous faites et qui vous offre vos costumes. C'est dire qu'on peut mobiliser une armée pour se défendre, c'est quand même une vétille de l'histoire qui peut vous dénuder, honteusement. Monsieur Moubarak, de grâce, gardez vos restes de dignité et ne revenez plus, ni vous, ni les vôtres, jusqu'à ce que l'ex-Egypte redevienne l'Egypte et là, peut-être. Peut-être que nous l'accueillerons comme une invitée autrefois proche et qui savait au moins chanter, mais jamais comme une soeur aînée devenue abusive. Le monde a changé et surtout le nôtre. Monsieur Hosni, adieu.»