C�est la seconde fois, en moins de 6 mois, que le terrorisme islamique cible directement la �Maison du Pouvoir�. D�abord, en avril, lorsqu�il t�l�guida des kamikazes vers le si�ge de la gouvernance puis ce jeudi � Batna en perturbant mortellement la mise en sc�ne des bains de foule du chef de l�Etat. Bien que le bilan cumul� de ces exactions soit tr�s lourd en terme de pertes humaines innocentes, il semble, h�las, que ces dommages collat�raux inflig�s aux populations ne soient pas suffisants pour infl�chir cette philosophie du pardon. Celle dont se drape un r�gime qui a fait du concept de l�amnistie, l�alpha et l�om�ga de la paix sociale. La courte et sibylline allocution du Pr�sident qui, � chaud, accusait les �extr�mistes� (sic) de vouloir torpiller ses effort et son intention de poursuivre son �uvre, ne vient-elle pas conforter les propos de pr�dicateur de Belkhadem qui ne trouva rien d�autre � dire, aux pieds des ruines du Palais du gouvernement et en guise de compassion � l��gard des cadavres encore chauds, que de d�fendre la r�conciliation ? Ainsi donc, tous ces morts et tous ces bless�s par charrettes enti�res comptent moins que rien dans la cogitation politicienne de nos dirigeants. Eux qui n��taient partisans d�aucun extr�misme et que l�on a faits pourtant exploser au hasard de nos rues ne sont pas encore des arguments pour changer de politique. Au mieux, l�on consid�re leur martyre comme un �d�ficit� dans la mise en place de cette singuli�re paix. Car apr�s en avoir dessin� une approche de celle-ci sur la base d�une capitulation de l�Etat qui n�avoua jamais sa nature, les voil� en train de transformer un choix politique (controvers� fortement) en dogme irr�futable. Au moment o� elle attendait des maitres-d��uvre de cette politique une �valuation objective apr�s la date butoir du 31 Ao�t 2007, l�opinion d�couvre �tonnamment chez eux une sorte d�obstination qui cache avant tout leur d�sarroi face � toutes les retomb�es n�gatives de cette loi et du laxisme qui marqua son application. Dans l�absolu que signifie en fait ce pacte r�conciliateur m�me lorsqu�il est scell� par un r�f�rendum ? Est-il inamendable comme le serait n�importe quel credo de la foi ? Bouteflika qui, depuis sa premi�re investiture, a pris l�habitude de r�p�ter qu�une constitution n�est pas le coran et qu�elle est par cons�quent sujette � des am�nagements ne doit-il pas en faire autant de cette charte qui n�est quand m�me qu�un cadre juridique d�une certaine politique ? En d�signant vaguement des �extr�mistes� qui contrarient sa volont� et ses convictions il ne donne que la moiti� de la r�ponse. Oui en effet, le bellicisme islamiste n�a pas renonc� � son objectif totalitaire sauf qu�il doit � la mansu�tude douteuse du pouvoir son regain d�arrogance. C�est du c�t� de l�Etat et de l�interpr�tation extensive qu�il n�a cess� de donner � l�arsenal juridique qu�il faut chercher les causes de cette surench�re par la violence. L�on ne dira jamais assez que la supr�me injure faite � l�esprit et � la lettre de cette loi r�side justement dans l�empathie dont b�n�ficient les Layada, Merzag ou Kertali. M�me si la bienveillance � leurs �gards n�est pas tout � fait de la connivence coupable cependant, il souffle sur cette proximit� �pouvoir repentis� un air de manipulation r�ciproque. A ce jeu pervers c�est ce qui reste de morale � l�Etat qui vole en �clat. Ainsi chaque jour qui passe alt�re un peu plus l�autorit� publique jusqu�� relativiser la moindre posture circonstancielle de ses plus �minents repr�sentants. Un chef de gouvernement qui ne r�agit pas aux propos d�un Benhadj et un ministre de l�Int�rieur qui ne sait que reprocher � la presse de m�diatiser celui-ci, cela ne rassure, assur�ment, que ceux pour qui une charte a �t� concoct�e et qui consid�rent que la �paix des braves� �quivaut � leur r�habilitation politique et civique C.Q.F.D. Voil�, entre autres, pourquoi le terrorisme a encore de longs jours devant lui. En effet, sa nuisance pr�sente n�est pas le fait de quelques desperados, comme on tente de le faire accroire. Il s�inscrit dans une vaste recomposition qui met � nouveau en p�ril la R�publique. De plus, s�il commet de temps � autre des actions � forte charge m�diatique c�est parce que politiquement il fait une lecture tr�s pointue de la situation globale du pays tout en s�adossant aux b�n�fices d�une loi faite � sa mesure, laquelle a l�insoutenable d�faut d�avoir ignor� sa propre forclusion. Un faux barrage Le jour d�avant l�affliction de Batna, il �tait du c�t� de Mila afin d�inaugurer un ouvrage hydraulique qui aurait co�t� la bagatelle de 3 milliards de dollars. Audacieux projet et somptueuses c�r�monies. Beni Haroun �tait jusqu'� mercredi � la fois notre barrage d�Assouan fiert� des Egyptiens et celui du Yang-Tse qui incarne le gigantisme chinois. Bref, dans ces moments-l� notre pr�sident pouvait se hausser du col. Le d�cor est plant� et les cam�ras officielles ronronnent. Le ministre des Eaux et le chef de projet rivalisaient d�explications techniques et de superlatifs mais le Pr�sident semblait un peu plus dubitatif chaque fois que l�on essayait de le rassurer. C�est, � l�image globale du pays, un chef d��uvre qui n�en est pas tout � fait un. Il est fissur� de toutes parts avant d�avoir servi ! Coup de col�re d�un chef qui constaterait seulement sur le site la fumisterie et le gaspillage. Or pour autant que ses remarques furent acides et pertinentes elles ne d�douanent pas tout � fait son propre magist�re. Depuis au moins 7 ann�es, ce gigantesque chantier aurait d� �tre sous le contr�le strict et scrupuleux de l�Etat d�s lors qu�il engage des investissements publics colossaux. Et les questions qui viennent � l�esprit sont de savoir combien de conseils interminist�riels, de gouvernements voire de ministres lui ont �t� consacr�s depuis l�an 2000 ? Et pourquoi un chef de l�Etat menace vertueusement de l�abandonner au nom des principes de pr�caution (�cologique et humaine) apr�s avoir ordonn� une d�pense de cet ordre ? Autant d�interrogations qui finalement r�v�lent en creux que l�argent public n�est souvent pas entre des mains s�res. En somme, cette inqui�tude tardive et qui vient s�ajouter aux pr�c�dentes interpellations de ses ministres proc�derait uniquement de la communication. A priori qui lui en reprocherait l�usage abusif tant que ses messages aient un sens et soient suivis d�actions. Mais voil� qu�� force de jouer au contradicteur devant les cam�ras et fort de ses arguments il en vient � d�voiler � haute voix le vrai fond de ses convictions. De celles qui ne sont pas forc�ment bonnes � infliger � un pays en plein de doute. N�a-t-il pas dit : �Je ne fais pas confiance aux comp�tences locales dans tous les domaines� ? Paroles blessantes pour ces professeurs d�universit�s et ces ing�nieurs indig�nes lesquels, � ses yeux, ne sont ni magistraux ni ing�nieux ! Il est vrai que le magist�re politique (celui de l�invective et la contre-v�rit�) autorise de telles postures. Surtout cette licence d��valuer tout le monde et le reste mais qui oublie qu�elle finira souvent par se retourner contre son auteur. En effet, ce pays d�indig�nes au savoir-faire inexistant n�attend que son heure pour �valuer � son tour les comp�tences politiques de ses dirigeants ! Intuitivement, il conna�t le fameux �principe de Peter� qui d�montre que cette fameuse �comp�tence est inversement proportionnelle � la hi�rarchie�. Mais eux qui le gouvernent en ont-il au moins pris connaissance pour apprendre l�humilit� ?