La ville de Chlef peut s�enorgueillir de poss�der un talent comme Boukhari ; d�autant plus �m�rite qu�il vient de participer au film Ben Boula�d de Ahmed Rachedi. Rappelons que cet artiste a �t� destinataire du premier prix de sc�nographie pour la pi�ce les Saltimbanques (El Mouharidjoune), �uvre �crite par Mohamed Farah et pr�sent�e � Tunis. Avec quelques inconditionnels du th��tre, il a cr�� en 1996 l�association Arts et Spectacles qui se lance pour d�fi de redynamiser ce secteur et prospecter de nouveaux talents, des graines de stars, comme il est d�sormais coutume de les appeler. Le travail actuellement en cours est la finalisation d�une adaptation du Chant du cygne d�Anton Tchekhov, sous le nom El Mouharidjoune (les saltimbanques). Boukhari va se charger de la mise en sc�ne tandis qu�un duo va ex�cuter des tableaux successifs mettant en relief un th�me r�current, � savoir la probl�matique de la prise en charge des artistes. Rabie Ouadjaout sera l�un des protagonistes. Il est bien impliqu� dans ce domaine de par sa fonction en tant que cadre sp�cialis� en art dramatique. Dans une structure, d�pendant de la direction de la jeunesse et des sports, il anime une troupe th��trale de jeunes et s�occupe surtout de l�initiation � l�art dramatique avec l�association Larbi- T�bessi. Son exp�rience et sa comp�tence lui ont permis de d�crocher le 2e prix du festival du monologue avec le Nez de Gogol. Par ailleurs, il a fait une apparition tr�s remarqu�e dans le Cri d�un artiste de Tchekhov. L�autre artiste � lui donner la r�plique est une jeune premi�re nomm�e Sa�da Fassi. Elle vient de se lancer, mais montre de bonnes aptitudes � g�rer des r�les complexes. Son m�tier de professeur de fran�ais � l�universit� lui a s�rement permis de bien s�impr�gner des grands textes classiques universels. Le spectacle s�ouvre sur le trou noir du souffleur, de Tchekhov, interpr�t� par la com�dienne. On sent tout de suite l�allusion � l�artiste perdu dans �la transparence du brouillard�, comme Socrate au fond de sa prison, qui apprend sa condamnation � mort et commence un discours sur la dignit�. C�est cela le Chant du cygne, une invitation � ne pas se laisser gagner par le d�couragement, car le miracle est toujours possible. Sa�da interpelle Sonia, Medjoubi, Alloula, mais elle se retrouve devant une salle vide. Elle se lamente sur son effarante solitude et un sentiment profond d�abandon. Rabie vient � la rescousse pour la f�liciter et lui assurer qu�elle joue bien son r�le. Elle avoue qu�elle conna�t par c�ur les cent pi�ces jou�es puisque ce sont ses enfants, mais toutes ces personnes qu�elle entend, elle pr�tend qu�elles sont venues � son enterrement, puisqu�elle est toujours dans un trou sombre de l�indiff�rence. Succ�de ensuite un tableau s�inspirant de Tartuffe de Moli�re. L��loge de la fid�lit� appara�t ici sous les traits de cette femme abandonn�e par son vieux mari qui refuse de se laisser s�duire malgr� les offres all�chantes et intempestives. C�est aussi l�artiste qui ne tourne pas le dos � sa passion quelles que soient les difficult�s. On per�oit une allusion � Orgon, tomb� sous l�envo�tement de Tartuffe, d�vot et hypocrite qui engloutie trois perdrix et un lapin � chaque repas, alors que l��pouse, Elmire, va tr�s mal. Le mari ne s�inqui�te que de la sant� de son invit�. La pi�ce veut faire ressortir les difficult�s d�un artiste marginalis� et compl�tement ignor�. Le tableau nous rappelle Tchekhov, r�pertoriant les prisonniers de l�art, sur l��le de Sakarine, pour que leur souvenir ne soit pas effac� � tout jamais. Mais la troupe termine sa repr�sentation sur une note d�optimisme : �L�art transpose l�individu de l�absurde vers la f�erie� L�artiste ne vieillit jamais car son c�ur est plein de passion� Comment abandonner l�art alors que mon c�ur ne peut s�en passer ?�