Une attente existait. Chacun dans son coin se demandait comment avaient �volu� ses camarades de classe. En juillet 1989, l�Association des anciens �l�ves des lyc�es Mohamed-Kerouani (ex-Eug�ne Albertini) et Malika-Ga�d est n�e. Tr�s vite, elle a rencontr� un fort �cho. Elle a �tait l� au bon moment. Les anciens �l�ves avaient besoin de comprendre leur pass�, l'histoire de S�tif, � travers leurs familles, leurs amis. A un stade de leur vie, ils ressentaient la n�cessit� de se replonger, au-del� des clivages professionnels, communautaires ou politiques, dans ce melting-pot joyeux qu'�tait �Albertini� dans leur souvenir. Cette association est entr�e imm�diatement en r�sonance avec eux. Un r�seau affectif s'est remis en marche. Depuis cette date, beaucoup d�autres anciens �l�ves, install�s un peu partout en Alg�rie et � travers le monde entier (USA, France, Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, etc.), ont rejoint cette association en y adh�rant et continuent � le faire dans la mesure o� ses portes sont ouvertes � toutes et � tous ceux qui ont fr�quent� ce lyc�e, en sont nostalgiques, souhaitent retrouver d�anciens (nes) amis (es) ou d�anciens professeurs, sont dispos�s � participer � des actions caritatives, sociales, culturelles, au b�n�fice des lyc�es et des lyc�ens et lyc�ennes en g�n�ral. Le Soir d�Alg�rie : Parlez-nous de ce lyc�e si prestigieux Toufik Gasmi : Des pages enti�res ne suffiront pas pour parler de cet �tablissement si cher aux yeux de tous ceux et celles qui l'ont fr�quent�. Il faut vous dire que c'�tait un fleuron dans le syst�me �ducatif et �tait un lyc�e d'excellence dans l'Est alg�rien qui comptait, entre autres �tablissements, le lyc�e St-Augustin de Annaba, Hihi-El-Mekki de Constantine. Notre lyc�e, donc, accueillait tous les �l�ves admis en seconde et issus des wilayas limitrophes, telles B�ja�a, Jijel, Bordj-Bou-Arr�ridj, M�sila, Batna et ce, jusqu'en 1966. Le taux de r�ussite au baccalaur�at avoisinait les 80 % chaque ann�e et ce n'est pas par hasard que ces r�sultats soient aussi encourageants : il faut vous dire que la qualit� des enseignants �tait pour beaucoup dans la r�ussite, la discipline et la rigueur quotidienne des �l�ves faisant le reste. Inutile de vous dire que les effectifs croissaient chaque ann�e. Tous les �l�ves se rappellent le sens p�dagogique et psychologique de notre regrett� Cheikh Ma�za qui incarnait � lui seul l'autorit� de tout l'�tablissement. Nous gardons de lui cette image � combien paternelle mais s�v�re. Avez-vous quelques souvenirs de ce lyc�e? Qui n'en a pas ? Savez-vous que ceux qui ont con�u les plans de r�alisation de ce lyc�e avaient une vision lointaine quant � sa capacit� d'accueil et � son fonctionnement ? Cinq cours, toutes bitum�es r�serv�es aux diff�rentes classes, sept dortoirs, trois r�fectoires dont un r�serv� aux ma�tres d'internat et pr�s de cent classes composaient ainsi le bloc p�dagogique. Donc tous ces espaces ont une histoire et des souvenirs et chacun de nous, avec sa nostalgie grandissante, �voquera des moments inoubliables, j'en suis persuad�. Une anecdote, pour vous dire � quel point la discipline �tait ancr�e en nous. Un �l�ve, aujourd'hui ministre, a, par amour du football, tap� dans un ballon, lequel a percut� un carreau qui s'est cass�. Sans dire un mot, il se pr�senta au niveau de la surveillance g�n�rale pour l�informer qu'il venait de briser une vitre. Deux semaines plus tard, il fut convoqu� � l'�conomat pour rembourser le prix du carreau remplac�. Le lyc�e �tait notre deuxi�me famille, le taux d'absent�isme �tait tr�s faible m�me chez les externes, car l'on �prouvait beaucoup de plaisir � �tudier (les cours donn�s par de prestigieux professeurs �taient suivis dans un silence de cath�drale) Il faut �galement vous dire que le lyc�e Mohamed-Kerouani poss�dait la plus grande salle de sport d'Alg�rie avec tous les agr�s et son parquet en bois et on y enseignait m�me l'escrime. La salle de dessin avec ses si�ges rabattables donnait l'occasion aux artistes en herbe que nous �tions de faire nos preuves, notre carton � dessin sous le bras. Une pr�cision importante... En plus de leurs pr�dispositions dans les �tudes, beaucoup d'anciens �l�ves avaient d�j� le sens du patriotisme et de l'engagement pour leur pays, en ce sens que d�s l'�ge de 17 ans, certains et non des moindres avaient rejoint le maquis pour rallier la R�volution. Certains, h�las sont tomb�s au champ d'honneur, les autres ont, apr�s l'ind�pendance, repris leurs �tudes universitaires. C'est l� un exemple de bravoure et d'abn�gation que nous envions. Ces anciens �l�ves incarnent le respect et la consid�ration de leurs jeunes condisciples que nous sommes. Pouvez-vous en citer quelques noms ? Je ne peux malheureusement pas tous les citer, mais quelques noms Abdelhamid Kara, Abdelouahab Mertani, Khelifa Oulmane, Abderahmane Belayat, Abdelouahab Benabid, Mabrouk Keddad... Qu'en est-il du lyc�e actuellement ? H�las ! H�las ! Nous avons beaucoup de peine et tr�s souvent c�est avec les larmes aux yeux que l'on voit ce qu'est devenu notre cher lyc�e. Ce lyc�e qui nous a donn� tant de joies et de plaisirs, a su rassembler des g�n�rations toutes confessions confondues et qui faisait notre fiert�, celle d'avoir fr�quent� ce monument du savoir. Aujourd'hui, les cours, jadis bitum�es - depuis 1873 - sont carrel�es, fatalement les arbres sont d�nud�s, certaines salles de classe n'ont plus de portes, les estrades sont remplac�es par des supports en ciment, les vitres cass�es ne sont pas remplac�es... et la liste est longue. Jadis, il rayonnait sur tout le pays par ses r�sultats flatteurs, aujourd'hui, les r�sultats, du moins ceux du baccalaur�at, sont en-de�� des projections. Est-ce un cri de d�tresse que vous lancez l� ? C'est un SOS que nous lan�ons aux autorit�s en charge du secteur de l'�ducation pour leur demander de ne pas laisser ce monument � qui devait �tre class� � p�ricliter. C'est un antre du savoir qu'il faut sauver et chaque jour qui passe comptera dans la d�cr�pitude. Notre association a sollicit� un bureau d'�tude � l'effet de faire une �valuation financi�re pour la restauration de ce lyc�e, qui a �t� remise aux autorit�s de la ville et... nous attendons. Nous avons �galement sollicit� des entrepreneurs (anciens �l�ves et fils de la ville de S�tif) qui nous ont assur� de leur concours pour la prise en charge des travaux de r�fection de ce lyc�e qui fait la fiert� de la ville de S�tif. L'histoire retiendra. Un dernier mot ? Nous projetons d'�diter un recueil d'anecdotes v�cues au lyc�e Mohamed-Kerouani. Nous demandons donc � tous ceux et celles qui ont fr�quent� cet �tablissement de nous adresser par e-mail : www.kerouanigaid.org, leurs anecdotes personnelles.