Georges Habache, 82 ans, fondateur du FPLP, est mort samedi dernier � Amman. Apr�s des obs�ques � l��glise orthodoxe de Swaiifieh, il a �t� enterr� au cimeti�re chr�tien de la capitale jordanienne. Celui qui se d�finissait comme �chr�tien, socialiste et marxiste� �tait, apr�s Yasser Arafat, la plus grande figure du Mouvement national palestinien(1). Le �Hakim�, comme le surnommaient les Palestiniens, est n� � Lydda, ville o� il n�y est plus retourn�. C�est que le 11 juillet 1948, les Palestiniens habitants de Lydda, o� se trouve le tombeau de Saint Georges (Khader en arabe), ont �t� chass�s par les milices isra�liennes command�es alors par un certain colonel Yitzak Rabin, devenu plus tard Premier ministre d�Isra�l, et ce, � l�issue d�une r�pression qui, selon le r�cit rapport� par le correspondant du Chicago, avait fait plus de 2 500 morts. L�exil de la famille Habache � ses parents �taient des commer�ants de confession chr�tienne � date de cette �poque que les Palestiniens qualifient de �nakba�. Et c�est au cours de cet exil, o� sa famille et des milliers de Palestiniens ont d� tout abandonner, que sa s�ur a�n�e d�c�de marquant � jamais la vie de Georges Habache. Depuis cette date, l�itin�raire politique de Georges Habache s�est confondu avec la trag�die du peuple palestinien. Et on ne peut comprendre l�intransigeance de Habache vis-�-vis d�Isra�l et son engagement politique si on les s�pare du v�cu historique des Palestiniens. A Beyrouth, alors �tudiant en m�decine, il cr�e en 1951 le Mouvement des nationalistes arabes dont sera issu, en 1967, le Front populaire de la lib�ration de la Palestine (FPLP). Son nom est devenu c�l�bre, synonyme de �terrorisme�, quand au d�but des ann�es 1970, il avait commandit� les premiers d�tournements d�avions civils que les militants du FPLP avaient fait exploser dans le d�sert de Zarka en Jordanie apr�s avoir fait �vacuer les passagers. Ces d�tournements � en v�rit�, il n�y en a eu que quatre � avaient fait la une des m�dias internationaux. Pour Georges Habache, qui avait ordonn� par la suite l�arr�t des d�tournements d�avions pour se consacrer aux seules cibles militaires isra�liennes, c��tait le seul moyen de faire conna�tre au monde la trag�die palestinienne. Le fondateur du FPLP, qui avait �chapp� � plusieurs tentatives d�assassinat par le Mossad, plaidait pour un Etat binational d�mocratique et la�que o� cohabiteraient ensemble Juifs et Palestiniens, comme seule solution � la crise isra�lo-palestinienne. Ami, mais aussi adversaire sur le plan politique d�Arafat, il n�a jamais adh�r� � la politique du chef de l�OLP. Lors du congr�s d�Alger de l�OLP en 1988, il s��tait oppos� � Yasser Arafat qui voulait n�gocier avec Isra�l. Il craignait que les concessions envers Isra�l ne soient � sens unique. Plus tard, apr�s les accords d�Oslo, il a reproch� � Arafat sa strat�gie de cr�ation d�un Etat palestinien avec J�rusalem-Est pour capitale sans pr�ciser les conditions de son �tablissement. Selon lui, ce mini-Etat palestinien ne devrait pas �tre une fin en soi, mais un moyen pour l��tablissement de l�Etat binational sur toute la terre de Palestine. De m�me qu�il reprochait au chef de l�OLP de maintenir �son entourage dans une certaine opulence� en les achetant, allusion au train de vie de certains dirigeants de l�Autorit� palestinienne. Condamnant le coup de force du Hamas � Gaza, il n�en reste pas moins qu�il en a fait porter la responsabilit� au Fatah. Et pour sortir de la crise interpalestinienne, Georges Habache pr�conisait une large coalition englobant tous les courants palestiniens dont celui incarn�, � ses yeux, par Marwan Barghouti, aujourd�hui emprisonn� en Isra�l. Jusqu�au bout, le chef du FPLP aura �t� fid�le � une certaine id�e de la Palestine. Et au cr�puscule de sa vie, il reconnaissait que le FPLP n�avait sans doute pas assez fait pour �viter la d�rive islamiste au sein de la soci�t� palestinienne. H. Z. (1) Lire les R�volutionnaires ne meurent jamais, conversations avec Georges Malbrunot. Ed. Fayard. (2008).