Créant au lendemain de la guerre des six jours en 1967, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Georges Habache aura constitué pendant plus de cinq décennies l'homme à abattre pour Israël, qui redoutait ses actions spectaculaires et son intransigeance de nationaliste convaincu. Bien qu'il se soit retiré de la scène depuis le début l'année 2000, la disparition de Georges Habache constitue une grande perte pour la cause palestinienne. À juste titre, le président de l'Autorité palestinienne a décrété un deuil de trois jours à l'annonce de sa mort. “Le décès de ce leader historique est une grande perte pour la cause palestinienne et pour le peuple palestinien pour lequel il a combattu durant soixante ans”, a affirmé Mahmoud Abbas en hommage à celui qui était considéré comme l'ennemi public numéro un de l'Etat hébreu, en raison de la menace qu'il constituait sur son existence. Tribun révolutionnaire, nationaliste palestinien intransigeant, Georges Habache était avec Nayef Hawatmeh du Front populaire de libération de la Palestine, dont les actions faisaient peur aux Israéliens de manière générale. Né en 1925 dans une famille chrétienne, le patron du FPLP s'est transformé en révolutionnaire en 1948, en voyant les injustices engendrées par la création d'Israël. À 22 ans, cet étudiant en médecine se trouvait dans le flot de milliers de Palestiniens qui fuyaient Lydda, sa ville natale, devant l'avance inexorable des forces d'occupation israéliennes. “Des milliers d'êtres humains expulsés de leurs maisons, fuyant, pleurant, criant d'horreur. Après une chose pareille, vous ne pouvez pas devenir autre chose qu'un révolutionnaire”, racontait-il, en ajoutant : “C'est une vision que je n'oublierai jamais.” Il était profondément convaincu, lui et ses compagnons de lutte, que “seule la violence permettra le retour en Palestine”. Il était l'animateur et l'inspirateur du Mouvement nationaliste arabe (MNA). Après sa séparation de Nayef Hawatmeh, qui a fondé en 1969 le Front démocratique de libération de la Palestine, Georges Habache a donné une nouvelle impulsion à son mouvement. Attentats contre des avions d'El Al, sabotages d'oléoducs, attaques d'ambassades israéliennes, jusqu'aux multiples détournements d'avions dans le désert jordanien, avant les combats de septembre 1970 avec l'armée jordanienne, ont été les faits d'armes qui ont fait de lui la “bête noire” d'Israël. Les différents responsables israéliens ont vainement cherché à attenter à sa vie, en vain. En effet, à cause de ses activités politiques et de ses actions extrémistes, il était l'un des hommes les plus recherchés du Proche-Orient. En revanche, il bénéficiait d'un très large soutien auprès des camps de réfugiés et dans les territoires occupés. Il entretenait également d'excellentes relations avec les pays arabes nationalistes, notamment l'Algérie, qu'il appréciait beaucoup pour ses positions invariables et surtout son soutien sans failles à la cause du peuple palestinien. D'ailleurs, il a effectue de nombreux séjours en Algérie, au cours desquels il ne manquait jamais l'occasion de faire preuve de gratitude. Avant qu'il ne cesse son activité, il ne ratait aucune occasion de se rendre en Algérie. Sa mort, après celle de Yasser Arafat, constitue un nouveau coup dur pour la cause palestinienne, qui traverse une période cruciale pour son avenir. Georges Habache, partiellement paralysé, vivait depuis quelques années à Amman, dans le pays d'origine de son épouse. K. ABDELKAMEL