Le g�n�ral Paul Aussaresses est de retour. L�homme qui a ex�cut� de sang froid Larbi Ben M�hidi, fait pr�cipiter Ali Boumendjel dans le vide de la terrasse de l�immeuble d�El Biar servant de quartier g�n�ral de la 10e division parachutiste, s�appr�te � publier un nouveau livre. Dans l��dition du Mondedat�e du 5 f�vrier, l�auteur de Services sp�ciaux, Alg�rie 1955-57, va publier un livre intitul� Je n�ai pas tout dit. Va-t-il d�baller de nouveaux secrets comme se demande Florence Beaug� dans l�article qu�elle lui a consacr� ? Selon l��pouse du tortionnaire, il ne faut pas s�attendre � des r�v�lations explosives. Pour avoir �t� l�auteur et le t�moin des pires atrocit�s commises � Alger et ailleurs dans le pays, Paul Aussaresses n�a pas livr� tous ses secrets. Par exemple, on ne sait pas si Maurice Audin est mort sous la torture, s�il a �t� ex�cut� (et par qui ?), ni o� se trouve son corps. Celui qui a admis avoir tu� 134 jeunes � Skikda en ao�t 1955 appara�t souriant aux c�t�s de son �pouse sur la photo publi�e par Le Monde. Sans doute fier de son pass� ! De plus, apr�s l�Alg�rie, Aussaresses a �t� envoy� par sa hi�rarchie comme instructeur en Am�rique latine dans les ann�es 1970. Il a surtout form� des officiers argentins et sud-am�ricains aux techniques du renseignement �prouv�es durant la guerre d�Indochine et en Alg�rie, les faisant ainsi b�n�ficier de son �know-how� (savoir-faire) qu�il avait mis en pratique dans la villa des Tourelles, pr�s de l�h�pital Mustapha. Une formation qui sera �galement mise en �uvre dans le cadre du plan Condor, du nom donn� � cette campagne d�assassinats et de lutte anti-communiste men�e par les services sp�ciaux des dictatures d�Am�rique latine, argentins, chiliens et boliviens notamment, et ce, avec le soutien actif de la CIA. Au Chili, d�s le renversement d�Allende en septembre 1973, les tortionnaires form�s par Aussaresses allaient appliquer ses techniques. M�me constat en Argentine quand les g�n�raux argentins prirent le pouvoir en 1976. L� �galement, les techniques enseign�es par Aussaresses seront appliqu�es sans �tat d��me. R�sultat : plusieurs dizaines de milliers de disparus dans les deux pays, et ce, sans compter les crimes commis en Bolivie et en Uruguay. Reste que si dans ces pays, notamment en Argentine, des tortionnaires sont poursuivis et condamn�s, d�autres sont en voie de l��tre, Paul Aussaresses, lui, jouit d�une totale impunit�. En effet, en 2001, quand il a r�v�l� et assum� �sans regrets ni remords� ce qu�il avait fait en Alg�rie, ses propos avaient alors choqu� et scandalis� une grande partie de l�opinion fran�aise. Sans plus. Hormis les communistes et les Verts, qui avaient exig� qu�il soit d�f�r� devant la justice pour crimes de guerre, le reste de la classe politique s��tait born� � condamner ses d�clarations. Tout juste s�il ne lui �tait pas reproch� d�avoir r�v�l� ce qu�il ne fallait pas r�v�ler ! Certes, il a �t� d�chu de sa l�gion d�honneur. Certes, il a �t� poursuivi, jug� et condamn� � � 7500 euros d�amende pour �apologie de crimes de guerre� suite � une plainte de la Ligue des droits de l�homme. Mais aucune de ces ONG si promptes � d�noncer la violation des droits de l�homme en Afrique ou au Proche-Orient, � exiger la traduction des tortionnaires de certains pays du Tiers-Monde devant la justice internationale, n�a exig� la m�me chose pour Paul Aussaresses. Bien s�r, comme tant d�autres tortionnaires et anciens de l�OAS, Aussaresses b�n�ficie de l�amnistie vot�e par le Parlement fran�ais en juillet 1968. Or, cette loi qui prescrit les crimes commis durant la guerre d�Alg�rie, contest�e par de nombreux juristes fran�ais, s�oppose aux principes du droit international concernant les crimes de guerre et contre l�humanit�, disposition pourtant contenue dans le code p�nal fran�ais de 1994. Mais le l�gislateur a bien pris soin de pr�ciser que cette disposition ne s�appliquait qu�aux crimes commis apr�s� 1994 ! Paul Aussaresses peut dormir tranquille�