Samedi dernier, la grande salle amphith��tre de la CFDT dans le quartier populaire de Belleville (Paris) s�est tr�s vite remplie de militants et de sympathisants du RCD, venus de toutes les r�gions de France pour c�l�brer le 19e anniversaire du parti. Une assistance form�e de jeunes en majorit� mais aussi de vieux immigr�s venus pour certains avec femmes et enfants. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Sa�d Sadi �tait l�, entour� de Rafik Hassani, le d�put� RCD pour l��migration, et de Hachemi Souami. Des invit�s politiques fran�ais ont fait le d�placement : Akli Mellouli pour le Parti socialiste ; Jacques Fath pour le Parti communiste, Dahmane Abderrahmane, pour l�UMP. Chacun est intervenu pour marquer la solidarit� de son parti avec les aspirations et luttes d�mocratiques du Rassemblement pour la culture et la d�mocratie Pour Sa�d Sadi, la conjoncture politique actuelle dans le pays, domin�e par la volont� du pouvoir de modifier la Constitution pour imposer une pr�sidence � vie, appelle � un double combat. �Pour nous, il est aussi important de limiter les mandats pr�sidentiels que de prot�ger le vote des Alg�riens.� C�est � ce double combat, d��gale importance, qu�appelle le RCD, car depuis 2004 �aucune institution civile ou militaire en Alg�rie ne peut pr�tendre � la fonction d�arbitre ou de recours.� Pour m�moire, le pr�sident du RCD a rappel� qu�ici m�me � Paris en 2004, s�il avait appel� les militants � participer au scrutin pr�sidentiel, �c�est tout simplement parce que les plus hauts responsables de l�institution militaire avaient publiquement et solennellement engag� leur honneur � rester neutres et � veiller � ce que l�administration reste impartiale �, ce qui, malheureusement, ne s�est pas fait. En recadrant le d�bat, en orientant la lutte sur deux fronts, celui du refus de la r�vision constitutionnelle et celui du n�cessaire appel � une surveillance internationale de tous les prochains scrutins �si l�on veut �viter le naufrage�, le pr�sident du RCD est bien conscient de certaines r�actions hostiles que son appel va susciter. En direction de ces gens-l� et de tous ceux qui ne manqueront pas d�agiter �les menaces sur la souverainet� nationale� qu�une surveillance internationale du scrutin engendrerait selon eux, � ceux qu�il appelle �les resquilleurs de la r�publique pour justifier la fraude et le vol�, Sadi r�torque : �Que reste-t-il de notre souverainet� quand on voit que les dirigeants alg�riens sont re�us comme des troubadours � Moscou, que l�Alg�rie est r�guli�rement class�e parmi les pays les plus corrompus du monde, que l�administration n�est plus qu�une machine � frauder, que nos cadres fuient le pays par milliers, que notre jeunesse pr�f�re le naufrage des mers � l�enfer du pouvoir, que Ben Laden, qui s�y conna�t en mati�re de d�stabilisation, a choisi notre pays pour s�installer dans la r�gion Afrique du Nord- Sahel ?� Mais pour lever toute �quivoque, le docteur Sadi donne son analyse des r�actions politiques face au projet de r�vision constitutionnelle et qui se r�sumerait � trois positions. D�abord celle qu�il appelle �la tribu de l�actuel chef de l�Etat qui a commenc� la fraude d�s maintenant� et que l�on voit tous les soirs sur l�Unique d�filer pour demander un troisi�me mandat. La deuxi�me est celle d�un autre clan du r�gime dont les membres �� tort ou � raison�, ont �t� �cart�s du pouvoir, qui refusent la r�vision de la Constitution pour �liminer la candidature de Bouteflika mais ne veulent cependant pas d�une surveillance internationale pour �liminer les fraudes. Ceux-l�, dira Sadi, sont plus dangereux que les premiers parce que �en gros, leur position consiste � dire ceci : les fraudes et la corruption doivent �tre condamn�es quand elles ne servent pas notre clan�. �Ceux qui refusent la surveillance internationale aujourd�hui sont les m�mes qui, hier, d�non�aient la trahison nationale quand nous affrontions le parti unique avec ses monopoles �conomiques qui ont structur� les maffias qui confisquent et d�tournent la richesse nationale aujourd�hui�. Il y a enfin l�opposition d�mocratique, dont le RCD se revendique et qui, face � la situation d�l�t�re dans laquelle se d�bat aujourd�hui le pays, et face aussi � la nouvelle donne internationale, �cr�e pour la premi�re fois depuis l�ind�pendance, un climat politique favorable � une expression libre du peuple alg�rien et donc � une �volution qui respecte la souverainet� populaire dans un syst�me politique o� la loi s�imposerait � tous�. Pour illustrer ses propos, Sa�d Sadi rappelle le cas r�cent du Pakistan dont les dirigeants ont pr�f�r� la stabilit� de leur pays � la survie du r�gime en admettant que les �lections soient surveill�es par la communaut� internationale et en faisant de m�me pour une commission ind�pendante d�enqu�te sur la mort de Benazir Bhutto. Et en direction de ce qu�il appelle la �g�n�ration RCD�, tous ses militants et sympathisants, Sa�d Sadi d�clare : �Nous sommes dans un moment de rupture in�vitable.� Aussi, si jusqu�� ce jour, �tre au rendez-vous de l�histoire pour le RCD, c��tait se battre pour la la�cit� et le pluralisme politique, aujourd�hui, �le rendez-vous avec l�histoire, c�est lutter pour que l�opposition d�mocratique assume sa mission, non pas en tant que force de contestation uniquement mais en tant qu�alternative de gestion�. Car c�est bien de cela qu�il s�agit aujourd�hui pour sortir de ces arguments �cul�s mani�s par le pouvoir et ses officines pour pr�senter l�alternative d�mocratique comme non encore m�re pour �tre aux affaires et mener son projet d�mocratique � terme, construire la nation. K. B.-A. "Notre histoire n'a pas pires tortionnaires que nos dirigeants" Evoquant le traitement de notre histoire de lib�ration nationale par le pouvoir en place depuis l�ind�pendance, Sa�d Sadi, apr�s avoir rappel� que la colonisation est un processus qui visait trois objectifs �occuper des pays, asservir des peuples et en spolier les ressources�, a cependant ajout� que pour ce qui le concernait, il observait que �l�histoire, notre histoire n�a pas pires tortionnaires que nos dirigeants�. Pour illustrer ses propos, le pr�sident du RCD poursuit : �Quand on sait que les restes des colonels Amirouche et Haou�s ont �t� d�terr�s et cach�s dans la cave de l��tat-major de la Gendarmerie nationale pendant 21 ans pour emp�cher tout recueillement populaire, sans que la moindre explication en soit donn�e, ni aux familles, ni � la nation, on peut douter de la sinc�rit� des gens qui commettent de tels actes, � vouloir vraiment parvenir � un d�codage neutre et responsable de l�histoire.� Et le premier responsable d�informer qu�au cours de la prochaine session parlementaire, le RCD interpellera encore une fois le ministre des Anciens moudjahidine �sur cette forfaiture� mais d�clare, cependant, qu�il n�a pas trop d�espoir � ce qu�on lui r�ponde.