Manifestement, le cas Belliraj est devenu affaire d�Etat. Ou m�me d�Etats.De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les faits : Abdelkader Belliraj est un Belgo-marocain arr�t�, il y a une semaine au Maroc, � la suite d�une sourici�re tendue par le renseignement du pays et d�une intervention muscl�e et efficace de la police. Les choses se corsent, cependant, depuis que la presse belge a d�voil� que celui que les Marocains viennent de mettre sous les verrous au motif d�appartenance � �r�seaux terroristes li�s � Al-Qa�da� est, en fait, un informateur �margeant sur le budget de la S�ret� f�d�rale du royaume de Belgique. Quelques jours apr�s, le choc est encore plus assommant. Belliraj, r�v�lent encore des canards du plat pays, est l�auteur de six assassinats en Belgique et qu�il se serait servi de son statut de �mouchard � au profit des Belges pour le mettre au service d�Al-Qa�da. De Morgen et La libre Belgique, deux quotidiens, l�un n�erlandophone et l�autre francophone, apportent m�me des preuves irr�futables selon lesquelles Belliraj b�n�ficiait de l�amiti� et de la largesse de Ayman Ezzawahiri, num�ro deux dans l�organigramme de l�organisation de Ben Laden. La S�ret� d�Etat belge est tellement boulevers�e et d�stabilis�e qu�elle d�pose plainte pour �divulgation d�informations � caract�re confidentiel �. L�itin�raire et les vies multiples de Belliraj ne font, n�anmoins, pas perdre le nord au renseignement belge. Ce dernier soup�onne, fortement, les services marocains d�avoir utilis� Belliraj pour d�autres missions. Les �gorges profondes� bruxelloises n�excluent pas que le Maroc ait voulu orienter Belliraj vers l�Alg�rie et le GSPC. Cette piste semble d�autant plus s�rieuse que ni le �logement� (le suivi 24h sur 24h), ni l�arrestation de Belliraj n�ont �t� communiqu�s aux renseignements belges alors que Belliraj est aussi Belge et que les Marocains ne pouvaient ignorer qu�il �tait un informateur de la S�ret� d�Etat. Ce qui a mis la puce � l�oreille, d�j� largement tendue des Belges, c�est la divulgation par la presse marocaine et par des fuites, sans doute organis�es, dans la presse belge, de la qualit� d�agent belge de Belliraj. Comment, s�intriguent les policiers belges, les Marocains auraient-ils su cela en si peu de temps ? D�o� la terrifiante interrogation : le renseignement marocain aurait-il retourn� Belliraj contre la S�ret� d�Etat et dans cette hypoth�se, aurait-il cach� � la Belgique que Belliraj avait commis six assassinats sur le territoire du royaume d�Albert II ? Une grave crise entre la Belgique et le Maroc n�est pas du tout � exclure, surtout que l� les conditions d�arrestation de Belliraj au Maroc paraissent suspectes et sont plus proches d�une r�alisation d�un film que d�une descente de police. Cette �nigmatique affaire n�a pas laiss� indiff�rentes les autres centrales du renseignement. Deux d�l�gations, l�une de la police f�d�rale am�ricaine (FBI), et l�autre de la CIA sont sur place au Maroc pour essayer de d�m�ler l��cheveau. Les Am�ricains cherchent � savoir pourquoi, alors que Belliraj �margeait sous le budget de la S�ret� f�d�rale de Belgique, les Am�ricains n�ont pas �t� inform�s de son amiti� avec Ayman Ezzawahiri. Qui a couvert, pendant de si longues ann�es, Belliraj et pourquoi ? Le FBI et la CIA tenteront d�apporter des �l�ments de r�ponse � ces deux questions. Quant au passage, �nigmatique, de Belliraj par la branche alg�rienne du GSPC, nul doute que le renseignement alg�rien est, d�j�, sur l�enqu�te... Affaire � suivre.